Un article qui se passe d’introduction. Voici les pièges dans lesquels vous font tomber vos illusions. Je pense que vous vous reconnaîtrez dans quelques uns de ces exemples.
1. Saliver
Celui-là est drôle. C’est rêver de la Porsche Boxster rouge que vous achèterez lorsque vous aurez reçu votre à-valoir à six chiffres. Non seulement, ça vous déconcentre mais vu qu’en plus seul un faible pourcentage de livres se vendent à plus de 1000 exemplaires, le réveil risque d’être désagréable quand vous réaliserez que non, vous n’êtes pas Guillaume Musso.
Gardez votre énergie pour l’écriture plutôt que de bâtir des châteaux en Espagne (ou pelleter des nuages), ça vaudra mieux.
2. Capituler
Capituler c’est quand vous vous levez de votre chaise, jetez rageusement votre premier jet au sol et sortez énervé de votre bureau en grommelant « C’est bon, j’abandonne, c’est trop dur. »
On est tous passés par là. La pente semble trop raide, des cailloux vous tombent dessus, le vent vous fouette le visage, vous en avez assez.
Mais vous êtes le seul à pouvoir écrire ce livre. Parfois, il suffit juste de prendre un peu de recul pour se relever et relativiser. Alors, allez de l’avant et écrivez comme Victor Hugo, Stendhal ou n’importe quel autre auteur digne de ce nom l’ont fait avant vous.
3. Surinterpréter
Vous avez reçu une réponse négative d’une maison d’édition. Un grand N-O-N. Mais plutôt que de l’ignorer et de passer à autre chose, vous n’en dormez pas de la nuit ou fixez votre écran des yeux en vous demandant ce que signifie vraiment la phrase « Malheureusement, malgré ses qualités, il ne nous a pas paru convenir à notre ligne éditoriale. » La scène d’ouverture est-elle a côté de la plaque ? Le personnage principal pas assez attachant ? L’histoire pas assez intéressante ? C’est pour ça que l’éditeur n’a pas accroché ?
Puis vous vous enfoncez sur un chemin épineux. « X et Y sont publiés chez eux et ils envoient du lourd. Peut-être que je devrais muscler mon écriture. Ils aimeront mieux comme ça. Ou peut-être que je devrais réécrire un peu ici ou là ou ceci ou… »
Non, arrêtez-vous là. Vous prenez trop à cœur le refus de l’éditeur. Passez à autre chose.
4. Sur-réagir
Un jour, vous avez trois réponses négatives dans la même journée. Vous vous sentez comme le boxeur acculé dans les cordes du ring roué de coups par son adversaire. Le monde entier est contre vous, vous ne serez jamais publié et ces trois maisons d’édition se sont certainement entendues pour vous répondre le même jour pour bien vous faire comprendre que vous êtes un cas désespéré.
C’est le piège dans lequel on tombe plus facilement parce que la vie d’un auteur est remplie de réponses négatives. Tout le monde ne peut pas aimer ce que vous faites. Marcel Proust, Michel Bussi et Alexis Jenni se sont fait recaler eux aussi.
5. Dire non
Par « dire non », j’entends dire non trop tôt. Vous vous êtes sûrement déjà dit : « ça ne marchera jamais. » Vous vous dérobez, vous niez votre propre talent et votre capacité à trouver une solution de rechange au problème auquel vous faites face. Vous choisissez la solution de facilité.
Vous savez ce que fait Micheline, la dame du GPS, quand vous ne suivez pas ses indications ? Elle recalcule vite l’itinéraire et vous donne une nouvelle direction à suivre pour atteindre votre destination.
Plutôt que de dire non, essayez de bifurquer sur une nouvelle voie qui contourne votre problème. Un jour, j’ai eu l’idée d’écrire l’histoire d’une jeune fille et d’une tête dans un bocal. Au début, je me suis dit « non, j’y arriverai jamais, etc. » J’ai mis plus d’un an à l’écrire mais j’ai fini par le sortir. Ça ne serait jamais arrivé si j’étais restée sur un « non. »
Ne laissez pas votre esprit créatif faire des heures supplémentaires et croire à l’impossibilité de réussir, l’incompétence, l’infortune ou l’échec. Comme disait William Wordsworth : « Nous créons à moitié le monde que nous voyons. »