Je suis en train d’écrire mon deuxième roman, mon troisième livre, et ça avance lentement. J’essaie de ne pas succomber à l’énorme et accablante panique du genre « Je dois écrire un roman entier… Oups, j’en suis incapable », qui est le moyen le plus sûr de ne pas écrire un livre. À la place, j’essaie plutôt d’être comme un enfant qui enfile des perles en maternelle : heureux, absorbé et passant tranquillement une perle après l’autre.
Voici les meilleures techniques que je connaisse pour atteindre cet état d’esprit :
1. Divisez la tâche en petites étapes.
Il existe d’innombrables façons de se mettre des bâtons dans les roues, mais la meilleure façon (ou la pire), c’est de rendre la tâche trop importante et de se sentir découragé avant même de commencer. Vous êtes déjà certainement arrivé à bout d’un gros projet dont vous êtes fier. Vous l’avez sûrement fait étape par étape.
Imaginons que vous n’avez jamais couru de votre vie et que vous décidez un jour de participer au semi-marathon de Ploërmel. Vous vous entraînez régulièrement, en accélérant un peu le rythme et en augmentant la distance progressivement. Le premier jour, vous ne courez qu’un tour, et alternez des moments de marches et des moments de courses.
Deux mois plus tard, vous courez les 5 km du semi-marathon. Vous traînez parfois un peu les pieds, mais vous passez la ligne d’arrivée.
Écrire, c’est pareil. Si vous êtes découragé par vos objectifs d’écriture, décomposez-les en petites étapes jusqu’à ce que vous atteigniez une taille qui vous semble réalisable.
2. Prenez soin de vous.
J’ai une amie qui avait un délai très court pour terminer son livre quand son père est décédé. Elle était déterminée à finir son livre malgré tout, mais elle avait déjà des semaines de retard. Je lui ai demandé : et quand est-ce que tu vas prendre soin de toi ? Elle a établi un programme carré d’écriture et un autre tout aussi carré de promenades, de collations, de séances de yoga, de siestes, etc. Elle a respecté son échéance. Faites-vous un emploi du temps qui inclut l’écriture, bien sûr, mais aussi du repos, des pauses repas, une occasion de socialiser et du temps pour prendre l’air. Quand vous êtes au milieu d’un projet important, plutôt que de vous négliger, essayez de lever le pied.
3. Sachez que l’écriture se fait en 4 temps.
On se rend souvent l’écriture difficile en confondant une étape du processus avec les autres. Il y a quatre temps :
- Concevoir : vous n’avez pas la moindre idée de ce que vous allez écrire, mais vous savez que vous voulez écrire quelque chose.
- Créer : écrire un premier jet complètement nul, si mauvais que vous ne supportez pas de le regarder, mais vous savez qu’il y a quelque chose à en tirer.
- Élaborer : examiner attentivement le projet, voir ce qui est bon, ce qui ne l’est pas et le corriger.
- Connecter : aider le livre à voir le jour en choisissant une voie de publication et en le commercialisant.
De nombreux auteurs s’arrêtent en mélangeant plusieurs étapes. En pensant qu’ils doivent éditer pendant qu’ils écrivent le premier jet, par exemple. Ou en pensant qu’ils doivent connaître la destination exacte du livre avant de savoir vraiment quel genre de livre ils écrivent. Ou mettre le livre entre les mains des lecteurs avant qu’il n’ait réellement pris forme et qu’il soit prêt à être montré.
Écrivez en séparant bien chaque étape. Chaque chose en son temps.
Garder un œil sur l’objectif, puis regarder ce qui se trouve juste devant vous, revenir à l’objectif, revenir à la prochaine petite étape… C’est ainsi qu’on écrit un livre, comme un enfant qui enfile joyeusement des perles un jour d’été.