J’aime réfléchir au croisement entre les livres et les réseaux sociaux. Je connais aussi la fatigue et l’accablement qui découlent du sentiment de devoir non seulement faire un excellent travail, mais aussi chercher sans cesse de nouveaux moyens ingénieux de le promouvoir. Le moyen le plus rapide de s’épuiser dans ce processus est de se tromper de cible, de se lancer dans un effort sisyphéen qui risque davantage de vous laisser un sentiment d’échec au lieu de vous approcher du plus modeste des objectifs marketing.
Quand on demande à la plupart des auteurs quels sont les objectifs qu’ils cherchent à atteindre sur les réseaux sociaux, on obtient généralement une réponse du type « avoir plus de followers et vendre plus de livres ». Il faudrait penser à la fois plus grand et plus profondément aux réseaux sociaux. Voici pourquoi : vous savez ces gens que vous voyez sur Twitter qui ont 20 000 followers, mais qui suivent 21 000 personnes ? C’est l’exemple parfait où le nombre de followers n’a absolument aucun sens comme mesure. Comment quelqu’un pourrait-il avoir la moindre interaction avec autant de personnes sur une base régulière ? C’est impossible.
Les chiffres sont utiles si on les voit comme une pièce de puzzle. Je suis tout à fait d’accord pour suivre le nombre de followers, l’engagement, le trafic web, les conversions, le classement Amazon. Tous des indicateurs utiles pour progresser. Mais être trop obsédé par les chiffres, c’est ignorer l’aspect social des réseaux sociaux. Entreriez-vous dans une fête avec pour seule mission de vous faire vingt nouveaux amis ? Vous allez plus probablement vous joindre à une assemblée (même celles spécifiquement destinées au réseautage) en espérant approfondir vos liens avec votre cercle existant, rencontrer de nouvelles personnes intéressantes, apprendre de nouvelles choses et ouvrir la porte à de futures opportunités et collaborations. Voici comment ça se traduit en termes d’efforts stratégiques sur les réseaux sociaux pour un auteur.
1. Réalisez des études de marché
Avant l’avènement des réseaux sociaux, une grande partie du marketing se faisait au hasard. Mais aujourd’hui, il y a tellement de données sur les personnes qui lisent, achètent et parlent de tel ou tel livre que ça en est hallucinant. Avant de trop vous embrouiller, voici comment approfondir les données et obtenir des informations utiles :
- Commencez par dresser une liste d’une dizaine de livres qui ont un lectorat similaire au vôtre.
- Recherchez ces titres sur les réseaux sociaux, ainsi que sur Amazon et Babelio. Ça vous donnera une idée concrète de l’identité de votre lectorat et de la façon dont il discute de ces livres, ainsi que de ce qu’il lit et de ce qui l’intéresse.
- Si vous en êtes au stade du pitch, ça peut vous aider à rechercher des agents littéraires et des éditeurs (certains sont actifs sur les réseaux sociaux).
- Une fois que votre livre est en vente, ça peut vous aider à mieux définir votre lectorat en regardant les personnes qui ont acheté vos livres et en voyant ce qu’elles ont acheté d’autre, ce qui vous donne des informations réelles sur les livres qui ont le même lectorat que le vôtre : si vous voyez plusieurs livres qui reviennent sans cesse, lisez-les. C’est une occasion unique de comprendre comment les lecteurs interprètent vos livres.
Vous avez beaucoup plus d’outils de marketing à votre disposition que les auteurs d’antan. Ne les négligez pas.
2. Liez-vous avec les influenceurs
Vous avez probablement entendu parler du marketing d’influence, mais qu’est-ce que c’est et comment pouvez-vous vous en servir ? Le marketing d’influence fait parfois référence à des marques mondiales qui paient des milliers d’euros à une star d’Instagram suivie par un million de followers pour le placement de produits. Mais il peut aussi fonctionner à un niveau beaucoup plus modeste. De nombreuses marques profitent de la portée potentielle de blogueurs, de youtubeurs et de podcasteurs qui se sont constitués une communauté importante, et les auteurs devraient en faire autant.
Tout d’abord, définissons ce qu’est un « influenceur ». En fait, il s’agit de toute personne présente sur les réseaux sociaux ayant une communauté où elle s’implique régulièrement. L’une des choses que j’aime dans les réseaux sociaux, c’est qu’ils rendent le marketing du « bouche à oreille » (cette magie tant vantée, mais souvent insaisissable) visible et quantifiable. Vous pouvez voir les gens s’enthousiasmer pour les choses que leurs amis (ou « amis ») aiment. Il est évident que plus le nombre de followers est important (à condition qu’il s’agisse d’un public réellement investi), plus la portée sera grande.
Mais ne négligez pas ceux qui ont un public plus modeste, mais investi. Cherchez le hashtag #bookstagram sur Instagram pour trouver ces personnes. Un conseil : ces relations sont plus significatives quand elles sont construites au fil du temps. Alors, soyez présent en vous impliquant (en lisant et en commentant les publications), pour que le jour où vous les contactez, vous ne tombiez pas comme un cheveu sur la soupe.
3. Réseautez avec d’autres auteurs
Les auteurs, rassemblés en communauté, sont essentiels à nos carrières. Nous avons besoin de soutien quand nous débutons. Et, souvent, nous comptons les uns sur les autres pour des choses comme les événements littéraires, le bouche-à-oreille ou simplement le soutien dans ce métier difficile et souvent solitaire. C’est facile d’entrer en contact avec d’autres auteurs sur les réseaux sociaux et ça n’est pas envahissant. Avant, à moins de vivre dans une grande ville, les possibilités de nouer des contacts avec des auteurs et des gens de l’industrie du livre étaient limitées. Ça n’est plus le cas aujourd’hui. Utilisez les réseaux sociaux pour soutenir vos collègues auteurs si vous voulez qu’ils fassent de même pour vous.
4. Créez des opportunités simplement en vous montrant
Il y a quelque chose que j’aime appeler « l’effet sérendipité » de la présence sur les réseaux sociaux. Il s’agit des opportunités difficiles à quantifier, mais bien réelles créées par le fait de publier régulièrement sur la sphère sociale. Quand on est actif sur les réseaux sociaux, on obtient beaucoup plus d’opportunités. Des lecteurs, des conférences, des rencontres avec des personnes qui améliorent votre vie professionnelle et personnelle de multiples façons… Tout ça peut arriver simplement parce que vous êtes sur les réseaux sociaux et que vous y êtes vous-même. Être sur ces plateformes vous rend accessible. De même, quand vous cherchez des professionnels avec lesquels collaborer, les réseaux sociaux sont certainement votre premier réflexe.
5. Se trouver des lecteurs
Toutes tactiques fantaisistes mises à part, je crois que le lectorat se construit lecteur par lecteur. Beaucoup de sondages montrent que les gens se font recommander des livres par leurs amis. Alors, comment faire pour que ça se produise ? Voici ce que j’ai pu observer : les lecteurs avec lesquels vous avez une interaction significative sur les réseaux sociaux (par exemple, ceux qui ont gagné un concours que vous avez organisé ou ceux dont vous avez commenté les publications) sont beaucoup plus susceptibles de faire savoir qu’ils ont aimé votre livre, de publier une critique, etc.
Quand on est absorbé par le monde de l’édition, ça peut être facile d’oublier que c’est un accomplissement d’être un auteur, et que c’est quelque chose de spécial pour les lecteurs d’entrer en contact avec vous. De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ne vivent pas à Paris ou dans une ville où ils peuvent aller voir les auteurs en personne. C’est pour ça que c’est important pour eux d’interagir avec quelqu’un dont l’œuvre les a touchés sur les réseaux sociaux. Et puisque le lien avec les lecteurs est en quelque sorte le but de la publication d’un livre, c’est logique d’utiliser les réseaux sociaux comme une extension naturelle de votre travail.
Amusez-vous sur les réseaux sociaux ! Si un chapeau de fête et un cocktail peuvent vous aider, allez-y ! Mais pas trop de cocktails : n’oubliez pas qu’Internet n’oublie rien et que tout bon invité sait quand il est temps de mettre fin à la soirée.