Vous connaissez la qualité de votre livre. C’est vous qui l’avez écrit. Vous êtes passé par toutes les phases de la gestation d’une publication : l’idée, le brainstorming, les grandes lignes, la recherche, l’écriture et le travail éditorial. Vous avez amélioré et peaufiné votre livre à un point que vous n’auriez pas cru possible. Il est parfait.
Malheureusement, votre avis n’est pas le plus important à ce stade du cycle de publication. Vous avez besoin de la confirmation d’autrui pour attirer les lecteurs. Vous avez besoin d’une évaluation indépendante (positive) pour convaincre les lecteurs de dépenser de l’argent et du temps. De l’argent ET du temps.
Il y a cinq ressources ou capitaux essentiels au succès de la publication d’un livre. Outre l’argent, la ressource la plus importante est le capital symbolique : le prestige et le statut associés à la maison d’édition.
Les avis construisent le capital symbolique du livre
Les nouveaux auteurs (et surtout les auteurs indépendants) n’ont aucun capital symbolique. Ils ne sont pas (encore) connus pour la qualité de leurs livres qui séduisent les lecteurs au point qu’ils sont prêts à y consacrer une partie de leur revenu disponible, sans parler de leur temps. Les auteurs indépendants peuvent-ils créer un capital symbolique ? Absolument, et beaucoup l’ont fait.
Dans le monde actuel où énormément de personnes achètent leurs livres en ligne, je pense que ce sont les avis qui créent le capital symbolique du livre. Un acheteur qui examine un livre en vue de l’acheter quand il n’y a pas ou peu d’avis, c’est comme un client affamé qui entre dans un restaurant vide. Comment cet endroit peut-il être bon si personne ne mange ici ?
Même les éditeurs traditionnels disposant d’un fort capital symbolique doivent solliciter activement des chroniqueurs pour que les livres de leurs auteurs tirent leur épingle du jeu sur un marché incroyablement encombré.
Par où commencer ?
La clé d’un lancement de livre réussi est la prospection de critiques dans les territoires les plus sûrs d’abord, et l’expansion par étapes. L’objectif est d’obtenir un certain nombre de critiques (la preuve sociale et le capital symbolique du livre) avant d’investir dans la promotion. Combien de critiques ? Autant que possible, mais 10 est un bon objectif.
Passons en revue les quatre territoires illustrés dans Les étapes de la critique de livre.
Les lecteurs fidèles
Ce sont les personnes qui vous connaissent, vous apprécient et vous font confiance. Ce sont aussi ceux qui sont les plus susceptibles de laisser une critique. Pour un auteur confirmé, il s’agit des lecteurs qui ont commenté les livres précédents. Pour les nouveaux auteurs, le cercle peut être très restreint. Ça dépend de la taille de leur réseau et de la mesure dans laquelle ce réseau est familiarisé avec le travail de l’auteur. Mais attention, le fait de demander à des proches de faire une critique de votre livre comporte trois risques.
- Amazon sait repérer les avis venant d’amis et de membres de la famille. Il peut rejeter l’avis (ou pire) si elle provient d’un membre évident de la famille.
- Si votre lecteur fidèle n’a pas laissé d’avis sur d’autres livres, son seul avis sur votre livre n’aura que peu de poids auprès des acheteurs qui regarderont qui a écrit l’avis.
- Le troisième risque est lié au deuxième. Certains lecteurs fidèles en font trop et donnent leur avis sur l’auteur plutôt que sur le livre. Ou ils s’extasient sans donner de retour significatif.
Le lectorat cible
Je définis ce groupe comme les personnes qui vous ont autorisé à les contacter, d’une manière ou d’une autre, en rapport avec vos écrits ou le sujet de votre livre. Il ne suffit pas que quelqu’un vous ait donné son adresse mail, ait aimé votre page/profil ou vous suive. Si vous gérez une entreprise de nettoyage à sec et que vous décidez d’informer votre liste de diffusion de la sortie de votre nouveau roman d’amour, le niveau d’engagement de cette liste sera proportionnel à leur intérêt pour vous en tant qu’auteur.
L’intérêt d’un lectorat cible est de pouvoir l’informer quand vous faites quelque chose qu’il pourrait trouver intéressant. C’est probablement la raison pour laquelle ces personnes vous ont donné la permission de les contacter.
Les membres du lectorat cible deviennent des lecteurs fidèles quand ils achètent votre livre et/ou qu’ils en parlent autour d’eux.
Les chroniqueurs sélectionnés
Il faut du temps pour construire et entretenir les deux premières étapes. Mais vous êtes en territoire amical et les inciter à laisser un avis de votre livre devrait se faire naturellement. Pour la recherche proactive de chroniqueurs, c’est différent. Il existe de nombreuses options et la mise en œuvre d’une stratégie réussie demande du temps, voire de l’argent.
Le plus important, c’est de rechercher des chroniqueurs qui apprécient les livres comme le vôtre. Ces lecteurs sont beaucoup plus susceptibles de répondre favorablement à une invitation à prendre le temps de lire votre livre et de donner un avis éclairé.
Je les appelle des chroniqueurs sélectionnés, car vous avez encore un certain contrôle sur les personnes que vous contactez.
- Les chroniqueurs de livres comparables. Recherchez des livres similaires au vôtre sur Amazon, Babelio et d’autres sites marchands. Puis contactez ceux qui ont laissé des avis pour qu’ils évaluent votre livre.
- Les blogueurs sont une excellente source d’avis potentiels. Certes, ils doivent être volontaires et disponibles, et même les identifier demande du travail, mais les avantages sont doubles : (1) vous obtiendrez un avis, souvent publié à plusieurs endroits, et (2) votre livre bénéficiera d’une promotion quand le blogueur partagera sa chronique sur son site et via les réseaux sociaux.
Qu’en est-il des avis rémunérés ?
Je pense qu’il est trop simpliste de dire que « dépenser de l’argent pour des avis » est mal ou contraire à l’éthique. Il existe plusieurs cas parfaitement légitimes et éthiques où il est nécessaire ou avantageux de dépenser de l’argent, même quand il s’agit d’obtenir des avis de la part d’évaluateurs appartenant aux trois catégories mentionnées plus haut.
Plutôt que de faire une déclaration générale, je dirais que ça dépend du livre, de l’auteur et des plans de marketing pour le livre, sans oublier votre budget. Pensez également à ce qui est important pour votre lectorat principal.
Même si vous pouvez vous permettre de payer des centaines de dollars pour qu’un influenceur fasse une critique de votre livre sur la randonnée dans les Cévennes, il est peu probable que vos lecteurs s’en soucient, et vous concentrer sur les avis des clients d’Amazon est probablement la meilleure solution pour votre romance autoéditée.
Le public
Malheureusement, c’est là que beaucoup d’auteurs commencent, dans une région sauvage et inexplorée. Nous sommes à la merci de quelqu’un qui ne nous connaît pas ou qui ne se préoccupe guère de savoir si notre livre correspond à ses goûts littéraires. Et ce, même s’il prend la peine de tenter sa chance, car il n’y a que peu ou pas d’avis.
L’alternative, c’est la patience et la priorité donnée aux avis avant la promotion
Nous avons le contrôle. Au lieu d’un Ave Maria direct au public, frayez-vous un chemin à travers les trois premiers territoires du périple de l’évaluation, dans l’ordre indiqué ci-dessus. Vous aurez ainsi plusieurs (peut-être dix ou plus) avis à montrer au public avant d’investir dans des plans de marketing pour attirer les lecteurs vers votre livre.
Ensuite, quand le lecteur lambda arrive, il voit une preuve sociale ; le livre a un capital symbolique.
Vous ne pouvez pas contrôler ce que disent les chroniqueurs, mais le fait d’approcher ceux qui sont le plus susceptibles d’apprécier votre livre donnera le ton aux avis et aux ventes qui suivront.
Racontez-moi en commentaires : comment avez-vous abordé la récolte d’avis pour vos livres ? Avez-vous une formule ou une stratégie qui a fonctionné ?