Vous avez probablement déjà entendu dire qu’il faut commencer votre roman par une action. Mais qu’est-ce qu’on entend par là, au fait ? Quand on parle d’action, on imagine une course poursuite et des explosions. Mais tous les romans ne sont pas fait de ça, alors qu’est-ce qui constitue une action ? Ça peut être un match de foot, une dispute, un spectacle, la mort d’un personnage ou une mystérieuse découverte. Tant que c’est en accord avec le ton du roman, n’importe lequel de ces exemples pourrait faire un bon choix.
Et si l’auteur ne veut pas d’un début dynamique ? Est-ce qu’un roman doit à tout prix commencer par une action ? N’y a-t-il pas d’autres options ?
Peu importe comment on définit l’action, on sait tous qu’il y a de belles façons de s’en passer pour commencer un roman.
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à sa façon.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur.
La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second.
Alors oui, ce sont justes des phrases, pas des scènes entières d’ouverture et elles sont tirées de romans du siècle dernier. Mais ça n’enlève rien au fait qu’on peut avoir un bon roman qui ne commence pas par l’explosion d’un tank.
Que diriez-vous d’un début de roman qui se distingue par un narrateur ayant une voix bien à lui ? Ou d’un roman où la prose se fait lyrique ?
Pourquoi c’est (souvent) astucieux de commencer sur une action
Ceux qui recommandent de débuter un roman sur une action veulent que votre lecteur soit immédiatement plongé dans votre livre. Selon eux, un début ennuyeux peut mener le lecteur à abandonner sa lecture. J’avoue que moi-même parfois, je lis la première page d’un livre (ou juste les premières lignes) pour voir si l’histoire m’attire et si ce n’est pas le cas, je repose le livre et continue de chercher.
Que pensez-vous d’une lecture qui commence ainsi ?
L’intérieur de la diligence était suffocant. Je m’éventai de la main, mais la chaleur du mois d’août ne diminuait pas, même si nous étions à l’ombre. Le seul répit résidait dans la légère brise qui soufflait dès que les chevaux se mettaient en mouvement. Il semblait que j’étais la seule à me rendre à Carver, et cela m’allait très bien.
C’est le début de Rênes et rubans de Vanessa Vale et à l’heure où j’écris cet article, ce livre est en troisième position dans le classement des meilleurs ventes de romances historiques sur Amazon. Donc il se vend plutôt bien.
Mais personnellement, ce début ne m’emballe pas. Et ce n’est pas parce que c’est de la romance. Au contraire, je suis une bonne cliente de ce genre. C’est juste que ce début m’ennuie. Je le trouve sans intérêt. L’auteur ne prend pas de risque, il ne se passe strictement rien, il n’y a pas d’intrigue. Je passe mon chemin et cherche un autre livre.
Maintenant est-ce que vous continuez de lire un livre qui commence comme ça :
Le plaisir d’incendier ! Quel plaisir extraordinaire c’était de voir les choses se faire dévorer, de les voir noircir et se transformer. Les poings serrés sur l’embout de cuivre, armé de ce python géant qui crachait son venin de pétrole sur le monde, il sentait le sang battre à ses tempes, et ses mains devenaient celles d’un prodigieux chef d’orchestre dirigeant toutes les symphonies en feu majeur pour abattre les guenilles et les ruines carbonisées de l’Histoire.
Encore une fois c’est subjectif mais ce genre de début me pousse à continuer ma lecture. Il y a de l’action et de la surprise, du danger et de l’inattendu. Je me demande ce qui se passe, ma curiosité est piquée. Beaucoup d’autres lecteurs ont bien accroché depuis sa sortie en 1953 (1955 en France). Il s’agit du début de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
Offrez du danger, de l’action ou de l’inattendu à vos lecteurs dès le début et ils auront du mal à résister à votre livre.
Ils veulent être absorbés par leur lecture. À moins qu’un roman ait été fortement recommandé par quelqu’un de confiance (ou écrit par quelqu’un qu’ils connaissent), certains lecteurs vont vite abandonner un roman qui ne les captive pas rapidement. Commencer par une action est une façon quasiment infaillible de les captiver. L’autre façon, c’est de commencer par un événement inattendu ou fascinant. Vous pouvez même faire les deux à la fois.
Comment captiver le lecteur dès le début ?
La première ligne, le premier paragraphe, la première page, la première scène et le premier chapitre d’un roman doivent embarquer le lecteur. Il a mille autres choses à faire, des dizaines d’autres façons de se divertir c’est pourquoi le meilleur conseil que je puisse vous donner est de le fasciner dès le début. Mais comment ?
Ma réponse va être très vague mais (je l’espère) utile : pour captiver votre lecteur, écrivez quelque chose d’intéressant. (J’ai failli écrire « pour captiver votre lecteur, écrivez quelque chose de captivant » mais on aurait un peu tourné en rond et vous m’auriez fait les gros yeux.)
Plus sérieusement, vous trouverez mille-et-une façons d’embarquer quelqu’un avec l’histoire que vous désirez raconter. Ça peut être avec de la pyrotechnie ou de la poésie, à travers le chaos ou la musique, avec de l’action ou l’angoisse. Une course poursuite ou une explosion peuvent être fascinantes mais la consommation d’un sandwich jambon-beurre peut l’être aussi, si c’est bien écrit.
L’important ce n’est pas avec quoi vous captivez mais le fait même de captiver.
Peu importe que vous préfériez commencer par une action de façon conventionnelle ou pas, tant que ça correspond à votre roman et que ça embarque le lecteur, allez-y. Et si vous réussissez à écrire une ouverture sans action mais qui correspond à votre roman et fascine le lecteur alors n’hésitez pas.
À mon avis, l’important ce n’est pas de commencer à tout prix par une action mais juste de captiver le lecteur. Peu importe la façon dont vous allez vous y prendre, tant que vous y arrivez, c’est tout ce qui compte.
J’aime bien l’image du tank, c’est un peu caricatural, mais c’est drole et l’image marque.
Oui, il y a des centaines de façons de commencer un roman.
Dans les Robogo et les voleurs du musée, genre aventure et humour, je commence par une scène d’action et une scène d’humour-catastrophe.
Un des trois super héros arrive en vélo sans frein, prend un tremplin et tombe dans une piscine.
Puis Titou le petit robot a fait une betise. Il a rempli le lave linge d’assiettes et de verre et le lave vaisselle de linge ce qui casse et dechire tout et fait une inondation dans la cuisine.
Ça va bien avec le reste, c’est cohérent, pas plaqué là artificiellement.
Et du coup ça me donne envie d’aller voir comment sont faites les 1ères phrases de mes romans préférés
Ahah, le début de Fahrenheit ! Le livre est super, mais pris hors contexte, je le trouve un poil exagéré. ^^
Pour moi, c’est important d’être honnête dans son début et ne pas surjouer la scène. L’idée n’est pas tant de commencer avec une action, avec un dialogue ou une description… Peu importe la forme en fait, tant que ça correspond à ce que le narrateur ressent et souhaite partager. 🙂
Oui, je voulais un gros contraste entre les deux débuts donc celui de Fahrenheit était parfait pour ça ?
Et tout à fait d’accord avec ton commentaire !