Conseils d’écriture pour enfants et adolescents

Depuis bientôt deux ans, j’écris sur l’écriture et l’autoédition, en m’adressant uniquement aux auteurs adultes.

Dernièrement, une jeune autrice m’a posé une question à laquelle il était difficile de répondre. Les conseils que je donne aux enfants ou aux adolescents doivent-ils être différents de ceux que je donne aux adultes ?

Oui et non.

J’ai écrit cet article pour les jeunes auteurs. Je vous laisse voir quels conseils s’appliquent également aux adultes.

Tout d’abord, ne cessez jamais d’écrire

Un écrivain est quelqu’un qui écrit. Si vous vous reconnaissez dans cette description, alors considérez-vous comme un écrivain. Vous en êtes un.

Si vous voulez être un bon écrivain, ne cessez jamais d’écrire. Ce n’est pas le moment de vous poser des questions sur la qualité de votre travail, car aujourd’hui il n’est certainement pas aussi bon qu’il le sera dans trois, cinq ou dix ans.

N’en soyez pas contrarié. Au contraire, vous devriez trouver ça excitant. Vous avez le pouvoir de progresser simplement en écrivant davantage. Ce que vous écrivez aujourd’hui est d’une importance capitale pour votre développement et vos progrès. Ne voyez pas vos premiers écrits comme une perte de temps et d’efforts. Ils font partie du voyage pour devenir l’écrivain que vous souhaitez être.

Il existe une théorie appelée la théorie de la gare routière d’Helsinki (en anglais). Elle se présente ainsi : vous choisissez une orientation professionnelle et vous vous mettez en route (vous montez dans un bus). En peu de temps, vous produisez une œuvre (la première). Elle ressemblera aux œuvres produites par tous les autres passagers de ce bus. Donc, si vous montrez ce travail à quelqu’un, il secouera la tête, pas intéressé. Votre œuvre passera inaperçue. À ce stade, vous pouvez vous décourager et abandonner ou changer de voie. Ce que vous n’avez pas réalisé, c’est que tous les grands noms d’une discipline passent par là. Tout le monde. Il vaut mieux continuer à travailler, rester dans le bus. La plupart des gens descendent du bus trop tôt.

Ne vous demandez pas : dois-je continuer à écrire ?

Ce n’est pas la bonne question. Demandez-vous plutôt : Est-ce que j’aime ce que je fais ? Est-ce que je continuerais à le faire, rémunéré ou non ?

Imaginons que je sois votre mentor, que nous travaillons ensemble depuis plusieurs années, et qu’aujourd’hui, je suis incapable de complimenter votre travail. Vous me demandez : « Est-ce que ça vaut la peine de continuer ? » Et je vous réponds : « Non, tu devrais arrêter. »

Si à votre tour, vous me répondez « Va te faire voir, tu peux dire ce que tu veux je n’arrêterai jamais d’écrire », vous êtes dans un bon état d’esprit.

Si quelqu’un peut vous dissuader d’écrire, il y a de quoi vous sentir démoralisé. L’idéal, c’est d’être obsédé par l’écriture, d’y revenir sans cesse, toujours avec passion. C’est important. Si l’écriture vous attire, suscite de l’énergie et de l’enthousiasme chez vous, alors vous avez des chances de devenir bon dans ce domaine.

Vous devriez avoir la motivation d’écrire sans que quelqu’un regarde par-dessus votre épaule et vous encourage à le faire. Les encouragements, c’est bien, mais le plaisir qu’on en tire est éphémère et ils ne nous aident pas à mieux écrire.

N’essayez pas de savoir si vous avez du talent. C’est inutile. Le talent est banalement commun. On est entourés par de talentueux inconnus, mais peu d’entre eux se mettent au travail et persévèrent. Erica Jong dit à ce sujet : « Tout le monde a du talent. Ce qui est plus rare est d’avoir le courage de développer ce talent. »

En chemin, vous rencontrerez de nombreux pièges tendus par vos amis, votre famille et la société, en général. Paul Graham parle de ces pièges avec éloquence dans son essai How to Do What You Love : « Vous ne devriez pas vous soucier du prestige. Le prestige, c’est l’opinion du reste du monde… Le prestige est comme un puissant aimant qui déforme même vos croyances sur ce que vous aimez. Il vous pousse à travailler non pas sur ce que vous aimez, mais sur ce que vous aimeriez aimer. »

Expérimentez

C’est le moment de tout essayer, sans risque, et sans engagement. Profitez-en pour découvrir ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas. Essayez un maximum de choses avant de vous retrouver dans une situation qui vous dicte ce que vous devez créer, ou les normes à respecter. Franchissez autant de frontières que possible. Étudiez et envisagez tous les modes d’expression possible.

L’écriture peut être tout pour vous, mais ayez également d’autres centres d’intérêt. Avoir plusieurs centres d’intérêt qui communiquent entre eux vous mènera à des travaux de meilleure qualité. Les voyages et expériences diverses et variées sont également très utiles, mais pas obligatoires. Vous pouvez vous laisser dévorer par ce que vous désirez savoir, en particulier par ce qui vous semble étrange et fascinant. Sortez de votre zone de confort dès que vous le pouvez. Soyez curieux. Apprenez de nouvelles choses.

Lisez

Lisez plus que ce qu’on vous demande de lire en cours. Peu importe que vous soyez éclectique dans vos lectures ou fidèle à un seul genre littéraire. Allez là où le chemin semble vous mener. Lisez ce qui nourrit votre énergie et votre créativité.

Étudiez ce qui attire votre attention, surlignez ce que vous aimez, décorez votre compte Pinterest ou Instagram avec des citations tirées de livres et d’écrivains que vous admirez.

Si vous n’aimez pas beaucoup lire, demandez-vous pourquoi, et pourquoi vous voulez devenir écrivain. Les grands artistes de tous horizons commencent leur carrière en imitant le style et la voix des autres, jusqu’à ce qu’un jour ils se retrouvent avec leur propre voix. Oui, l’imitation peut guider votre chemin vers l’originalité. Mais comment faire si vous ne lisez pas ?

Les mentors vous aident à grandir plus vite

Vous pouvez accomplir beaucoup de choses par vous-même. Vous pouvez les accomplir plus rapidement si quelqu’un suit vos progrès, vous donne un avis critique et vous indique les prochaines étapes. Ce n’est pas facile d’accepter la critique au début, mais on finit par y arriver. Vous comprenez que la question n’est pas de savoir si vous devriez être écrivain ou non, mais qu’il s’agit de grandir en tant qu’écrivain et d’affiner vos compétences. Les bons mentors vous aident à cerner vos forces et vos faiblesses. Ils peuvent vous aider à faire la part des choses et à y voir plus clair lorsque tout semble confus. Ils peuvent vous présenter les bonnes personnes ou les opportunités au bon moment.

Votre meilleure amie ou vos parents ne sont pas des mentors. Un mentor, c’est quelqu’un qui a accompli plus de choses que vous et qui comprend où vous devez ou désirez vous diriger.

Ne demandez pas à une célébrité d’être votre mentor ou de vous donner son avis sur votre travail. Vous n’avez pas besoin de quelqu’un de vraiment célèbre. Ceci dit, si vous avez l’occasion de rencontrer un auteur célèbre que vous appréciez, allez le voir, écoutez-le, posez-lui des questions, faites dédicacer votre livre, faites-lui part de votre admiration. Vous ne savez jamais ce que vous pourriez apprendre de lui, même s’il n’est pas votre mentor.

Le syndrome de la page blanche n’existe pas

Le syndrome de la page blanche n’est rien d’autre que de la peur ou un manque de confiance. Il vous indique que vous ne vous sentez pas prêt à passer à l’étape suivante de votre projet. C’est à vous de trouver pourquoi. Peut-être que vous ne travaillez pas sur le bon projet à ce moment de votre vie. Ou peut-être que vous avez un problème non résolu, et qu’il doit être réglé avant de pouvoir continuer.

Si vous avez l’impression que votre « muse » ne vous a pas rendu visite, ou que vous manquez d’inspiration, il s’agit généralement du même problème que du syndrome de la page blanche. Vous avez peur de quelque chose, ou vous ne travaillez pas sur le bon projet actuellement.

Il y a quelques mythes idiots sur les écrivains

Certaines personnes pensent que les écrivains sont assis seuls toute la journée ou passent leur vie isolés du monde. J’aime appeler ça le mythe du génie solitaire.

L’écriture n’est pas forcément comme ça. Certains écrivains travaillent seuls. D’autres collaborent avec d’autres personnes. Certains écrivains font partie d’une équipe d’édition. D’autres revendiquent leur indépendance artistique.

Ne croyez jamais ceux qui vous disent que pour être écrivain, vous devez vivre dans la solitude. Peut-être que oui, peut-être que non. Ça ne dépend que de vous.

Reconnaissez votre ennemi : l’impatience

Quand vous commencez à penser ou à vous concentrer sur l’édition, votre énergie artistique est canalisée différemment. Vous devez empaqueter et présenter vos histoires de manière à les rendre attrayantes aux yeux d’un éditeur. Vous devez commencer à considérer votre travail comme un produit à vendre, car l’édition est un commerce.

Peut-être que vous avez un don pour ça, mais certains écrivains ont du mal, quel que soit leur âge, et ils se sentent découragés par le rejet des éditeurs et tout ce qui touche à la vente.

La chose la plus importante que vous devez apprendre à ce sujet (et que tout écrivain doit apprendre, d’ailleurs), c’est la patience. Soyez patient avec vous-même et avec votre carrière.

Si j’ai un conseil à donner aux adolescents sur l’édition, c’est : en général, n’y allez pas. Quel intérêt d’essayer de publier maintenant ? Il y a tant à gagner à attendre et si peu à ne pas attendre. Je pense que ne pas se soucier de publier un roman à 16 ans libère les jeunes écrivains des contraintes du marché littéraire. Et si vous écrivez un roman vraiment formidable, vous pourrez toujours le retravailler et le publier plus tard.

Au lieu de publier : pourquoi ne pas rejoindre une communauté en ligne comme Wattpad où vous trouverez d’autres jeunes écrivains ?

Si vous désirez publier à tout prix : peu importe votre âge, les étapes de publication sont les mêmes pour tout le monde. Ce n’est pas nécessaire d’indiquer votre âge quand vous contactez un éditeur ou un agent littéraire. Votre âge n’est pas aussi important que la qualité de votre manuscrit. Cependant, un agent ou un éditeur expérimenté sera probablement capable de deviner votre jeunesse. Si vous avez moins de 18 ans, vos parents ou votre représentant légal devront s’impliquer si on vous demande de signer un contrat.

Profitez de votre jeunesse

Vous avez le temps. Vous avez le temps de vous exercer et d’expérimenter, sans être obligé de faire de l’écriture votre gagne-pain. Ça devrait rester amusant, et vous n’avez probablement pas d’idées préconçues sur ce que vous devriez écrire, ou sur ce que la vie d’écrivain est censée être. Vous ne portez probablement pas un fardeau idiot et arbitraire sur où, quand et quelle quantité écrire. Vous n’êtes pas encore tombé dans le piège (je l’espère) de vous appeler un « aspirant écrivain ». Vous écrivez parce que vous avez des idées à exprimer et avec lesquelles vous voulez jouer. Vous trouvez ça satisfaisant et passionnant. Continuez comme ça.

Le mot de la fin

Quand j’étais au collège, mon exercice de français préféré était la rédaction, car nous avions, en général, une grande liberté d’écriture. Un de mes professeurs m’a un jour rendu une rédaction avec le mot suivant.

Je n’ai jamais oublié le « Ne change pas, Coralie ». À l’époque, j’avais l’impression (comme beaucoup d’autres adolescents) que rien n’allait chez moi. Grâce à ces quelques mots, je me suis autorisée à être moi-même et à écrire.

J’espère que cet article aura le même effet sur vous. Maintenant, retournez écrire !

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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Un commentaire

  1. Quels beaux messages pour les enfants et adolescents qui écrivent.
    J’aurais aimé les lire, c’est certain.
    J’aurais aimé être moins solitaire, écrire au grand jour et être lue plus tôt.
    Mais quand je regarde en arrière, je me dis qu’écrire est une constante, une ligne directrice, une boussole. Et c’est déjà ça !

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