Dans quelle mesure faut-il personnaliser une lettre à un éditeur ?

Qu’on envoie une lettre ou un mail, une chose est sûre : très peu de courriers sont personnellement adressés à l’éditeur, à moins qu’ils ne proviennent d’un agent littéraire.

Pourtant, quand l’éditeur reçoit une lettre montrant que l’auteur ou l’agent comprend ce qu’il publie (et peut expliquer en quoi le livre qu’il propose correspond à la ligne éditoriale), il y prête plus d’attention et apporte plus de soin et de réflexion à sa réponse. S’il s’agit d’un refus, il va tenter d’expliquer honnêtement pourquoi et s’il voit un moyen de repositionner le livre avec succès pour répondre à ses besoins.

C’est pourquoi je pense que personnaliser une lettre ou un mail à un agent ou à un éditeur est important. Ça montre que vous avez fait vos devoirs et que vous choisissez le destinataire avec soin. C’est beaucoup plus vendeur de personnaliser sa lettre afin de montrer une compréhension des besoins et des désirs du destinataire.

Mais certains agents et éditeurs se sont prononcés contre la personnalisation. Alors, on personnalise ou pas ?

La réponse peut être compliquée et repose sur les facteurs suivants.

1. Si l’agent ou l’éditeur indique clairement qu’il n’aime pas les demandes personnalisées, ne le faites pas.

C’est simple : c’est toujours mieux d’aligner votre message sur les souhaits ou les directives de soumission du destinataire.

2. Si votre personnalisation est superficielle, laissez tomber.

Certaines personnes personnalisent leurs demandes en écrivant quelque chose comme « Je vois que vous recherchez des thrillers ».

Bon, et alors ? Ce n’est pas une information particulièrement convaincante ou intéressante pour l’éditeur. Ça ne dit rien sur vous ou sur votre travail qu’il n’aurait pas déjà décelé dans le reste du message.

Certains auteurs tentent d’aller plus loin, de consulter les directives de soumission de l’éditeur sur son site web, puis d’insérer son langage dans leur requête afin de personnaliser leur lettre. Là encore, vous dites à l’éditeur quelque chose qu’il sait déjà. Au mieux, il s’agit probablement d’une information neutre ; au pire, ça peut agacer.

Mais il peut y avoir des façons charmantes et efficaces de procéder. Par exemple :

« Je suis votre blog et je sais que vous recherchez actuellement des romances paranormales (sans vampires ni loups-garous) et je souhaite vous proposer mon roman ».

Il s’agit d’un clin d’œil, et il est peu probable que ça ennuie un éditeur qui apprécie probablement que quelqu’un soit attentif à ce qu’il dit.

3. Évitez d’être trop personnel ou trop familier.

Il est parfois bon de commencer par un paragraphe qui mentionne que vous avez rencontré l’éditeur, que vous avez discuté sur les réseaux sociaux ou eu un autre type d’interaction. Quand vous mentionnez ce genre de chose, c’est avant tout pour réveiller un souvenir : « Ah oui, je me souviens de cette personne au Festival du livre de Paris ».

Mais il est possible d’aller trop loin et de montrer une convivialité qui n’est pas vraiment appropriée. En voici un exemple.

Évitez

« Nous avons bavardé brièvement au Festival du livre de Paris, où je vous ai offert un verre de merlot. J’espère que vous n’avez pas trop manqué à vos deux schnauzers ; je ne supporte pas d’être éloigné trop longtemps des miens. Cela doit être difficile de vous déplacer autant dans le cadre de votre travail ».

Mieux

« Nous avons discuté brièvement au Festival du livre de Paris et, plus tard, je vous ai proposé tel ou tel ouvrage. Je vous envoie les documents demandés ».

Il n’existe pas de règles strictes quant à ce qui est « trop », mais n’essayez pas de créer une intimité qui n’a pas lieu d’être. Surtout si vous n’avez jamais rencontré la personne en question, soyez prudent. C’est facile de passer pour quelqu’un de craignos si vous avez été à la recherche de détails en ligne qu’ils ne voudraient pas ou ne s’attendent pas à trouver dans une lettre ou un mail. (« Je vois qu’il y a sept ans, vous avez passé des vacances en famille en Italie. Mon roman se déroule justement en Italie… »)

4. Mentionnez les livres de son catalogue, mais ne le flattez pas trop.

Quel agent ou éditeur n’apprécie pas qu’on lui fasse part de notre connaissance de ses clients ou de son catalogue ? L’idéal est que vous puissiez faire référence à ces ouvrages en relation avec le vôtre ou que vous exprimiez votre enthousiasme à leur égard d’une manière susceptible d’évoquer l’ouvrage que vous présentez. Mais ce n’est pas obligatoire.

Toutefois, évitez de flatter l’éditeur ou l’agent au point d’avoir l’air ridicule ou soumis. Parlez de son catalogue ou de ses clients d’une manière qui montre que vous connaissez le paysage littéraire ou que vous appréciez la place qu’il y occupe. Ça fonctionne mieux si vous pouvez être précis, plutôt que de dire quelque chose qui pourrait être repris et placé dans n’importe quelle lettre pour n’importe quel éditeur. (« Vous êtes les meilleurs et vous avez les meilleurs auteurs ! »)

En fait, ce dernier point est une bonne règle de base pour toute personnalisation : plus votre message est susceptible d’être repris et inséré dans n’importe quelle lettre, quel qu’en soit le destinataire, moins il a de sens.

Le strict minimum

Le minimum, c’est de s’adresser à l’éditeur ou à l’agent par son nom. Et de l’écrire correctement. Évitez d’utiliser uniquement son prénom : ça peut sembler trop familier.

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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