Vous connaissez certainement un ou plusieurs auteurs qui sortent tellement de livres dans une année que vous souhaiteriez mettre son pouvoir productif dans une bouteille pour pouvoir le boire et vous l’approprier.
Peut-être même que vous vous sentez un peu envieux ou amer face à leur rythme : « Ouais ben moi aussi je pourrais y arriver si [insérer une condition]. »
Il est facile de croire qu’une grande quantité d’écrits est un signe de productivité et donc que si vous n’écrivez pas des pages et des pages, vous n’êtes pas productif. Mais écrire en grande quantité ne signifie pas forcément que la qualité est au rendez-vous ni qu’écrire plus vite vous aidera à atteindre votre but plus rapidement.
Le pour et le contre d’une production rapide
Un auteur m’a confié avoir participé, comme des milliers d’autres, au NaNoWriMo ces six dernières années. Le NaNoWriMo (pour National Novel Writing Month) est un événement durant lequel les auteurs tentent d’écrire un roman de 50 000 mots en 30 jours. Personnellement, je n’y ai jamais participé mais il m’a décrit ça comme une course d’endurance avec une montée d’endorphine quand on l’écriture touche à sa fin. Chaque étape est drôle, surtout le début avant que la réalité ne reprenne ses droits. Il a mis fin à notre conversation avec ces mots : chaque année, ça me met sur les rotules. Fin novembre, je suis grincheux comme jamais, au bord du burn-out.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas participer au NaNoWriMo. Je pense même que chaque auteur devrait se lancer au moins une fois dans ce marathon juste pour voir. Mais ce n’est pas parce que vous écrivez quelque chose en peu de temps que ce sera fini et publiable une fois que vous aurez franchi la ligne d’arrivée.
Donc si vous avez l’intention d’écrire une œuvre en peu de temps, soyez prêt à avoir tout de même encore beaucoup de travail par la suite. Acceptez que ce que vous écrivez rapidement puisse avoir besoin d’une réécriture. Et ne soyez pas dur envers vous-même parce que vous n’avez pas écrit un chef-d’œuvre totalement achevé en 30 jours ou moins. Les grands romans sont rarement écrits ainsi. Pensez aussi que vous aurez peut-être aussi besoin d’une pause après l’intensité de l’exercice. Allez-vous trouver ça contre-productif ?
Donnez-vous des objectifs et des intentions flexibles
Ça nous amène à un sujet important quand il s’agit d’être productif de façon équilibrée : l’intention.
En ce moment, je réécris Le Jardin secret de Marie et j’essaie de faire attention à ce que les personnages aient de petites intentions dans chaque scène et de plus grands objectifs pour faire avancer l’histoire. Un personnage qui n’a aucune intention ne fait que traîner la narration. Une intrigue sans objectif, c’est une série d’anecdotes intéressantes mais déconnectées les unes des autres.
C’est pareil pour votre vie d’auteur. Les intentions sont de petites parties flexibles de votre travail qui vont vous motiver chaque jour ; elles vous poussent à agir, à accomplir chaque tâche qui vous mène à vos objectifs. Vos objectifs, c’est tout ce que vous construisez grâce aux efforts de vos intentions (vous auto-publier, être édité chez Gallimard, chercher un agent littéraire). Plus vous vous créez d’intentions, plus vous avez de chances de mener à bien vos projets.
Ne faites pas de to-do listes
Alors oui, en général, je vous conseille le contraire. Mais c’est bien d’explorer plusieurs pistes, non ? Parfois, les to-do listes peuvent causer de l’anxiété. On peut se sentir écrasé par le poids des tâches à accomplir.
À la place, réfléchissez à vos intentions quotidiennes. C’est une façon plus douce de vous encourager. En fait, je vous recommande de faire une grande liste pour la semaine ou pour le mois et de la garder de côté. Chaque jour, choisissez uniquement les tâches les plus importantes de cette liste et écrivez-les sur un tableau blanc (par exemple) qui vous servira à lister vos intentions. Je crois qu’il faut se fixer des paramètres quand on écrit pour éviter de se trouver assis à son bureau en train de paniquer face à une page blanche parce que vous ne savez pas par quoi commencer. Évitez juste de ne pas vous fixer trop de paramètres pour ne pas vous bloquer.
Quelques exemples d’intentions que vous pouvez avoir pour une session d’écriture :
- planifier une scène ;
- écrire un nombre de mots précis ;
- écrire sur un thème particulier ou dans un cadre particulier (appel à texte, concours…) ;
- finir un projet qui n’a rien à voir avec l’écriture et qui vous empêche d’écrire ;
- reprendre une scène ou une histoire là où vous l’avez laissée la dernière fois.
Évitez d’écrire ce genre de choses dans votre liste d’intentions quotidiennes :
- finir mon roman ;
- écrire 100 pages ;
- planifier une nouvelle saga en sept tomes.
Il vous faut apprendre à trouver et préserver votre temps d’écriture et à l’utiliser judicieusement. Ça veut aussi dire que vous devez faire attention à ne pas vous mettre en difficulté en n’ayant pas les yeux plus gros que le ventre. Un auteur vorace et prolifique ne connaît pas forcément la réussite.
Comment se fixer des objectifs significatifs à long terme
Si vous avez un grand objectif, un peu intimidant, du genre « être édité par Flammarion », c’est bien mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?
Réfléchissez aux petites étapes qui rendront votre objectif réalisable. Si votre but implique une série de petites intentions alors il est certainement possible à atteindre. Les objectifs qui vous semblaient peut-être hors de portée deviendront alors possibles : finalement, un roman est écrit une scène et un chapitre à la fois, et pas forcément en un mois.
Ahah, le fameux Nano…
Je n’y ai jamais participé pour une bonne raison : c’est une course de vitesse et si on veut atteindre la ligne d’arrivée, on ne peut s’autoriser aucune correction, ni temps de réflexion en route. Résultat, à la fin on obtient certes un roman, mais qui est bourré de fautes et dont la structure de l’intrigue est souvent bancale. (mais je reconnais que le concept a aussi des points positifs. ^^)
Je ne suis pas une grande fan du principe moi non. Se dépêcher, compter ses mots… ça ne me correspond pas. Mais comme tu le dis, le concept a aussi ses points positifs !