Parle-moi de ton marketing, Aurélie Chateaux-Martin

Aurélie Château-Martin est l'auteur de Recherche dom pour étude de terrain sorti le 25 novembre dernier en autoédition. L'histoire : Mika est un illustrateur qui décide de plonger dans l'univers du BDSM pour donner plus de réalisme à ses dessins.

Aurélie Chateaux-Martin est l’auteur de Recherche dom pour étude de terrain sorti le 25 novembre dernier en autoédition. L’histoire : Mika est un illustrateur qui décide de plonger dans l’univers du BDSM pour donner plus de réalisme à ses dessins.

Aurélie a un univers bien à elle et écrit depuis plus de 15 ans. J’étais curieuse d’en savoir plus sur son expérience dans l’autoédition avec Recherche dom pour étude de terrain (son 82e roman mais pas le dernier puisque Octopus Tentacules’ Dream est sorti le 29 janvier dernier). En quoi elle est différente de son premier roman (sorti en 2012 et qui est un beau succès avec plus de 1000 exemplaires vendus).


Ton premier roman est sorti en 2012 et l’avant-dernier en novembre 2019, tous les deux en auto-édition. En sept ans, beaucoup de choses ont changé dans l’autoédition. Quelle a été le plus gros changement pour toi ?

Je dirais la visibilité. En 2012, c’étaient les débuts de « l’ère numérique », je dirais, à peu de choses près. Les e-books étaient encore peu nombreux, le nombre d’auteurices n’avait pas encore explosé. J’étais alors souvent classée dans les tops, en première page des catégories fantasy, aux côtés d’Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux.

Aujourd’hui, en fantasy notamment, c’est très compliqué d’atteindre les tops. Pour ce qui est de mes romans LGBT+, ils passent généralement par le top 5 dans leur propre catégorie, mais s’y maintiennent peu de temps. Et pour cause : il y a des sorties tous les jours, dans presque tous les genres !

Une fois, je n’ai pas calculé une de mes sorties (juillet 2019) et ça a été la débandade. Rien qu’en catégorie « gay », il y a eu, apparemment, plus de 20 sorties dans la semaine… Ça tient de l’exploit d’avoir de la visibilité, dans ces conditions.

J’ai la chance d’avoir à l’heure d’aujourd’hui un lectorat actif, qui me suit dans presque tout ce que je propose et parle un peu de mes nouveautés. Sinon je serais noyée dans la masse. Ça, ça a vraiment complètement changé.

Le positif là-dedans, en plus de la diversité bien sûr (qui ne fait pas spécialement notre affaire en tant qu’auteurices mais nous comble en tant que lecteurices 😉 ), c’est que de vraies communautés se sont formées. En auto-édition, il y a beaucoup de soutien.

Au début on était très seuls pour gérer la mise en page, la fabrication d’un e-book, ou même d’un livre papier. On apprenait sur le tas, au détour d’un e-book gratuit expliquant comment faire, ou bien par déduction.

Aujourd’hui, il y a un vrai soutien qui se crée. Même si parfois il y a aussi des guerres d’égo et des « jalousies » d’auteur à auteur. Pour ma part, je valorise énormément cette entraide qui s’est spontanément forgée autour de groupes d’auteurices ou bien d’affinités. Je donne beaucoup, j’accepte aussi beaucoup l’aide des autres. Des échanges se font, des conseils se donnent, c’est assez fabuleux.

Recherche dom pour étude de terrain se vend bien sans avoir besoin de faire appel aux blogueurs. Peux-tu partager avec nous comment tu communiques autour ton livre ?

Je communique essentiellement via les réseaux sociaux. Enfin, pour Recherche dom pour étude de terrain, ce qui est particulier, c’est qu’il a été pré-publié entièrement sur Wattpad, ce qui fait que beaucoup de gens en ont suivi la construction. Quand je partage sur Wattpad, que ce soit une histoire entière ou juste quelques chapitres, je prends le temps, à la fin, de remercier les lecteurices, de leur expliquer qu’écrire est mon métier, que je cherche à en vivre, et qu’autant j’aime partager autant que possible, autant j’ai aussi besoin du soutien des lecteurices. J’y laisse les liens des plateformes de vente sur lesquelles on peut trouver mon roman à la vente.

Sinon, via les réseaux sociaux, ça marche plutôt bien pour moi. Facebook est mon réseau social de prédilection, et j’y suis très suivie. Que ce soit sur ma page autrice ou bien sur mon profil privé, j’ai une grande communauté de lecteurices dynamiques et engagé.e.s qui me suivent et me soutiennent, relaient l’info, etc. J’y partage aussi beaucoup sur des groupes de lecture, notamment ceux spécialisés dans la littérature LGBT+. Ce style de romans touche un public réduit. Mais ce public là est plutôt enthousiaste et dévoreur de lectures et de nouveauté.

Avant publication, je fais tout un travail pour montrer la construction de l’œuvre, prévenir les lecteurices de mon roman en cours, etc. Je n’aime pas trop la publicité, alors j’essaie de le faire de manière ludique, par le biais, notamment, d’extraits partagés, de dessins, aussi, quand je peux. J’aime que cela reste agréable de me retrouver sur les réseaux sociaux, même si c’est pour y faire parler de mes romans.

Je parle beaucoup de ce que je fais. Je partage autour de mes univers, j’en plaisante, aussi, sur mon roman ou sur les petits détails de sa construction. Enfin, je donne autant de pouvoir possible à mes lecteurices par le biais de l’échange, du rire, de leurs commentaires et en écoutant parfois leurs envies. J’écris pour moi avant toute chose. Mais parfois un détail évoqué par un.e lecteurice peut donner du relief à une œuvre. Sans compromis, j’aime écouter ce que mon public a à me dire.

Enfin, après publication, je continue à parler de mes œuvres. Alors, c’est compliqué à la longue, parce que j’ai plus de 80 romans en ligne et qu’il m’est difficile, évidemment, d’en parler régulièrement. Pour les nouveautés, je partage les nouveaux commentaires des lecteurices sur Amazon, en faisant un joli montage photo agréable à regarder. Et avec mes remerciements bien sûr. Pour les anciens, j’ai commencé il y a quelques mois, en pointillé, un rendez-vous du jeudi où je viens parler en détail de mes vieux romans.

Ce n’est pas tous les jeudi, mais j’essaie de le faire régulièrement, entre deux sorties. Ce n’est pas un petit post ordinaire. Au contraire, c’est une auto-analyse de mes propres œuvres, où je parle bien sûr du contenu, de l’ambiance, du sujet, du genre, mais aussi de ce que j’ai aimé dans ce roman ou cette série, etc. Parfois de petites anecdotes sur sa construction ou sa petite vie de livre. Ce sont de longs posts qui proposent une autre vision de mes œuvres, et permettent à certain.e.s de renouer avec mes anciennes sorties.

Dans tous les cas, très sincèrement, je ne crois pas des masses au « pouvoir » des chroniqueu.r.se.s. J’en suis moi-même une depuis 2016 (je crois ? Ou 2017, je ne sais plus. Avant je me contentais de publier mes avis sur mon mur, sur Facebook, puis j’ai été invitée sur le blog d’une amie, puis d’une autre). Je ne dis pas que l’impact est de zéro, ce n’est pas le cas. Mais rares sont les blogueurs qui ont un réel impact sur les ventes. En tout cas, c’est ce dont je me suis aperçue à l’époque où je travaillais avec beaucoup de chroniqueu.r.se.s.

Je n’ai jamais vu de grandes différences avec ou sans chronique. Parfois, une chronique sort et deux ou trois ventes suivent. À l’inverse, et sans doute parce que je suis avant tout autrice, mes chroniques sont pas mal prisées par un certain public. Et je sais qu’elles ont un impact. Mais j’ai rarement trouvé la réciproque chez les blogueurs avec qui j’ai travaillé, et avec qui je travaille encore. C’est surtout pour le plaisir d’avoir un avis plus concret, plus détaillé, et un peu de visibilité, que je le fais. Et parce que les blogueu.r.se.s avec qui je travaille sont des perles que j’adore.

Par contre, dans le monde du manga, les chroniques des blogueurs ont beaucoup plus d’impact. La communauté des lecteurices de manga est hyper active et réactive. Quand mon propre manga sortira, je compte sur le soutien des blogueu.r.se.s, d’autant qu’un manga francophone, c’est très marginal 😉

Tu dis qu’il n’y a pas eu énormément d’avis pour Recherche dom pour étude de terrain. C’est vrai que je n’en ai pas vu beaucoup sur Amazon mais peut-être y en a-t-il eu ailleurs ? À quoi c’est dû à ton avis ?

Pour replacer tout de même dans le contexte, les commentaires sur ce que les lecteurices appellent « romances MM » sont moins fréquents que dans d’autres genres. Les gens ne prennent pas forcément le temps de commenter, ce qui n’impacte pas sur les ventes et le bouche-à-oreille. J’ai eu plein de retours de lecteurices via Facebook, et iels n’ont pas laissé de commentaire sur Amazon. Personnellement, je pousse peu au commentaire. J’estime que c’est à chacun de décider du temps et de l’énergie qu’il a (et de l’inspiration, aussi, pour écrire un avis 😉 ). Par contre, sur Wattpad, j’ai eu énormément de commentaires dispatchés entre les différents chapitres de l’histoire. Il y en a partout ! Et les gens qui ne prennent pas le temps de commenter likent parfois les chapitres. Mais pas tous. Ça demande finalement un vrai investissement de prendre le temps de liker ou de déposer un commentaire…

Peux-tu nous dire comment tu gères ta présence sur les réseaux sociaux ?

Je suis massivement présente sur Facebook. Massivement et majoritairement, comme je l’ai dit, c’est mon réseau social de prédilection. Je mélange ma vie privée et professionnelle. Je parle de tout sur mon profil privé où les lecteurices sont les bienvenus. Sur mes pages pro, par contre, je ne parle que d’actualités autour de mes livres, bien entendu. Je pars du principe que mon profil privé reste un profil privé, et que si j’y accepte tout le monde, il faut aussi respecter qui je suis. Je ne tiens pas à différencier ma vie privée et professionnelle, qui en fait sont très emmêlées l’une dans l’autre, cependant je m’attends bien sûr à ce que les lecteurices respectent mes avis et ma vie privée s’ils entrent dans mon univers plus intime.

Sur mes pages, j’essaie de partager quelque chose autour de mon travail au moins une fois par semaine. Selon les semaines, cela peut être plus, s’il y a une sortie, des infos importantes, etc. Sinon, je partage un extrait, un lien vers un chapitre Wattpad, une couverture, un dessin, une planche de manga sur ma page manga, etc. Sur mon profil privé-mais-public, je partage majoritairement aussi autour de la littérature. Des extraits en vrac, des fous rires, des anecdotes, des événements (salons, interviews, etc.)

Et je parle de tout. Les gens me connaissent bien, d’ailleurs ils ne sont généralement pas surpris en me rencontrant parce que je suis fidèle à moi-même. Cela déplaît à certains, plaît énormément à d’autres. Je suis engagée, je fais réfléchir les gens, je les fais rire, aussi. Mon lectorat ne me suit pas toujours que pour mes livres, mais aussi pour les sujets que j’aborde, l’absence de filtre et de tabous dont je fais preuve.

Cela fait aussi partie du métier d’artiste, de toute manière, que de partager sur soi-même. Les gens aiment en savoir davantage sur nos vies, voir la personne qui se cache derrière la plume. Cela crée une forme d’engouement, d’amitié, aussi, et d’échange. Les lecteurices apprécient de se sentir inclu.e.s dans la vie des artistes, et quelque part, c’est normal. Après tout, c’est notre rôle d’apporter des touches de bonheur, de joie, d’émotion à notre public. Cela semble souvent plus « vrai » quand on sent derrière l’auteurice une vraie personne bien vivante, et surtout entière. Et moi j’aime partager ma joie de vivre, ma motivation, savoir que mes posts ont un impact positif, même infime, sur la vie des gens… tout comme mes livres font rire, pleurer, vibrer, réfléchir… Pour moi tout cela fait partie de la magie d’être un.e artiste.

Participes-tu à des manifestations consacrées aux livres ou organises-tu des séances de dédicaces ?

Je participe peu à des salons et événements littéraires, mais oui, je le fais parfois. Étant maman solo de trois enfants qui font l’instruction en famille, ce n’est pas évident pour moi de me libérer et de parcourir la France de salon en salon. Je privilégie ma famille, toujours, et donc je ne fais presque que des événements locaux. De toute manière, je trouve que les salons éloignés sont un risque fort pour pas toujours grand-chose. Je préfère engager le moins de frais possible et me faire connaître localement, permettre à mes enfants de profiter du « stand de maman », ça fait plaisir aussi de les voir fiers de croiser des gens qu’ils connaissent sur mon stand, ou simplement de voir des gens s’intéresser à mon travail.

J’estime que la vie est une question de choix, et moi, je trouve que j’ai peu de temps à consacrer à ce qui ne me semble pas essentiel. Pour moi il s’agit d’écrire et de m’occuper des miens. À partir de là, exit les salons loin, j’ai déjà tenté, et si ça a donné lieu à de belles rencontres, ça a aussi été une perte de temps, d’argent et d’énergie. Le seul que je continue à faire est l’Ycon à Paris, mais j’y vais avant tout en tant que visiteuse, parce que j’aime l’ambiance, que je peux me cosplayer (déguiser) et que j’y rencontre des contacts que j’ai envie de connaître ou de revoir.

Concernant les séances dédicaces, je n’en organise pas, pour des raisons de temps. Et aussi parce que je vis dans une petite ville, où personne ne me connait. Ça n’aurait pas tellement d’impact. Mais j’ai déjà fait plusieurs interviews, à l’écrit comme à l’oral. Je suis passée à la radio, également, pendant la semaine mondiale de lutte contre l’homophobie. J’ai également déjà fait une « rencontre avec l’autrice » sur un événement Facebook où pendant une heure j’étais disponible pour répondre à toutes les questions des lecteurices. Globalement, je peux parler très facilement de mon métier et de mes romans, de mes projets, etc. Je suis très bavarde et passionnée quand il s’agit de cette partie de ma vie que j’adore.

On trouve principalement tes livres sur Amazon. As-tu d’autres canaux de distribution ?

Oui. Toutes mes intégrales sont sur Kobo, ainsi que certains de mes one-shots. Je privilégie Amazon pour les tomes séparés des séries et pour la plupart des one-shots, car je peux bénéficier des avantages Amazon de l’exclusivité, qui me rapportent près de la moitié de mes revenus.

Imaginons que tu puisses refaire le lancement de Recherche dom pour étude de terrain. On est six mois avant la sortie. Y a des choses que tu ferais différemment ? Des choses que tu préparerais en avance ?

Six mois avant la sortie, je n’avais même pas encore l’idée du livre 😉 Je suis beaucoup dans l’instantanéité. Mes idées jaillissent, fusent, se posent, mûrissent tout en s’écrivant, et s’agencent sans mal. J’ai toujours eu de grandes facilités aussi bien au niveau de l’orthographe que dans la fluidité de mes mots, la manière dont ils sortent, etc. J’ai rarement eu besoin de remanier beaucoup mes textes. Je sais que certain.e.s auteurices soutiennent qu’il faut laisser décanter l’œuvre pendant plusieurs mois avant de la reprendre, de la relire, d’avoir ce recul, mais sincèrement, moi, quand je lis mes romans 2, 3, 5 ans plus tard, je les trouve toujours très bien, et je n’y referai pas grand-chose.

Parfois il reste une coquille qui traînait, mais il en reste toujours, elles se cachent (c’est une sorte de malédiction, elles sortent exprès de leur planque quand on ne peut rien y faire 😉 ). Et elles sont minimes. Alors non, pour moi, attendre 6 mois, 1 an ou 10 ne change rien à mon œuvre. Tout cela pour dire qu’en général, entre le lancement de l’écriture et sa publication, il se passe 3 mois maximum. En l’occurrence, Recherche dom pour étude de terrain a été démarré le 2 octobre et publié fin novembre. Et avant de poser le premier mot sur papier, je n’avais pas la moindre idée de l’histoire. Donc 6 mois avant… Je n’aurais rien fait de différent 😉 J’étais dans d’autres univers, d’autres rêves.

Concernant la question de si j’aurais fait des choses différemment, sincèrement, non. je veux bien la recette miracle pour vendre 200 bouquins par jour pendant des mois, mais tant que je ne l’ai pas, je fais les choses au feeling, à ma manière, le plus respectueusement possible de mon rythme, de ma vie privée, et de mes lecteurices.


Si vous ne connaissez pas encore Recherche dom pour étude de terrain, rendez-vous sur sa page Amazon pour y lire des avis enthousiastes.

Extrait d’une évaluation laissée par une lectrice : « J’ai adoré plonger dans cette histoire pleine de volupté, de bienveillance, d’érotisme, où mes sens ont été mis en exergue ! »

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Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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