Une partie de billard commence par le choc de la bille blanche contre les autres billes regroupées en triangle, qui se dispersent ensuite sur la table. Puis les joueurs essaient à tour de rôle de vider la table en empochant d’autres billes, tout en gardant la blanche hors des poches.
On comprend tous que le jeu doit commencer d’une manière ou d’une autre. Normalement, ça se produit quand un joueur frappe la bille blanche pour éclater le triangle des billes. Et à partir de là, chaque fois qu’une bille en touche une autre, ce contact entraîne un effet.
C’est la même chose avec une histoire.
Un événement initial impacte la vie du personnage principal de votre roman. Ensuite, il y a un enchaînement d’événements qui sont tous liés et causés par ceux qui les précèdent.
Une histoire passe du choix aux conséquences, du stimulus à la réponse, de la cause à l’effet. Ça se produit au niveau macro, car les résultats de chaque scène préparent le terrain pour la suivante, et au niveau micro, car chaque action et chaque ligne de dialogue affecte ce qui vient ensuite.
Cause : Une balle en frappe une autre.
Effet : Cette balle roule sur la table.
L’effet d’un événement sur un personnage doit être immédiatement évident pour les lecteurs. Même si le personnage tente d’ignorer ou de réprimer une réaction, il sera impacté d’une manière ou d’une autre. Il doit l’être. S’il ne l’est pas, les lecteurs perdront confiance dans la crédibilité de l’histoire.
Chaque action doit être justifiée par l’intersection du cadre, du contexte, de la quête et des personnages. Tous ces éléments doivent avoir un sens et trouver leur place.
Si vous devez expliquer pourquoi quelque chose vient de se produire, c’est que vous racontez l’histoire à l’envers.
Résoudre les problèmes de causalité
La causalité est étroitement liée à la crédibilité et à la fluidité. Si un événement n’a pas de cause, les lecteurs trouveront la scène peu crédible. S’il n’y a pas de stimulus assez fort pour provoquer un certain événement, l’ensemble manquera de naturel.
Les événements invraisemblables ou superficiels nuisent à votre histoire et à vos lecteurs, par la même occasion.
Quand vous écrivez une scène qui ne va pas de la cause à l’effet, vous créez un fossé qui oblige le lecteur à se demander « Mais pourquoi n’a-t-il pas… ? » et vous oblige à expliquer ce qui vient de se passer.
Et la plupart du temps, c’est exactement ce que vous voulez éviter.
Si une histoire passe de l’effet à la cause, plutôt que de la cause à l’effet, la lecture sera perturbée. Par exemple :
Régis entra dans la cuisine et ouvrit le placard. Il était affamé et avait envie de raviolis en conserve.
Notez comment l’action se produit (Régis entra dans la cuisine et ouvrit le placard), puis une explication est donnée pour expliquer pourquoi ça s’est produit (il était affamé et avait envie de raviolis). C’est un retour en arrière. Au lieu de faire avancer l’histoire, le mouvement du récit s’arrête quand l’auteur revient en arrière pour expliquer. La séquence serait mieux présenté présentée de cette façon :
Régis était affamé et avait envie de raviolis en conserve. Il entra dans la cuisine et ouvrit le placard.
Là, l’action passe de la cause à l’effet. Ce n’est pas nécessaire d’expliquer après coup pourquoi Régis a ouvert le placard. Le récit de déroule naturellement. Trop souvent, les auteurs montrent un événement et expliquent ensuite pourquoi il s’est produit. Ça perturbe le rythme et désoriente les lecteurs. À moins que vous n’ayez une raison contextuelle impérieuse d’inverser l’ordre, montrez l’action, puis le résultat.
Voici un autre exemple de ce qu’il vaudrait mieux éviter :
Suzanne entra sous la douche. Elle avait besoin de se détendre. Alors que l’eau ruisselait sur son corps, elle pensa à la fois où elle manqua de se noyer, à neuf ans. Elle laissa l’eau couler sur sa peau. Enfin, frissonnante, elle se sécha à la hâte après avoir fermé le robinet, et essaya d’oublier cette journée traumatisante au lac.
Là, la plupart des événements de ce paragraphe arrivent dans le désordre et parfois de manière inexplicable. (Par exemple, Suzanne reste dans la douche au lieu d’en sortir immédiatement quand le souvenir douloureux refait surface).
Voici la version éditée :
Suzanne avait besoin de se détendre, alors elle entra sous la douche. Elle laissa l’eau ruisseler sur sa peau, mais elle se rappela la fois où elle manqua de se noyer, à neuf ans. Frissonnante, elle ferma le robinet et se sécha à la hâte, en essayant d’oublier cette journée traumatisante au lac.
Là, aucune explication complémentaire n’est nécessaire pour expliquer pourquoi elle agit ainsi. Les actions sont logiques, font avancer l’histoire, et les lecteurs ne se posent pas de questions sur le déroulement des événements.
Analysez votre histoire. Les lecteurs peuvent-ils voir comment une bille affecte le mouvement des autres ? Si ce n’est pas le cas, essayez d’inverser l’ordre des événements pour qu’ils s’enchaînent de manière causale. Faites avancer le récit, de l’action à la réaction, plutôt que de l’action à l’explication.
Faut-il que tout soit lié dans une histoire ?
À moins que votre roman ne parle de l’absurdité de la vie, tous les événements doivent s’enchaîner naturellement et logiquement, sinon l’histoire ne sera pas cohérente.
- Analysez chaque scène, chaque paragraphe, pour éliminer les problèmes de cause à effet. Identifiez les liens entre les événements. Chaque action a-t-elle une conséquence appropriée ? L’émotion et les actions de la scène sont-elles en accord ? Les prises de conscience surviennent-elles après l’événement qui les a provoquées (comme cela devrait naturellement se produire), ou est-ce que les choses sont dans le désordre ?
- Cette scène passe-t-elle de la cause à l’effet ? Si non, pourquoi ? L’histoire peut-elle être modifiée pour montrer le déroulement naturel des événements plutôt que de s’arrêter après qu’ils se soient produits pour donner des explications ?
- Le contexte dicte-t-il de mettre l’effet avant la cause ? Les lecteurs vont se demander « Pourquoi ? ». Est-ce que je veux qu’ils le fassent à ce moment du livre ? Le manque de clarté sur l’intention du personnage aidera-t-il les lecteurs à s’engager dans l’histoire à ce stade ? Si ce n’est pas le cas, comment puis-je le reformuler ?
- Que faire pour que chaque bille roule naturellement loin de celle qui vient de la frapper, dans l’action et dans les dialogues ?
Bonjour.
Je vous suis régulièrement.
Merci pour ces conseils d’écriture qui me font progresser.
Les exemples sont pertinents, ils illustrent bien vos propos.
Merci pour ce gentil message, Solenne !