Comment éviter de saboter votre travail artistique

Hé, ça pourrait être énorme !

Est-ce que vous pensez ça de votre travail parfois ? Quand c’est le cas, est-ce exaltant ? Déprimant ? Comment se fait-il que parfois tout semble possible, et que d’autres fois, on est bloqué et on ne voit que des obstacles ? L’immobilisme vient-il de notre besoin inné de nous connecter aux autres (et de nous méfier d’eux aussi) ?

Écrivez-vous pour vous ou avec un lecteur cible soigneusement défini en tête ? Quelle que soit votre situation, il est probable qu’une partie de votre énergie au moment d’écrire découle d’un besoin de connexion. Pourtant, aucun d’entre nous ne peut éviter la méfiance autoprotectrice qui a finalement conduit les humains au sommet de la chaîne alimentaire.

On se précipite vers la joie de créer quelque chose de bien et de nouveau pour enrichir la vie des autres. Et on se précipite aussi instinctivement vers le fond de la caverne, aussi loin que possible du partage, de la confiance ou de la recherche d’un lectorat. Jour après jour, chacun de nous navigue sur un continuum de besoins, entre l’isolement méfiant et la connexion immersive.

Il n’est pas toujours facile de négocier une voie médiane, quand on est sous l’emprise de ces puissantes impulsions opposées ! Des tensions inévitables accompagnent le paradoxe de la connectivité. Qu’on en soit conscient ou non, on doit vivre avec ces tensions.

Voici quatre tensions que vous avez peut-être déjà connues et qui risquent de saper votre travail artistique et de vous laisser bloqué.

1. Avez-vous l’esprit de compétition ?

Regardez-vous par-dessus votre épaule alors que vous feriez mieux de regarder devant vous ? En d’autres termes, est-il possible que votre sentiment d’impasse soit dû à la comparaison, voire de la compétition avec les autres ?

Ça peut venir de croyances infondées ou d’un entourage toxique.

Commencez par examiner de près vos pensées et laissez-vous aller à la réflexion. Voici quelques idées :

  • Rien de ce que vous faites ne peut nuire aux autres auteurs.
  • Votre travail de qualité ne leur fait pas de mal.
  • Votre popularité ne leur fait pas de mal.
  • Votre succès financier ne leur fait pas de mal.

Maintenant, inversez ces idées. Ce que font les autres auteurs ne vous fera pas de mal non plus.

Par exemple, si un auteur vend un livre, est-ce que tous les autres auteurs en souffrent ? Seulement si on est dans un univers de consommation littéraire à somme nulle. Et, comme moi, vous connaissez probablement beaucoup de lecteurs qui préfèrent acheter des livres plutôt que de nouveaux vêtements pour croire ça. Si vous vous concentrez sur l’écriture d’un excellent livre, vous faites tout ce que vous avez à faire. Les autres auteurs feront de même.

Ensuite, si vous avez dans votre entourage des auteurs qui se comportent de manière égoïste, ou pire, qui diffusent des commentaires négatifs sur votre travail, il est essentiel de se désengager. Vous êtes au-dessus de tout ça, gardez l’œil sur ce qui est important. Faites le nécessaire pour éviter tout contact avec ces auteurs, surtout s’ils prennent le dessus et se posent en monsieur parfait. Protégez-vous et protégez votre travail.

Au lieu de regarder par-dessus votre épaule et de vous sentir misérablement inférieur au monsieur parfait, reconnectez-vous avec le clan intemporel des auteurs. Laissez leur camaraderie vous soutenir. Oubliez les ennemis jurés qui vous ont tourmenté.

Si vous avez besoin de compagnie, trouvez des amis ou des connaissances non toxiques pour une sortie en journée ou en soirée. Faites tout votre possible pour vous libérer de la malveillance et de la négativité des auteurs qui se sont égarés, croyant à un monde à somme nulle. Vous n’avez pas besoin d’eux. Arrêtez de regarder par-dessus votre épaule et allez de l’avant, ne vous embourbez plus dans la compétition.

2. Qu’est-ce qui vous met en colère ?

Cherchez ce qui vous irrite chez les auteurs qui travaillent sur le même sujet ou dans le même genre littéraire que vous. Ces informations peuvent être utiles pour plusieurs raisons. Demandez-vous pourquoi vous êtes en colère. Puis demandez-vous ce qu’il faudrait changer pour que vous ne soyez plus en colère. Votre colère vous envoie probablement un message. Alors, suivez la piste et découvrez-le.

Qu’est-ce qui vous arrive ? Pouvez-vous découvrir de quoi il s’agit ?

  • S’agit-il de jalousie ?
  • De votre profond esprit de compétition ?
  • De la supériorité de votre travail par rapport au leur ?
  • S’agit-il d’un ancien camarade de classe à qui cet autre auteur ressemble un peu ?

Vos réponses peuvent devenir une carte au trésor, qui vous guidera vers votre destination, votre histoire, racontée de votre voix, avec votre expérience et vos recherches à l’appui.

Réfléchissez, par exemple, à votre réaction instinctive quand vous apprenez le succès d’un autre auteur. Une partie de vous peut être heureuse pour lui, tandis qu’une autre partie peut souhaiter que son succès soit modéré (pas plus que ce que vous pouvez supporter). Qui a dit que les sentiments étaient censés être rationnels ?

Si vous éprouvez de la jalousie à l’égard d’autres auteurs dans votre communauté ou dans le monde en général, vous avez tout intérêt à vous concentrer sur ces sentiments.

Pour continuer à écrire, pour continuer à aller de l’avant dans votre travail, vous devriez accepter votre colère. Pourquoi ne pas inverser la dynamique et décider d’apprendre de votre colère ? Remarquez la prochaine fois que vous serrez la mâchoire ou marmonnez un juron en réponse à un autre auteur. Qu’est-ce qui vous a atteint ? Cherchez ce que ça signifie pour vous.

3. Êtes-vous du genre à vous plaindre ?

Se plaindre est un gouffre qui peut engloutir une bonne partie de votre énergie. Au lieu de progresser dans votre écriture, vous vous retrouvez à énumérer les raisons pour lesquelles les choses ne vont pas aussi bien que vous le souhaiteriez.

  • Je n’ai pas le temps !
  • Le téléphone n’arrête pas de sonner !
  • Vous devriez voir ma boîte mail !
  • Toutes ces réunions !
  • Trop de rendez-vous chez le médecin !
  • Mon conjoint / partenaire / meilleur ami ne comprend pas !
  • Il ne fait que pleuvoir !
  • Mon patron / client est infernal !

Vous arrive-t-il de suggérer que d’autres personnes ont contribué plus que de raison à vos problèmes ces derniers temps ? Reprochez-vous aux autres d’être responsables de vos déceptions ?

Quand on y pense, se plaindre exige une attitude passive. On se dit que notre vie n’est pas entre nos mains, et que la responsabilité en incombe aux autres. N’oubliez pas que c’est votre vie. Elle n’appartient pas aux autres. Laissez tomber les plaintes et les reproches pour vous concentrer sur votre prochaine étape. Une seule tâche pratique et réalisable. Ne laissez pas l’accablement prendre le dessus.

Décidez d’être actif. Avec le temps, vous accumulerez les réussites comme vous aviez l’habitude d’énumérer les plaintes.

Trouvez un ou deux endroits sûrs pour vous défouler. Les journaux intimes sont formidables pour ça. Les thérapeutes aussi. Puis trouvez votre prochaine étape et allez de l’avant.

En passant, il est important de noter ce qui ne relève pas de la plainte, mais qui peut parfois être confondu avec elle. Si vous parlez de ce que vous apprenez de vos galères, ce n’est pas se plaindre. Vos galères n’enlèvent rien à votre intelligence. Il est bon et utile de revenir sur votre expérience et de partager ce que vous avez compris.

En d’autres termes, il est parfois utile de raconter ses problèmes et les leçons que vous en avez tirées. Ce n’est pas se plaindre.

4. Utilisez-vous les ventes comme instrument de mesure ?

Question : Pouvez-vous répondre calmement au membre de la famille qui vous demande : « Alors, t’as vendu un million de livres ? Quand vas-tu abandonner cette histoire d’écrivain ? »

C’est une question difficile pour beaucoup de gens. Peut-être que votre travail ne rapportera pas beaucoup. Peut-être que si, après un certain temps. C’est peut-être notre vision occidentale qui rend cette question si délicate pour beaucoup d’entre nous. Ça ne vaut pas la peine de faire quelque chose à moins d’être reconnu et de gagner beaucoup d’argent, n’est-ce pas ? Si on ne fait pas sensation, à quoi bon ?

Arrêtons de juger les gens. C’est plus important, et plus subtil, que ça.

« Mais sais-tu quel âge j’aurai quand je saurai jouer du piano, peindre, écrire un truc décent ? »

« Oui… le même âge que tu auras si tu ne le fais pas. »

Un autre écrivain célèbre et à succès (Stephen King) a expliqué les priorités d’un artiste de cette façon : « La vie n’est pas faite pour soutenir l’art. C’est tout le contraire. »

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez été touché par le travail d’un auteur ? Vous vous êtes peut-être senti proche de lui, même séparés par des siècles et des continents. Ou peut-être l’avez-vous rencontré lors d’une séance de dédicace.

Puis, un jour, en tant qu’auteur, votre travail touchera quelqu’un aussi.

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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