Certains auteurs expriment des sentiments envers l’édition traditionnelle qui me donnent envie de leur agiter un drapeau rouge sous le nez. Stop ! Vous allez vous faire du mal. Voici les 5 qui reviennent le plus souvent.
1. Si je ne signe pas un contrat très vite, je m’autoédite.
Pourquoi êtes-vous si pressé ? Votre livre a-t-il une date de péremption ? Si votre livre traite d’un sujet d’actualité, devez-vous vous lancer dans un projet qui aura une courte durée de vie ? Serez-vous capable d’attirer seul l’attention sur votre livre ? Est-ce qu’un livre est le meilleur format pour traiter d’un sujet d’actualité ?
Si vous êtes du genre à être avant tout intéressé par l’édition traditionnelle, êtes-vous certain que l’autoédition vous satisfera ? Allez-vous vous autoéditer en espérant ainsi attirer une maison d’édition traditionnelle ? Si c’est le cas, faites attention. L’autoédition est un travail à temps plein si vous avez l’intention de vous construire un lectorat. Êtes-vous prêt à assumer le marketing à plein temps tout seul ? Savez-vous auprès de qui vous manifester ? Savez-vous comment vous promouvoir ?
Je m’inquiète pour les auteurs pour qui l’autoédition est un plan B. Je crains qu’ils soient déçus s’ils ne s’impliquent pas à 100%.
2. Je veux juste que mon livre soit publié.
C’est une attitude proche de la numéro 1. Elle mène à toutes sortes de mauvaises situations comme :
- signer avec n’importe quel éditeur ;
- signer un mauvais contrat ;
- se faire arnaquer ;
- devenir amer ;
- signer avec une maison d’édition peu recommandable ;
- s’obstiner à publier un livre alors qu’un autre média aurait fait l’affaire.
Croyez-moi, publier juste pour publier ne mène à rien. Sans même parler de l’énorme quantité de travail pour un faible retour d’argent, beaucoup d’auteurs tombent dans une forme de découragement et de désespoir une fois le livre sorti. Ils semblent soudainement réaliser que le livre a beau maintenant exister, tout le monde en ignore son existence. Même les auteurs chevronnés, avec une longue expérience dans le marketing peuvent se sentir découragés et en colère face au manque d’attention. La plupart des livres qui arrivent sur le marché ne font pas ou peu de bruit.
Avant que vous dénonciez mon supposé cynisme, je vais clarifier une chose : je ne pense pas que publier un livre est un acte insignifiant et jamais récompensé. (J’ai moi-même publié deux livres en autoédition.) Je pense seulement que dans un monde où on peut sortir un livre sans effort, la décision de publier n’a aucune importance. Nous vivons dans un monde d’abondance, pas de pénurie.
Alors soyez sûr que votre désir de voir votre livre publié s’accompagne d’une détermination profonde et durable. Soyez sûr que ça fait partie d’un long plan de carrière. Voyez plus loin qu’un seul livre.
3. La qualité est subjective et je n’ai pas besoin d’un éditeur professionnel.
J’ai déjà écrit sur ce sujet mais ça ne fait pas de mal de le redire.
Un éditeur n’est pas un membre de la famille, un ami, un étudiant en lettres ou un pote de votre groupe d’écriture. Un éditeur, c’est quelqu’un avec une expérience professionnelle et dont la seule responsabilité est de s’assurer que vous sortirez le meilleur livre possible.
Lésiner sur la qualité de votre livre ne fera bonne impression ni sur vos lecteurs ni sur un futur potentiel éditeur. Oui, c’est vrai qu’on trouve le même problème du côté de l’édition traditionnelle, que certains sont aussi coupables de mettre sur le marché des livres d’une qualité médiocre voire déplorable. Ce n’est pas une raison pour suivre leur exemple.
Je vois venir votre prochaine question : comment trouver un éditeur professionnel, crédible et réputé ? Comment trouver un vrai contrat ?
Je suis la première à admettre que c’est compliqué. On le voit bien sur Twitter, il y a des « éditeurs » qui n’ont rien de professionnel, qui font plus de mal que de bien et qui n’ont tout simplement pas l’expérience requise.
Si vous cherchez une aide réputée, commencez par fouiller sur Wikipédia ou allez voir sur le site de Librinova avec quels éditeurs ils travaillent. Ces éditeurs cherchent de nouveaux talents. Regardez quels genres d’œuvres et d’auteurs sont publiés chez ces maisons. Autre indice : toute maison d’édition solide a une bonne liste d’attente et n’édite pas le premier manuscrit qui lui passe sous la main. Ces maisons sont sélectives.
4. Je veux juste qu’on me remarque.
Votre œuvre est unique, n’est-ce pas ? Personne n’a rien produit de tel avant vous. Plus important, elle renferme votre cœur et votre âme. Vos parents, enfants et amis, tout le monde l’adore.
Et ce n’est pas tout : il n’y aucune compétition puisque rien de semblable à votre œuvre se trouve sur le marché. Tous les hommes, femmes et enfants de la planète sont vos lecteurs potentiels.
Tous les gens qui vous connaissent vous ont poussé à écrire cette histoire. On vous a dit que cette histoire méritait d’être publiée. Le seul problème c’est que personne dans le milieu de l’édition ne fait attention à vous. Il suffirait qu’une seule personne vous remarque, n’est-ce pas ?
Chacun pense être une exception à la règle et qu’il suffirait que son livre bénéficie une distribution dans toutes les librairies pour gagner le statut d’auteur de best-seller.
Malheureusement, ce genre de raisonnement ne mène qu’à une seule complainte : c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre si vous ou votre travail n’obtenez pas la reconnaissance désirée.
5. [X] est dépassé.
C’est quoi X ? Choisissez.
- X = l’édition traditionnelle
- X = les classements de livres qui se vendent le mieux
- X = le livre papier
- X = les médias
- X = les blogs
Je peux vous garantir qu’il y aura toujours quelqu’un pour qui X restera d’actualité et aura toujours un impact si vous savez où chercher. Malheureusement, le web est un endroit où les gens attirent l’attention en se montrant radical.
Et les idées complexes ne sont aisées à poster sur Twitter, Facebook ou Instagram. Les réseaux sociaux encouragent les approches réductrices. (Et j’en suis coupable, comme tout le monde.)
La leçon à tirer, c’est quoi ? Laissez-moi citer Nietzsche : « Vous avez votre manière. J’ai ma manière. Quant à la bonne manière, la manière correcte, et la seule manière, elle n’existe pas. »