Édition : profitez du meilleur des deux mondes – Érika Boyer

Après de nombreuses expériences professionnelles qui lui ont beaucoup appris mais qui ne lui ont pas offert entière satisfaction, Érika Boyer a décidé de revenir à un rêve d’enfant qui lui semblait jusque-là irréalisable : devenir auteur.

En 2016, elle se lance dans l’écriture de mon premier roman, Pardon, dont la première édition sort le 8 novembre en auto-édition sur la plateforme lulu.com. En 2019, elle signe un contrat avec la maison d’édition Hugo Publishing chez qui elle publie une duologie, Promesse tenue, dont elle avait publié le premier tome sur la plateforme Wattpad.

Elle devient ainsi un auteur hybride et je lui ai posé quelques questions pour avoir son point de vue sur ces deux moyens de publication. Je la remercie d’avoir pris le temps de me répondre pour partager son expérience !


Ta carrière a commencé dans l’auto-édition avec un premier roman publié en 2016 sur la plateforme lulu.com et tu as publié cette année les deux tomes de Promesse tenue chez Hugo Publishing. C’est peut-être un peu tôt mais est-ce que ce passage dans l’édition traditionnelle impacte ta carrière ?

Je pense pouvoir dire sans me tromper que oui. Ce n’est pas une envolée exceptionnelle, je pense que plusieurs publications dans ma maison aideront, mais j’ai déjà pu toucher un nouveau lectorat qui ne m’aurait pas lue sans la publication de Promesse tenue pour des raisons qui peuvent être variées : gens réfractaires à l’auto-édition, manque de visibilité, absence de mes livres en librairies avant ça… La publication de Promesse tenue chez Hugo Publishing m’a fait gagner des lectrices dont certaines qui ont ensuite acheté des titres que j’avais déjà publiés en auto-édition avant. Après, sans parler de ventes et de lectorat, cela m’a aussi fait évoluer en tant qu’auteur. Le regard de mon éditrice et mon travail avec elle m’a beaucoup appris. Cela a donc été aussi très enrichissant sur le plan de l’écriture.

Te voilà donc depuis peu auteur hybride. As-tu prévu de prochaines publications en auto-édition ?

Oui ! Le 10 juin sortira Aaron & Ambre, le troisième tome de ma saga Tout en nuances, et d’ici fin 2020 – début 2021, je pense sortir mon premier roman épistolaire, mais pour celui-ci, rien n’est encore sûr.

Comment vas-tu décider du mode de publication pour tes prochains livres ? Lesquels iront en auto-édition, lesquels iront en maison d’édition ?

Je compte rester majoritairement en auto-édition. Les livres liés à Promesse tenue seront proposés à ma maison d’édition, et si j’ai d’autres romances qui me semblent coller à leur ligne éditoriale, je leur enverrai certainement, mais pour le reste, je garderai la main dessus. En fait, je pense que ça dépendra de chaque livre, c’est difficile à dire à l’avance.

Là encore c’est sûrement un peu tôt pour le savoir mais à ton avis, qu’est-ce qui te sera le plus avantageux financièrement parlant ? L’auto-édition ou l’édition traditionnelle ?

C’est dur à dire… Je pense que si on prend sur un seul titre, je ferai plus de chiffre avec ma maison d’édition, mais sur la totalité, comme j’ai plus de livres en auto-édition et que je touche un pourcentage plus élevé dessus, mes publications en auto-édition me rapporteront plus, mais certaines de ces ventes seront liées à celles faites en maison d’édition… Pour moi, les deux se combinent. C’est d’ailleurs tout l’intérêt d’être auteur hybride : se faire connaître via une maison d’édition pour vendre plus de livres auto-édités. Je ne sais pas si c’est très clair ? Haha. (Ceci dit, c’est loin d’être uniquement pour ça que j’ai accepté de signer avec ma maison d’édition, je tiens quand même à le préciser.)

Comment procèdes-tu au contrôle qualité de tes œuvres auto-publiées ?

J’ai recours à des bêta-lectrices, à mon ami Antidote (jusqu’à récemment je faisais aussi appel à une correctrice, mais pour mon dernier, j’ai choisi de gérer seule), je fais plus de relectures que mon cerveau ne devrait pouvoir en supporter, et ensuite, j’ai mon comité de lecture.

Comment as-tu constitué ce comité de lecture et de façon générale, comment trouver des partenaires fiables en auto-édition ?

Au début, j’ai proposé à des lecteurs fidèles et à des chroniqueurs dont j’aimais beaucoup le travail. Chaque année, je le renouvelle, et à présent, j’ouvre les inscriptions et je choisis ensuite sur la base de plusieurs critères. Globalement, ça se passe très bien, mais il y a parfois des lecteurs qui ne jouent pas le jeu, cela arrive.

Quels sont ces critères ?

Pour commencer, j’essaie d’équilibrer mon comité de lecture en ayant :

  • des lecteurs qui m’ont déjà lue et me suivent depuis un moment, à la fois pour les remercier et à la fois car leur avis sur l’évolution de ma plume peut m’aider et m’intéresse ;
  • de nouveaux lecteurs qui ne m’ont encore jamais lue et pourront m’offrir un regard neuf.

Ensuite, comme pour mes bêta-lecteurs, je tente d’équilibrer les personnalités et les goûts. Je choisis autant d’amateurs de romance que de gens qui ne sont pas familiers avec le genre (c’est celui que j’écris principalement), et je prends autant de personnes « bon public » que de personnes intransigeantes avec leurs lectures. Cela me permet d’avoir des retours variés et de me faire une idée de la manière dont mon livre est reçu par le plus grand nombre. Pour finir, comme le comité de lecture participe aussi grandement à la promotion de mon livre, je regarde les réseaux sociaux des membres pour voir où ils sont le plus présents, la qualité de leurs chroniques, l’impact que leurs retours peuvent avoir… Là, c’est purement commercial, je suis bien obligée d’y penser vu que c’est un investissement financer de ma part.

Puisque tu évoques le côté commercial, peux-tu nous parler d’une ou deux stratégies et d’outils qui fonctionnent bien pour toi ?

Tout se résume à une chose : les réseaux sociaux. Je fais très peu de salons et je ne suis pas en librairie, du coup toute ma communication se fait par Internet et tous mes lecteurs m’ont découverte grâce aux réseaux sociaux, que ce soit sur les miens (notamment Instagram où je poste des vidéos) ou sur ceux de mes lecteurs qui partagent leurs avis sur mes livres. Les promotions aident aussi pas mal, ça permet à ceux qui n’osent pas franchir le pas de se laisser tenter par un titre quand il est en promo. Au tout début de ma carrière, j’avais même mis mes deux premiers titres au format numérique entièrement gratuits et ça m’a beaucoup aidée à me faire connaître.

As-tu une stratégie pour équilibrer ton temps entre l’écriture et les réseaux sociaux ?

Pas vraiment, pour être honnête… J’essaye de ne pas être trop sur les réseaux parce que ça peut devenir anxiogène, quant à l’écriture, j’ai besoin de ma dose quotidienne, alors je me fixe des objectifs qui m’obligent à me poser à un moment de la journée pour écrire.

Et dernière question ! Beaucoup d’auteurs hésitent entre auto-édition et édition traditionnelle pour leur premier livre. À ton avis, quelles questions doivent-ils se poser pour savoir quel chemin emprunter ?

Je pense que la plus importante est de savoir s’ils ont envie de tout faire seuls ou s’ils ont envie de travailler avec d’autres personnes. Certains préféreront une indépendance totale tandis que d’autres pourraient être intéressés par une collaboration (parce qu’au fond, l’édition traditionnelle, c’est ça, un travail à plusieurs). Après, au-delà de leurs désirs, il est important de se demander s’ils ont les compétences nécessaires pour choisir l’auto-édition, car c’est un travail qui demande de revêtir de multiples casquettes. Être auteur indépendant, ce n’est pas juste être auteur, et lorsqu’on ne dispose pas des compétences nécessaires, cela peut être très coûteux et donc pas du tout rentable de payer tous les professionnels dont on a besoin pour produire un livre (correcteur, graphiste, community manager…) et dans ce cas, il est peut-être préférable de passer par le circuit traditionnel pour être bien entouré.


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Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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3 commentaires

  1. Je me répète, mais merci encore pour ce bel échange qui finit dans un bien bel article ! C’était très plaisant de répondre à tes questions ^^

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