Plusieurs facteurs ont fait que l’autoédition est devenue une voie viable et rentable pour les auteurs. Il s’agit notamment de :
- La croissance des ventes d’ebooks
- L’essor du commerce en ligne, même si contrairement à ce qu’on a tendance à croire, la librairie reste le point de vente privilégié des Français
- L’avènement de la technologie d’impression à la demande et de la distribution
Ce dernier point a été extrêmement bénéfique pour les éditeurs traditionnels comme pour les auteurs. Ça signifie que personne n’a à prendre de risque financier sur un tirage quand la demande est incertaine. De même, personne n’a à se soucier de l’entreposage et de la gestion des stocks. Au contraire, le livre n’est imprimé que lorsqu’une commande est passée, puis il est immédiatement expédié au client.
De nos jours, la plupart des lecteurs ne peuvent pas dire si le livre qu’ils tiennent entre leurs mains est imprimé à la demande ou provient d’une imprimerie offset traditionnelle. Oui, l’impression à la demande entraîne un coût unitaire plus élevé (et donc des bénéfices plus faibles). Elle présente aussi certaines limites en matière de conception et de production. Mais pour l’auteur moyen qui s’autopublie, ça rend l’édition plus accessible et plus abordable qu’elle ne l’a jamais été. (Il en va de même pour les petites maisons d’édition, bien sûr.)
Comme de plus en plus de livres sont achetés en ligne, il importe peu que vos livres soient disponibles dans une librairie physique ou non. Vous n’avez pas besoin d’être en librairie pour que votre livre soit découvert et acheté. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’une page produit chez les principaux sites marchands. Les lecteurs ne sauront ni comment le livre est imprimé ni qu’il ne l’est que lorsqu’ils le commandent. Certains préfèrent de toute façon les éditions numériques.
La distribution de livre papier par le biais de l’impression à la demande peut être mise en place rapidement par n’importe qui, sans frais ou à peu de frais, en utilisant Amazon et Ingram. Amazon KDP est le portail utilisé par les auteurs indépendants pour mettre en ligne leur livre à vendre en version physique et numérique. Ingram est le plus grand distributeur de livres au monde. Les auteurs peuvent accéder à son réseau de distribution par le biais d’IngramSpark.
Le coût est minime, environ 50 dollars pour la configuration initiale et 25 dollars par an par la suite. Ingram vend à tous ceux qui achètent des livres, y compris les librairies indépendantes, les bibliothèques, les chaînes de magasins. Elle dispose également d’un réseau de distribution mondial qui atteint à peu près tous les pays où vous pouvez espérer vendre des livres. Votre livre peut être commandé chez des milliers de commerçants une fois qu’il est actif dans le système d’Ingram.
Une distribution de qualité n’est donc pas difficile à obtenir. C’est à la portée de tous, simplement en s’inscrivant et en uploadant des fichiers de livres ou d’ebooks prêts à être imprimés.
Alors pourquoi les gens parlent-ils tant de la nécessité de la « distribution » si la distribution est quasiment gratuite pour tous ?
Certaines personnes confondent la distribution et la diffusion
La diffusion consiste à vendre le livre aux libraires, en quantités importantes. Les représentants commerciaux s’adressent à des comptes ou à des acheteurs spécifiques. Ils essaient d’obtenir des commandes pour des centaines ou des milliers de livres avant la date de publication. Ça a du sens dans un modèle d’édition traditionnel où on fonctionne par tirage et où on essaie de susciter autant d’intérêt et de demande que possible avant la publication, afin de mettre le plus de livres possible en rayon. Le tirage peut même être ajusté en fonction de la quantité commandée par les clients.
Le distributeur expédie les livres quand ils sont commandés. Il s’occupe de l’entreposage et de la gestion des commandes. Il ne vend ni ne commercialise les livres, mais il prend également une part des ventes (plus importante que celle du diffuseur).
Ingram est à la fois diffuseur et distributeur. Mais pour les auteurs indépendants, elle ne joue que le second rôle : elle met les livres à disposition pour qu’ils soient commandés. Votre livre est inclus dans sa base de données qui contient des milliers et des milliers de titres. Mais elle ne va pas activement vendre ou commercialiser des titres auprès des libraires. Pareil pour Amazon.
Si vous investissez dans un tirage, alors la distribution devient un défi majeur
Imaginez que vous ayez dépensé des milliers d’euros pour payer un imprimeur offset afin qu’il vous envoie 1 000 exemplaires de votre livre. Les livres sont arrivés devant votre porte sur une palette. Que faire maintenant ? Comment allez-vous mettre ces livres entre les mains des libraires ? Où allez-vous les stocker ? Qui va les expédier ?
C’est extrêmement difficile de distribuer des livres papier en tant qu’auteur quand vous faites un tirage. Vous devriez vraiment travailler avec une entreprise de stockage et de logistique ou encore avec quelqu’un qui peut stocker vos livres et gérer les commandes pour vous sur le long terme. Il n’existe aucun moyen réaliste pour l’auteur d’un seul titre de travailler directement avec Amazon ou Ingram, à moins d’utiliser leurs services d’impression à la demande.
La distribution n’est pas synonyme de ventes
Imaginons que vous décidez de travailler avec une entreprise de stockage et de logistique. Elle vous aide à coordonner le tirage et à stocker vos exemplaires, puis à honorer toutes les commandes qui vous parviennent.
Mais qui crée la demande pour votre livre ? Qui s’assure que les commandes arrivent pour commencer ? Avec un peu de chance, l’entreprise avec laquelle vous travaillez dispose d’une équipe de vente ou offre un soutien en matière de marketing et de promotion qui garantit que votre livre sera acheté, et que vous ne stockerez pas indéfiniment des milliers d’exemplaires en espérant que quelqu’un manifeste son intérêt.
Même si l’entreprise dispose d’une équipe de vente, ses efforts peuvent échouer. Ou ils peuvent n’avoir qu’un succès modeste dans l’obtention de commandes. Pire encore, les livres peuvent être retournés par les libraires qui n’arrivent pas à les vendre. C’est à vous, l’auteur, qu’il incombe d’investir dans le marketing et la publicité pour assurer les ventes.
Alors, pourquoi ne pas choisir l’impression à la demande dès le départ et éviter le risque de devoir payer pour le stockage, la gestion de commandes et l’expédition d’un grand nombre d’exemplaires ?
La seule distribution de livres imprimés dont ont besoin de nombreux auteurs indépendants se fait par le biais d’Amazon KDP et d’IngramSpark, car on ne peut pas vraiment « distribuer » un titre imprimé à la demande au-delà de ces deux services. L’impression et la distribution sont regroupées dans la même offre de services. Vous pouvez commander autant de ces exemplaires imprimés à la demande que vous le souhaitez, et répondre vous-même à des commandes spéciales ou à des commandes en gros si vous le voulez. Ou bien vous pouvez faire un tirage à part pour les commandes spéciales si vous en avez suffisamment. Mais ce n’est pas de la distribution. C’est de la vente directe.
Ce que vous devez retenir
- Toute entreprise vantant l’étendue de sa « distribution » cherche peut-être à vous vendre quelque chose dont vous n’avez pas besoin. Vous pouvez obtenir la meilleure des distributions en ayant simplement votre livre disponible à la vente sur Amazon (utilisez KDP). Même les éditeurs traditionnels vendent une part importante de leurs livres sur Amazon. Pour les auteurs indépendants, c’est environ 90%. Bien que je ne préconise pas une stratégie de distribution reposant uniquement sur Amazon, vous pouvez réussir ainsi.
- Soyez honnête avec vous-même sur la nécessité d’un tirage, si vous l’envisagez. L’impression à la demande est beaucoup moins risquée pour les auteurs débutants ou ceux qui n’ont pas une grosse demande.
- Si vous investissez dans un tirage, sachez où et comment ces exemplaires vont se vendre. Si vous comptez sur quelqu’un d’autre pour vendre ces livres à votre place par le biais de la « distribution », vous risquez d’avoir une mauvaise expérience à partager dans un avenir proche.
- Pour plus d’informations, consultez mon article sur la distribution pour les auteurs indépendants.