Je publie régulièrement des conseils d’écriture, mais si je devais m’en tenir à trois facteurs essentiels pour qu’un roman se vende, je dirais :
- N’ennuyez pas le lecteur.
- Faites traverser une crise à vos personnages.
- Écrivez avec vos tripes.
Mais je voudrais parler ici de certains conseils d’écriture que les auteurs feraient mieux d’ignorer.
1. Ne commencez pas par la météo
Je l’ai encore lu pas plus tard que le mois dernier. Si le conseil était « Ne commencez pas un roman avec des descriptions statiques et sans relief », je serais tout à fait d’accord.
Mais voici pourquoi cette règle est absurde : la météo peut ajouter de la dimension et donner le ton de la perturbation à venir. Si vous l’utilisez de cette façon, en l’intégrant à l’action, c’est une bonne façon de commencer.
Regardez le début de La Maison d’Âpre-Vent de Charles Dickens. Ou la nouvelle Tout ce que vous aimez sera emporté de Stephen King. Et voici le début de Une vie, de Maupassant.
Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L’averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d’eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d’une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l’humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s’éclaircissait pas; et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l’horizon.
Si la météo interagit avec l’humeur et les émotions du personnage, vous pouvez tout à fait l’insérer dans le début de votre roman.
2. Ne commencez pas par un dialogue
Commencer par un dialogue crée un conflit instantané, ce qui manque à la plupart des manuscrits non publiés dès les premières pages. Parfois, ce conseil est énoncé ainsi : « Ne commencez pas par un dialogue non attribué ». Mais les lecteurs savent faire preuve d’une imagination patiente et malléable. S’ils accrochent à un dialogue, ils sont capables d’attendre plusieurs lignes avant de savoir qui parle et ne perdront absolument rien dans leur lecture.
Exemple :
« TOM ! »
Pas de réponse.« TOM ! »
Pas de réponse.« Où est passé ce garçon, j’aimerais bien le savoir ? Eh, TOM ! »
Pas de réponse.La vieille dame baissa ses lunettes, regarda par-dessus et inspecta la pièce ; puis elle les releva et regarda par-dessous.
—Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer
3. Pas de toile de fond dans les 50 premières pages
Si la toile de fond est un flashback, alors ce conseil est avisé. Les lecteurs peuvent attendre avant d’obtenir des informations sur la toile de fond si quelque chose de fascinant se passe sous leurs yeux. Si vous stoppez l’élan de votre début avec un flashback assez long, vous ratez le coche de la narration.
Mais si la toile de fond fait référence à de courts moments dans l’histoire d’un personnage, alors pourquoi pas. Ces moments sont essentiels pour s’attacher au personnage. Si nous ne savons rien de lui, nous sommes moins impliqués dans ses problèmes. (Dean Koontz et Stephen King font ça à merveille.)
4. Écrivez sur ce que vous savez
Un conseil que je trouve plus judicieux : écrivez sur vous. Écrivez sur ce que vous aimez. Écrivez sur ce que vous avez besoin de savoir.
5. Ne suivez jamais de conseils d’écriture
Certains auteurs sont tout à fait capables d’écrire naturellement, sans penser à la technique.
Les autres gagneront à étudier le métier. Certains auteurs ne veulent pas de peur de sacrifier l’essence de leur travail. Une poignée d’entre eux signent un contrat et leurs livres sortent dans une belle édition qui se vend à cinq cents exemplaires. Alors vient l’amertume.
Ne devenez pas ce genre d’auteur.