Comment écrire le synopsis d’un roman ?

C’est probablement le document le plus mal-aimé qu’on vous demande de préparer : le synopsis. Il est quelque fois demandé par un éditeur ou par un agent littéraire. Pourquoi ? Pour voir ce qui se passe dans votre histoire du début à la fin. Le synopsis doit donc exposer tout l’arc narratif de votre roman. Il montre ce qui se passe, qui change et surtout il doit révéler la fin.

Ne confondez pas le synopsis avec le résumé qui figure sur la quatrième de couverture ou dans la description d’Amazon. L’idée n’est pas d’écrire un texte marketing incisif pour piquer la curiosité de vos lecteurs.

Malheureusement, il n’y a pas une seule « bonne » façon d’écrire un synopsis. Vous trouverez par exemple des conseils contradictoires sur la longueur appropriée. Ça rend la recherche confuse particulièrement pour les nouveaux auteurs. Toutefois, je recommande de faire court ou, au moins, de commencer court. Écrivez un synopsis d’une page et tenez-vous en à ça. Sauf si bien sûr, la maison d’édition demande un synopsis plus long. S’il fait deux pages, ça passe encore. Mais les éditeurs et agents littéraires risquent de ne pas s’intéresser à un synopsis qui dépasse deux pages.

Cet article est plutôt écrit à l’attention des auteurs de fiction. Mais c’est le même principe pour les mémoires et autres œuvres de non-fiction.

Pourquoi le synopsis d’un roman est important pour les éditeurs et agents littéraires ?

Le synopsis est là pour montrer que les actions et motivations du personnage sont réalistes et tiennent la route. Un synopsis révélera les gros problèmes de votre histoire comme les fins « c’était un rêve », les catastrophes naturelles peu crédibles, une romance qui finit par un divorce. Il peut également révéler les défauts de l’intrigue, de sérieux écarts dans la motivation du personnage ou un manque de structure. Il peut aussi souligner son originalité. S’il n’y a rien de surprenant ou si l’intrigue est rebattue, votre manuscrit ne sera peut-être pas lu.

La bonne nouvelle : certains agents et éditeurs détestent les synopsis et ne les lisent jamais. Dans tous les cas, ils ne s’attendent pas à une œuvre d’art. Vous pouvez parfaitement les impressionner avec des mots simples. Mais des mots avec suffisamment d’impact pour véhiculer une idée d’énergie et de vitalité.

Le synopsis est en général écrit à la troisième personne, au temps présent (même si votre roman est écrit à la première personne). Pour les mémorialistes, je recommande la première personne mais les deux sont acceptables.

Que trouve-t-on dans un synopsis ?

D’abord, il vous faut raconter l’histoire du personnage qui va nous intéresser. En général, on écrit un synopsis en se concentrant sur le héros et on montre ce qui est en jeu dans sa situation. La motivation est primordiale ici, nous devons comprendre ce qui le pousse à agir.

Ensuite, il nous faut une idée claire de ce qui est au centre du conflit, de ce qui y a mené et de comment le héros va réussir ou échouer à gérer ce conflit.

Enfin, il nous faut comprendre comment le conflit est résolu et en quoi la situation du héros a changé.

Si vous couvrez bien ces trois points, ça vous laisse peu de place pour les détails. Vous ne pourrez pas mentionner chaque personnage ou événement de l’histoire. Des intrigues secondaires et quelques retournements de situation mineurs seront probablement laissés de côté. Vous ne pouvez pas résumer chaque scène ou chaque chapitre et certains aspects de votre histoire devront juste être survolés pour éviter de détailler une série d’événements ou d’interactions qui n’affectent en rien l’issue de l’histoire.

Pour choisir les personnages qui méritent de figurer dans le synopsis, il vous faut observer en quoi ils sont responsables du conflit dans lequel se trouve le héros ou en quoi ils assistent le héros. Nous devons voir comment ils font leur entrée dans l’histoire, la qualité de leur relation avec le héros et éventuellement comment ils évoluent aussi.

Une bonne règle pour déterminer ce qu’on garde et ce qu’on met de côté : si la fin n’a aucun sens sans un personnage ou sans une intrigue, alors c’est qu’il faut les mentionner dans le synopsis. Si le personnage ou l’intrigue reviennent régulièrement dans l’histoire et qu’ils participent à en augmenter la tension ou la complication, là aussi, il faut les mentionner.

L’erreur de synopsis la plus fréquente

Ne faites pas l’erreur de croire que le synopsis détaille juste l’intrigue. Ça finira alors par ressembler à un compte-rendu machinal de votre histoire, sans profondeur et sans texture. Pensez à quoi ressemblerait un match de foot résumé ainsi : « Alors, le PSG a marqué. Puis l’OM a marqué. Puis le PSG a marqué deux fois de suite. » C’est complètement stérile et ça ne nous dit pas comment les choses se sont passées. Vous devriez plutôt dire : « Le PSG a ouvert le score sur un coup franc de Neymar après une demi-heure de jeu avant de sceller le résultat sur penalty. Le public était déchaîné. »

Le secret d’un bon synopsis de roman

Un synopsis inclut les émotions des personnages. Ça vous évite de tomber dans le style scolaire.

Incident + Réaction = Décision (avancement de l’histoire)

Les écueils fréquents du synopsis de roman

  • Ne vous attardez pas sur les noms de personnages, de lieux ou autres termes. Faites simple. Nommez vos personnages principaux mais si une serveuse entre brièvement dans l’histoire, appelez-la « la serveuse. » Pas besoin d’écrire « Marie, la serveuse pleine d’entrain qui appelle tout le monde chéri et qui travaille toute la semaine. » C’est une digression tout à fait inutile. (Mais quand vous nommez les personnages, la première fois, mettez le nom en majuscule pour que l’éditeur puisse les identifier d’un coup d’œil.)
  • Ne perdez pas votre temps à expliquer ou décomposer les thèmes de votre histoire. Un synopsis raconte l’histoire mais n’a pas vocation à l’interpréter. De même, évitez de montrer chaque point de couture : inutile de décrire la structure du livre ( « dans la scène du climax » ou « dans une série de scènes de tension »).
  • Évitez aussi de raconter le passé du personnage sauf s’il est lié à ses motivations et intérêts à travers l’histoire. Une phrase ou deux sont suffisantes pour parler du passé d’un personnage. Dans l’idéal, évoquez-le quand ça affecte la tournure d’un événement. Si vous avez écrit une histoire avec des flashbacks, n’en incluez pas beaucoup voire pas du tout dans le synopsis.
  • Évitez les dialogues mais si vous décidez malgré tout d’en mettre, faites-le avec parcimonie. Faites en sorte que le dialogue représente parfaitement le personnage ou un moment décisif du roman.
  • Ne posez pas de questions rhétoriques et n’en laissez aucune sans réponse. Souvenez-vous, votre but ici n’est pas d’exciter la curiosité d’un lecteur.
  • Généralement, on évite de découper le synopsis en sections. Dans de rares cas, il peut y avoir une raison d’avoir des sous-titres dans un synopsis (à cause d’une structure narrative particulière par exemple) mais évitez autant que possible de sectionner l’histoire ou de lister vos personnages en préambule comme dans une pièce de théâtre.
  • Votre synopsis va refléter votre capacité à écrire mais ce n’est pour autant le moment d’en faire des tonnes avec une belle prose. Je veux dire par là qu’il faut mettre de côté toute tentative d’impressionner avec des descriptions poétiques. Nous n’avez pas le temps de tout montrer dans votre synopsis. Souvent, l’auteur doit raconter et il est alors confus car pendant des années, on lui a répété « de montrer et de ne pas raconter. » Par exemple, il n’y a aucun mal à simplement dire que votre personnage principal est un inconditionnel romantique plutôt que d’essayer de le montrer.

Pour les auteurs de littératures de l’imaginaire

Les auteurs de science-fiction et de fantasy peuvent avoir besoin de commencer leur synopsis avec un paragraphe ou deux pour présenter le monde dans lequel on entre et les règles qui le régissent. Ça aide à mieux comprendre les personnages et leurs motivations une fois qu’ils sont introduits. Par exemple, un synopsis d’Harry Potter pourrait clarifier d’entrée de jeu que le monde est divisé entre les Moldus et les sorciers et que les Moldus ignorent l’existence de la société des sorciers. Ou ce fait peut être rapporté dans le synopsis même quand Harry Potter en prend connaissance.

Il est bon d’éviter les noms ou termes qui doivent être définis ou expliqués à moins que ce soit des termes clés dans votre histoire (comme « Moldus » pour poursuivre avec l’exemple d’Harry Potter). Essayez plutôt de tourner votre présentation dans un langage facilement compréhensible. Le but ici est de raconter une histoire pas d’augmenter la charge de travail mentale de l’éditeur en lui faisant déchiffrer et mémoriser du vocabulaire étranger.

Comment éviter la verbosité ?

Le style du synopsis doit vraiment être dépouillé. Voici un exemple.

Verbeux

Au travail, Jeanne cherche Jean dans tout le bureau et le trouve finalement dans la salle des fournitures où elle lui dit qu’elle lui en veut pour les remarques qu’il a faites sur elle lors de la réunion d’équipe.

Dépouillé

Au travail, Jeanne se confronte à Jean au sujet de sa remarque lors de la réunion d’équipe.

Comment commencer votre synopsis de roman ?

Les 100-200 premiers mots doivent suffire à présenter votre héros, le conflit et le cadre. Puis vous devrez décider quel retournement de situation majeur ou autre conflit doit être raconté pour que l’ensemble tienne la route et quels personnages doivent être mentionnés. (Je rappelle qu’ils n’ont pas tous à l’être.) Réfléchissez à la « recette » du genre auquel votre roman appartient s’il y en a une et soyez sûr d’inclure tous les ingrédients principaux associés à cette recette. Le dernier paragraphe doit montrer comment les conflits principaux sont résolus. Oui, on révèle toujours la fin. Sans exception !

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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6 commentaires

  1. Depuis quarante ans que j’écris, je n’ai jamais fait de synopsis et pour cause : j’en ai une sainte horreur car je suis du genre  » long souffle » alors résumer n’est pas du tout mon dada ! Si un éditeur me le demande, je ne retourne pas vers lui et frappe à une autre porte…c’est ainsi .

  2. Salut,

    Il faut juste respecter les règles, la rédactrice de l’article en fait un inventaire exhaustif bien cadré.
    Je ne trouve pas cet exercice difficile. Le point clé, c’est surtout de convaincre les éditeurs si l’histoire est bonne! Paulo Coelho avec l’alchimiste tiré à 40 000000 d’exemplaires a tapé à plus de 15 portes d’éditeurs avant de publier.

  3. C’est vraiment l’horreur, le synopsis. Je suis en plein dedans, je deviens folle ! Merci pour cet article (et les exemples concrets : ça aide beaucoup !)

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