Si les gens jugent les livres à leur couverture, la mise en page est la différence entre une impression éphémère ou durable. La couverture peut attirer l’œil du lecteur. Mais c’est ce qu’il verra quand il ouvrira le livre qui retiendra son attention.
Qui plus est, il le fera sans que le lecteur s’en aperçoive. C’est du moins ce qu’une bonne mise en page est censée faire. Comme le dit le typographe Erik Spiekerman, « le design fonctionne non pas parce que les gens le comprennent ou même l’apprécient, mais parce qu’il fonctionne de manière subliminale ».
Les auteurs indépendants veulent contrôler l’ensemble du processus d’écriture et de publication. En général, ils veulent aussi que le processus soit le moins coûteux possible. Car l’autoédition implique de se passer des équipes éditoriales, de marketing, de conception et autres qui font partie de l’offre de l’édition traditionnelle.
Mais comme la mise en page peut être un art très technique, les auteurs qui s’autopublient peuvent-ils le faire eux-mêmes ? Grâce au nombre croissant de logiciels de mise en page, la réponse est oui. La question de savoir s’ils doivent ou non le faire, c’est autre chose. Et la réponse dépend du type de livre que vous publiez.
Pourquoi la mise en page est-elle importante ?
Un livre comportant des erreurs grammaticales ou des fautes de frappe laissera à coup sûr une mauvaise impression à votre lecteur. De même, un livre présentant des défauts de mise en page contribuera à une expérience de lecture négative. Ça distrait le lecteur et l’éloigne du contenu en interrompant le rythme, le ton et l’atmosphère. L’objectif de la mise en page est donc de créer un flux de mots fluide qui permette au lecteur de lire sans entrave. Imaginez un appel téléphonique entre un auteur et un lecteur. Avec la mise en page, la connexion est claire et le message passe. Sans mise en page, il y a de la friture et la voix de l’auteur n’est pas audible.
La mise en page implique également le choix d’une police adaptée au contenu d’un livre. Par exemple, pour des mémoires de guerre, vous n’utiliseriez pas la police Comic Sans pour l’en-tête de votre chapitre. (En dehors des fiches de lecture au collège, quand cette police est-elle vraiment appropriée ?) Une bonne mise en page permet également de s’assurer que les marges ne sont ni trop grandes, ni trop petites, mais juste ce qu’il faut, d’éliminer les rivières et lézardes et de supprimer les échelles (quand il y a plusieurs tirets en fin de ligne à la suite). Comment la mise en page permet-elle une lecture fluide ? Par des détails techniques, comme la suppression des veuves et des orphelines. On parle de veuves quand la première ligne d’un paragraphe se trouve seule en bas de page. Les orphelins, c’est quand la dernière ligne d’un paragraphe se trouve seule en haut de page.
Logiciels pour faire seul la mise en page
Tous les livres ne nécessitent pas l’intervention d’un maquettiste professionnel. Les romans traditionnels ont généralement une mise en page simple que l’auteur peut parfois gérer à l’aide d’un des nombreux logiciels disponibles. Un livre plus complexe (livre illustré pour enfants, livre de cuisine, livre de photos, roman graphique/light novel, etc.) doit être conçu par un professionnel afin de s’assurer que tous les aspects visuels sont propres, attrayants et adaptés au contenu. Voici quelques-uns des logiciels DIY disponibles pour des livres aux mises en page simples ou complexes.
Pour les livres simples, axés sur le texte (comme un roman)
- Reedsy Book Editor (gratuit). Lancé en 2016, Reedsy Book Editor permet aux auteurs qui s’autopublient de produire un livre d’aspect professionnel sans faire appel à un maquettiste. Il intègre à la fois les éléments de traitement de texte de Microsoft Word et la capacité de formatage intérieur d’un logiciel de mise en page. Book Editor ne nécessite aucune connaissance en matière de conception. Il assure une mise en page automatique, fournit des modèles conçus par des professionnels. Il est aussi compatible avec la plupart des sites d’ebooks et des plateformes d’autoédition. Mais il y a des limites à la personnalisation. C’est pourquoi il convient mieux aux livres de fiction et de non-fiction simples.
- Vellum ($$). Vellum est une autre option de mise en page facile à utiliser pour les auteurs indépendants. Il vous suffit d’importer votre fichier Word et vous êtes prêt à travailler. Il offre plus d’options de personnalisation que Reedsy Book Editor. Mais là encore, il est principalement destiné à des livres avec du texte simple. Il propose quelques « Book Styles » différents si vous souhaitez quelque chose d’unique, ainsi que des modèles de pages de mentions légales, de présentation de l’auteur et autres éléments standard en début et en fin de livre. Le seul inconvénient de Vellum est qu’il est réservé aux utilisateurs de Mac. Le téléchargement et l’utilisation sont gratuits, mais quand vous êtes prêt à créer votre livre, vous devez payer.
- Draft2Digital (gratuit). Draft2Digital est principalement connu en Amérique du Nord comme une plateforme de distribution d’ebooks. Mais ils offrent également un outil de formatage gratuit pratique qu’ils ont remanié pour offrir plus de possibilités de personnalisation. Voici comment ça fonctionne : vous uploadez votre manuscrit Word, spécifiez vos sauts de section et formatez vos titres de chapitre. D2D se charge ensuite d’ajouter une table des matières, des pages de garde personnalisées et de s’assurer que l’ouvrage est conforme aux normes de la plupart des sites marchands. Ce processus est gratuit, et D2D vous encouragera à utiliser son service pour distribuer votre ebook, mais vous pouvez aussi simplement prendre les fichiers et partir.
Pour les livres complexes (comme les livres illustrés)
- Adobe InDesign ($$). Adobe InDesign est utilisé par les éditeurs traditionnels et les maquettistes professionnels. C’est le logiciel de mise en page le plus puissant de tous, avec le plus grand nombre de fonctionnalités, mais il est pratiquement impossible à utiliser sans une formation adéquate.
- Bookwright de Blurb (gratuit). Pour les livres à forte composante visuelle. Vous pouvez personnaliser la mise en page de chaque page, en ajoutant facilement des zones de texte et de photos à votre convenance. Plusieurs modèles sont également disponibles pour des genres spécifiques. Bookwright est un bon choix si vous souhaitez publier un livre illustré ou un livre de photos, mais que vous n’avez pas le budget nécessaire pour faire appel à un maquettiste.
Si vous envisagez d’autopublier votre livre, vous devez être le premier à investir, que ce soit en consacrant du temps à l’apprentissage d’un nouveau logiciel ou en en achetant un. Faire vous-même la mise en page de votre livre est évidemment moins coûteux que l’embauche d’un professionnel. Mais investir dans les compétences réfléchies, soignées et expérimentées d’un maquettiste est probablement l’investissement le plus sûr que vous puissiez faire.
Conseils pour engager un maquettiste professionnel
La recherche du bon maquettiste pour la mise en page de votre livre, c’est un peu comme chercher le bon éditeur : vous voulez quelqu’un qui comprenne votre travail, qui n’essaiera pas de modifier l’essence de votre livre, mais qui l’élèvera au niveau de son potentiel le plus élevé. Voici quelques conseils pour trouver le bon maquettiste.
- Commencez par rechercher des maquettistes qui ont de l’expérience dans votre genre littéraire. Leur expérience leur permettra non seulement de mieux comprendre votre livre et ses exigences, mais aussi de le mettre en valeur grâce à leur connaissance du marché.
- Communiquez. L’effet bénéfique que la mise en page aura sur vos mots augmentera avec une bonne relation entre l’auteur et le maquettiste. Posez des questions sur le processus du maquettiste et sur les décisions qu’il prend lors de la mise en page d’un livre. Si votre maquettiste n’a pas de réponses complètes à vos questions, vous avez probablement engagé la mauvaise personne.
- Familiarisez-vous avec son portfolio. Le moyen le plus simple de déterminer comment un maquettiste améliorera votre livre est de comprendre son approche de la mise en page et de savoir si vous pensez que cette approche s’appliquera bien à votre travail.
Pour des raisons esthétiques et pratiques, une bonne mise en page permet de s’assurer que l’intérieur d’un livre est adapté à ce que dit l’auteur. Elle rehausse l’aspect artistique de votre livre et peut contribuer à donner vie aux mots. Par conséquent, le choix d’engager un maquettiste professionnel ou d’opter pour le DIY est une décision personnelle qui doit être influencée principalement par le type de livre que vous publiez (et le message que vous espérez faire passer).