Un livre ne se fait pas tout seul.
Éditeurs, graphistes, spécialistes du marketing… Il faut une équipe de professionnels pour aider les auteurs à donner vie à leurs romans. Mais il y a une aide pourtant précieuse que de nombreux auteurs n’exploitent pas : les bêta-lecteurs.
Tout comme les réalisateurs de films ont parfois recours aux projections tests, les auteurs peuvent en apprendre beaucoup sur leurs romans en travaillant avec des lecteurs prêts à critiquer leur histoire avant la sortie du livre.
Travailler avec un bêta-lecteur peut apporter à l’auteur de précieuses informations, en les aidant à voir son travail d’un œil objectif. Une fois les commentaires digérés, l’auteur peut utiliser ce qu’il a appris pour retravailler son roman pour le rendre plus intéressant, et augmenter ainsi ses chances de publier un succès commercial et critique.
Mais toutes les expériences de bêta-lectures ne se valent pas. Comme pour toute interaction impliquant une critique honnête, la collaboration avec un bêta-lecteur peut rapidement se transformer en une expérience désastreuse si elle ne profite pas aux deux parties.
Si vous êtes prêt à soumettre votre roman à des bêta-lecteurs pour obtenir de précieuses (et honnêtes) informations, voici huit étapes à suivre pour que tout se passe pour le mieux.
1. Identifiez votre lecteur idéal
Ça ne sert à rien d’envoyer votre manuscrit à un lecteur pas intéressé. En prenant le temps de chercher le lecteur idéal de votre roman avant d’envoyer vos bêta-exemplaires, vous serez en mesure de dresser une liste de personnes qui représentent le plus fidèlement possible vos futurs lecteurs. Ça vous évitera bien des ennuis et de perdre du temps.
Comment identifier son lecteur idéal ?
Pensez au type de personne le plus intéressée par votre roman, puis créez un profil rapide. Voici quelques questions auxquelles vous pourriez répondre pour vous aider :
- Quels sont leur âge et leur genre ?
- Quels sont leurs livres, émissions de télévision et films préférés ?
- Qu’est-ce qui les rend heureux, tristes ou en colère ?
- Que craignent-ils ou regrettent-ils ?
- Qu’aiment-ils dans la lecture ?
Si vous avez du mal à vous faire une idée précise de votre lecteur idéal, lancez une recherche Google sur des livres apparentés au vôtre. Lisez les critiques de ces livres afin d’identifier le type de personne qui les a le plus appréciés. Servez-vous de ce que vous avez appris pour compléter vos réponses aux questions ci-dessus.
2. Nouer des relations avec les bêta-lecteurs
Si vous partez de zéro, vous devez identifier les potentiels bêta-lecteurs à qui vous souhaitez présenter votre manuscrit. Bien que la voie la plus facile soit d’envoyer un email à la première personne intéressante que vous trouvez sur Internet, je vous encourage vivement à y réfléchir à deux fois.
Le travail des bêta-lecteurs ne doit pas être sous-estimé. Lire un roman, c’est facile, mais analyser chaque élément d’un œil critique à la recherche de points faibles, d’erreurs et d’incohérences est tout sauf simple.
Avant de contacter des inconnus pour leur demander de l’aide, prenez le temps de nouer de vraies relations. Si vous n’avez pas encore établi de contacts, commencez par créer un compte sur les réseaux sociaux que fréquentent vos lecteurs idéaux. Les jeunes se retrouvent souvent sur Twitter, Instagram et TikTok tandis que les plus âgés se rassemblent généralement sur Facebook.
Une fois votre plateforme choisie, il est temps d’établir votre présence. Commencez par ajouter une photo d’identité pour votre profil et une courte biographie. Ensuite, aimez ou suivez l’activité d’autres auteurs et de personnalités artistiques notables. Ça aidera les bêta-lecteurs à se faire une première idée de vous et de vos centres d’intérêt lorsque vous commencerez à interagir.
Et en parlant d’interaction, votre prochaine étape consiste à trouver et à suivre des bêta-lecteurs. Toutes les personnes que vous contacterez n’accepteront pas forcément votre proposition. Je vous conseille donc de suivre une trentaine de bêta-lecteurs pour commencer. Si vous les contactez tous et que seulement un quart d’entre eux acceptent, vous aurez quand même un bon groupe pour critiquer votre roman.
Pour trouver des bêta-lecteurs, cherchez dans les groupes Facebook consacrés aux auteurs et à la bêta-lecture, demandez des recommandations au compte @CommuAuteurs sur Twitter ou suivez le hashtag #betalecture.
Une fois que vous avez trouvé quelques bêta-lecteurs, commencez à interagir avec eux en likant et en commentant leurs publications et statuts. Engagez la conversation, partagez leurs joies et leurs défis quotidiens. Après quelques semaines d’interactions (sincères, évidemment), il est temps de passer à l’étape 3.
3. Ne réclamez pas de bêta-lectures, proposez la vôtre
À moins d’avoir noué de formidables amitiés du jour au lendemain, vos bêta-lecteurs ne seront probablement pas très enclins à lire et à critiquer votre roman sans recevoir quelque chose en retour. Comme je l’ai dit plus haut, la bêta-lecture est un travail difficile et qui prend du temps. Vos bêta-lecteurs ont droit à plus qu’un simple remerciement pour leurs efforts.
Voilà pourquoi je vous recommande de chercher vos bêta-lecteurs dans la communauté des auteurs. Une fois en contact avec eux, vous n’avez pas à les supplier ou à les implorer pour qu’ils vous aident. Vous êtes en mesure de mettre votre propre offre sur la table.
Eh oui ! Lorsque vous demandez de l’aide à vos nouvelles connaissances, proposez-leur de lire leur dernier manuscrit en retour. Non seulement l’expérience sera bénéfique pour tous, mais vous vous exercerez davantage à lire d’un œil critique. Ça vous sera d’une aide précieuse lorsque vous retravaillerez vos propres textes.
4. Simplifiez la tâche
Une fois votre groupe de bêta-lecteurs constitué, il est temps de leur envoyer une copie de votre manuscrit. Bien que certains auteurs choisissent d’envoyer un exemplaire papier, un fichier numérique PDF ou EPUB est l’option la plus courante. Les deux sont parfaitement acceptables. Demandez à vos bêta-lecteurs quel format ils préfèrent.
Simplifiez le travail de critique pour vos bêta-lecteurs en incluant une liste de questions auxquelles vous aimeriez que l’on réponde. Vous pouvez leur demander ce qu’ils pensent des personnages, de l’intrigue, du rythme, de votre style et de relever toute erreur ou incohérence.
Quand vous contactez vos bêta-lecteurs, précisez que ces questions ne constituent qu’une ligne directrice facultative pour les commentaires que vous aimeriez recevoir. Laissez à chaque bêta-lecteur le soin de choisir la manière dont il présente ses commentaires, et n’exigez jamais qu’il travaille selon une méthode précise.
Il est également utile d’indiquer le délai dans lequel vous souhaitez recevoir la critique. Si vous avez besoin d’un retour avant une certaine date, assurez-vous que vos bêta-lecteurs le savent avant d’accepter de lire votre livre.
Soyez franc et honnête quant au type de critique que vous recherchez, mais ne vous croyez pas en droit de la recevoir simplement parce que vous avez proposé une bêta-lecture en retour. Les auteurs ont une vie bien remplie, et parfois ils n’ont tout simplement pas le temps ou l’envie de répondre à vos besoins.
5. Apprenez à aimer la critique
Quel que soit votre âge ou votre expérience, apprendre à ravaler sa fierté et à accepter une critique honnête peut être un exercice difficile. Mais c’est nécessaire. Apprendre à aimer la critique fera de vous un auteur plus fort.
C’est pourquoi il est important de voir les critiques des bêta-lecteurs comme des conseils plutôt que des remontrances. Le manuscrit que vous leur envoyez n’est pas parfait. Aucune histoire ne l’est, pas même les œuvres les plus acclamées par la critique littéraire.
Plutôt que de voir des défauts ou des pinaillages dans les critiques de vos bêta-lecteurs, prenez-les pour ce qu’elles sont : un potentiel d’amélioration.
Si vos bêta-lecteurs vous ont envoyé des critiques réellement constructives (des commentaires qui encouragent autant qu’ils critiquent), vous pouvez être sûr qu’il s’agit d’un aperçu de ce qu’un futur lecteur penserait si votre roman était publié tel quel.
Ça signifie que leur critique vient d’un vrai désir de voir votre travail s’améliorer, plutôt que d’une occasion de vous descendre. Saisissez cette opportunité. Reconnaissez votre chance d’avoir ces critiques et de les utiliser à votre avantage. Améliorez votre roman et vous augmenterez ses chances de succès.
Cela dit, ne vous lancez pas dans tous les changements suggérés par vos bêta-lecteurs. Ce ne sont que des humains comme vous et moi. Ils ne comprennent peut-être pas la vision que vous avez de votre livre ou ils n’ont peut-être pas les mêmes désirs que le reste de vos bêta-lecteurs.
Si vous n’êtes pas d’accord avec une critique formulée par un bêta-lecteur, prenez du recul et replacez-la dans son contexte. Voici une règle utile à suivre : ne modifiez votre manuscrit que si vous êtes entièrement d’accord ou si plus de 50 % de vos bêta-lecteurs ont formulé la même critique.
6. Montrez-vous reconnaissant
Quand vous recevez les commentaires des bêta-lecteurs, veillez à leur témoigner votre gratitude pour le temps et l’énergie qu’ils ont consacrés à critiquer votre roman.
Si vous avez déjà proposé de leur rendre la pareille, assurez-vous d’y donner suite. Demandez à vos bêta-lecteurs s’ils souhaitent que vous fassiez la critique de leur prochain projet. S’ils sont d’accord, prévoyez dans votre agenda le temps nécessaire pour ce travail.
Si un bêta-lecteur n’a pas besoin de votre regard sur son projet, proposez-lui de promouvoir ou de critiquer un roman qu’il a déjà publié. Montrez-leur que vous vous intéressez à eux en prenant le temps de leur demander comment vous pouvez à votre tour leur rendre service.
Enfin, si votre bêta-lecteur n’est pas un auteur, proposez-lui de lui envoyer un exemplaire de votre roman une fois celui-ci publié. N’oubliez pas d’y inclure un mot de remerciement et de le signer.
7. Adoptez une approche honnête quand vous faites office de bêta-lecteur
Si vous rendez la pareille en effectuant quelques critiques pour vos bêta-lecteurs, ces deux dernières étapes sont pour vous.
Tout d’abord, soyez honnête. Si vous ne pouvez tout simplement pas prendre le temps de critiquer le manuscrit d’un bêta-lecteur, faites-le lui savoir. Ne le laissez pas en plan, mais soyez honnête sur ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire. La seule chose qui soit pire que de ne pas commenter son livre, c’est d’envoyer une critique mal construite parce que vous n’avez pas eu le temps de la faire correctement.
Si votre bêta-lecteur apprécie votre critique autant que vous avez apprécié la sienne, faites-lui savoir que vous souhaitez continuer à travailler avec lui. Plutôt que de trouver un tout nouveau groupe de bêta-lecteurs pour votre prochain roman, vous aurez un groupe de confiance. Vous savez qu’il consacrera le temps et les efforts nécessaires pour faire le travail correctement.
En revanche, si vous ne souhaitez pas continuer à travailler avec un bêta-lecteur, soyez honnête, mais gentil. Faites-lui savoir que vous avez apprécié son travail et que vous êtes heureux de lui rendre la pareille, mais indiquez-lui clairement qu’il n’y aura pas de deuxième collaboration.
8. Offrez la bêta-lecture que vous aimeriez recevoir
Si vous avez contacté des bêta-lecteurs, c’est probablement dans l’espoir qu’ils vous offrent des informations précieuses que vous pourrez utiliser pour améliorer votre roman. Offrez, vous aussi, de précieuses informations en retour.
La « critique constructive » est une expression qui fait frémir de nombreux auteurs. Ils considèrent ça comme une série de remarques négatives au lieu d’y voir un commentaire sur les forces et les faiblesses de leurs manuscrits.
Pour chaque élément où vous trouvez un problème (qu’il s’agisse des personnages, de l’intrigue, du cadre, etc.), écrivez un commentaire encourageant. Chaque auteur devrait savoir ce qu’il fait de bien. On a besoin de points forts sur lesquels s’appuyer. Où ont-ils excellé ?
Avez-vous d’autres conseils pour une expérience idéale de bêta-lecture ? Partagez-les dans les commentaires ci-dessous !