Heureux en petite maison d’édition – Maritza Jaillet

Maritza Jaillet

Quand on demande aux lycéens de choisir l’établissement dans lequel ils vont poursuivre leurs études, il y a le premier choix et les plans B. C’est ainsi que beaucoup d’auteurs voient les petites maisons d’édition. Quelque chose qu’on accepte en ravalant sa fierté et dont on essaie de tirer le meilleur. Mais quelques uns d’entre nous ont choisi de petites maisons d’édition en premier choix.

Maritza Jaillet a récemment publié une nouvelle dans le volume 2 de l’anthologie Amours Surnaturelles chez L’Alsacienne indépendante. Elle nous explique ce qu’elle aime dans les petites maisons d’édition.


Tu es auteur hybride, à quel moment de ta carrière une petite maison d’édition a été ton premier choix face à l’auto-édition ?

Puisqu’une grande maison d’édition acceptait mon premier roman uniquement si je changeais énormément de choses, je me suis longuement interrogée pour le reste de mes écrits. J’ai bien sûr vu défiler des appels à textes de grandes maisons d’édition, des concours de nouvelles qui passaient dans les journaux, mais le passé restait amer. J’ai vu un jour un appel à textes d’une petite maison d’édition, qui ne comptait pas énormément d’auteurs. Le genre m’attirait, je n’avais pas écrit de textes gore-horreur à l’exception de rédactions à l’école ? ! Je me suis lancée et j’ai échoué au premier appel à textes.

Mais une amie l’a réussi et m’a confié que c’était génial. L’ambiance, l’esprit famille, petit groupe, j’ai donc suivi l’activité sur les réseaux et l’éditeur qui est quelqu’un d’hyper sympa, m’a indiqué qu’un nouvel appel à textes serait lancé quelques mois plus tard. Avec toutes les recommandations, les conseils qu’on m’avait donnés précédemment sur la nouvelle qui avait été refusée, j’ai super bien rebondi ?. Ma nouvelle était cette fois acceptée. Puis après j’en ai fait d’autres… et j’ai eu cette sensation d’être plus libre que dans les grands groupes.

Y a-t-il d’autres raisons pour lesquelles tu n’as pas visé un grand groupe ?

J’aurais pu viser des gros groupes, il y a parfois des appels à textes incroyables, mais je m’y sens pas à ma place. Je ne parle pas de syndrome de l’imposteur, mais plus au niveau du feeling. Les petites structures me réussissent bien, je sais à quoi m’attendre et même si les droits d’auteur ne sont pas mirobolants (pour être transparente avec vous, chers lecteurs, j’ai perçu au total une centaine d’euros récemment pour un premier trimestre et le dernier de 2019), je m’y sens bien. Je ne sens pas de pression sur mes épaules et mes textes me ressemblent. J’ai des amis qui sont dans des grands groupes, mais qui finalement se sentent parfois étouffés ou bridés. Je n’ai pas envie de cela.

Quels avantages vois-tu à être publiée dans une petite maison d’édition ?

Les avantages : la communication. L’éditeur’rice souvent présent’e. Moins d’auteurs, plus de camaraderie, l’impression qu’on avance tous ensemble. Qu’on est pas de « la chair à canon ». L’attention que certains éditeur’rices nous portent. C’est important de rappeler qu’un auteur, c’est un humain, même si le livre est une marchandise, certains éditeurs l’oublient. Dans les petites structures où je suis, j’apprécie qu’on respecte le statut d’auteur. Ça permet de mettre un pied dans des salons (parfois certains interdisent ENCORE malheureusement les auteurs indépendants). Les petites maisons d’édition mettent la main à la pâte : y a un salon à tel endroit, allez hop qui vient ? Alors que les grandes structures, par exemple, ne viendraient pas dans un festival du livre dans une grande ville bourguignonne (#vécu) ^^

Qu’est-ce que tu aimes particulièrement chez les petites maisons avec qui tu travailles ?

J’adore leur « marque » dans le sens personnalité. Leur histoire. Chaque maison d’édition a commencé quelque part, le pourquoi du comment également. Souvent, c’est la passion, parfois l’incompréhension de grands éditeurs qui les ont poussés à franchir le pas. Ça demande du travail et je respecte énormément cela. Évidemment, je parle des petites structures qui respectent leurs auteurs, qui payent les droits d’auteur et qui sont honnêtes.

Y a-t-il des désavantages ? Quels genres de livres et d’auteurs ne sont pas faits pour les petites maisons d’édition selon toi ?

La visibilité. À moins d’avoir un community manager au top, les petites structures peuvent être noyées. Le réseau. Difficile parfois de se faire un nom ou de disposer de partenariat avec les librairies. La fragilité. Les éditeurs doivent faire attention à la trésorerie, ne pas grandir trop vite, pouvoir assurer derrière. Beaucoup de pressions sur leurs épaules, encore plus avec la crise sanitaire qui sévit actuellement. Les salons annulés… Déjà des petites structures ferment leurs portes. Pourtant, elles ont un bel avenir : souvent elles privilégient les circuits courts, le made in France, promeuvent des auteurs de leur région, etc. Elles ne font pas « les requins » avec d’autres et cherchent juste à montrer qu’on peut « éditer » différemment. Que chaque histoire qui a du potentiel mérite d’être publiée et lue.

Les livres qui sont difficilement faits pour les petites structures :

  • Les biographies. À moins de dénicher la maison d’édition spécialisée, c’est compliqué.
  • L’historique. Encore une fois, à moins de dénicher la maison d’édition qui accepte, je sais que c’est difficile.

Certains auteurs veulent beaucoup, très vite et foncent sur le premier contrat (sans même le lire, tatanexua sort le fouet !). Et ils pensent que tout va se faire tout seul. Nope. Même dans une grande structure, l’auteur a son rôle à jouer. Il faut savoir rester humble. Certains auteurs (j’en ai eu ?) veulent devenir riches et pensent qu’en étant dans des petites structures ce sera plus facile. Pas forcément. En revanche, vous pouvez très bien être repéré par de grands éditeurs en étant publié dans une petite maison d’édition ^^. C’est arrivé à une de mes amies, qui n’a pas pour autant cessé d’être dans la petite maison d’édition jusqu’à… la fin puisque celle-ci a fermé ses portes. Mais quand même.

Les petites maisons d’édition, c’est bien pour tous les auteurs en somme sauf ceux qui ont un égo surdimensionné et qui n’accepteraient pas le travail éditorial (oui y en a ?). C’est une entreprise à taille humaine, y a souvent beaucoup de dialogues entre les personnes, on ne se sent pas seuls. Souvent l’éditeur devient notre ami, mais attention à poser des limites quand même ? !

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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Publications: 260

2 commentaires

  1. ♥…..♥ Plus je me relis plus je me dis qu’il faut quand même je me relise avant xD ! Nan, mais tes questions sont géniales ! ♥-♥ Un immense merci à toi, pour ton temps, pour tout ce que tu fais ! ♥

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