L’autre jour, j’ai parlé de l’importance des sites et de leur rôle dans la présence en ligne d’un auteur. Mais on me pose beaucoup plus souvent des questions sur les réseaux sociaux.
De tous les sujets que j’aborde sur ce blog, les réseaux sociaux sont les plus épineux. Chez les auteurs, les niveaux de compétence et d’expérience varient, de même que les attitudes. Et ces facteurs jouent un rôle important dans ce que les gens ont besoin d’entendre ou d’apprendre. Je crois qu’une stratégie réussie en matière de réseaux sociaux dépend de la personnalité et des points forts de chacun, ainsi que des qualités du travail produit, ce qui conduit à une approche unique pour chaque auteur. Et cette approche est susceptible d’évoluer au fil du temps. Car au gré des réussites, la plateforme s’élargit et le public change. Et les stratégies doivent souvent changer quand le lectorat s’élargit. Sans oublier que les outils eux-mêmes évoluent !
Les réseaux sociaux ne peuvent donc pas être considérés comme une chose statique. Il ne suffit pas d’apprendre une formule et c’est fini. Ils sont en constante évolution et il y a toujours quelque chose à apprendre. Pour moi, c’est en partie ce qui rend les choses amusantes et évite l’ennui. Pour d’autres, c’est ce qui les rend intolérables. Parce que les réseaux sociaux sont considérés comme essentiels au marketing des livres, mais qu’ils sont en constante évolution, ils deviennent un fardeau et une source d’anxiété pour les auteurs débutants comme pour les auteurs confirmés.
J’espère que les principes suivants, quel que soit votre niveau de compétence ou d’expérience, vous permettront de vous sentir un peu moins anxieux.
Votre audience sur les réseaux sociaux augmente surtout quand vous sortez plus de livres.
C’est une règle fondamentale du développement d’une plateforme d’auteur : elle se développe à partir de votre travail. Plus vous produisez de romans (ou écrits de toute sorte), plus vous êtes susceptible d’élargir votre audience. Et ça conduit naturellement à un plus grand nombre de followers sur les réseaux sociaux.
Il est extrêmement difficile de créer une audience sur les réseaux sociaux quand vous n’avez encore rien publié et qu’on ne peut pas vous découvrir à travers votre travail. Mais il existe une solution : le point suivant.
Utilisez les réseaux sociaux pour micropublier ou partager votre travail.
Vous pouvez utiliser les réseaux sociaux comme un exutoire artistique et partager des extraits (ou l’intégralité) de ce sur quoi vous travaillez. Par exemple, Roxane Gay publiait sur Tumblr des articles sur sa santé et son régime alimentaire. Elle s’est vite aperçue que les gens en voulaient plus. Ça a conduit à la publication de ses mémoires, Hunger. Rupi Kaur a partagé sa poésie sur Instagram. Puis elle a autopublié son livre lait et miel, qui est ensuite devenu un des livres les plus vendus en 2017 en Amérique du Nord après avoir trouvé un éditeur. En 2007, Scott Sigler s’est enregistré en train de lire des chapitres de son roman et a lancé un podcast sur iTunes. Ça lui a permis de trouver son lectorat pour ses livres de livres imprimés et de signer un contrat d’édition.
Il existe des milliers d’exemples d’auteurs qui se montrent ludiques, créatifs et expérimentaux en ligne et sur les réseaux sociaux (en partageant leur travail) ce qui peut conduire à l’augmentation du nombre de lecteurs et à la rémunération de ce travail. Notez que ce principe découle directement du premier : vous constaterez une croissance sur les réseaux sociaux quand vous produisez quelque chose que les gens peuvent découvrir ou lire. Mais trop souvent, les auteurs « sérieux » voient les réseaux sociaux comme une distraction, sans intérêt, comme un moyen de publication de bas étage ou même stupide, en partie parce qu’ils impliquent rarement une rémunération.
Comme pour beaucoup d’autres choses, les réseaux sociaux sont ce que vous en faites. Si vous trouvez ça bête, il ne se passera rien d’intéressant dessus.
Les gens enfreignent constamment les « règles » des réseaux sociaux et ça leur réussit.
Il existe d’innombrables études de cas et rapports sur la fréquence des posts, les réseaux à utiliser, la création d’images et de titres efficaces, le lieu et la manière de planifier pour une portée optimale, et même le nombre idéal de mots ou de caractères dans ce que vous publiez.
Vous n’êtes pas obligé de suivre ou d’apprendre tout ça. À moins que vous ne souhaitiez travailler pour une entreprise et devenir community manager.
Tout ce que vous avez à apprendre, c’est ce qui suscite l’intérêt de vos lecteurs et ce qui est réalisable pour vous. Et ça demande du temps, de la patience et de la curiosité.
J’admets qu’il existe de nombreuses façons de s’autosaboter (par exemple en faisant trop de marketing agressif), et qu’il existe beaucoup moins de bonnes pratiques qui permettent d’accroître l’engagement.
Mais il y a avant tout quelque chose de beaucoup plus fondamental : être quelqu’un de curieux et d’intéressé, capable de communiquer d’une manière engageante. Les auteurs sont plutôt doués pour ça. Mais ils oublient qu’ils le sont quand ils sont anxieux ou soumis à la pression des résultats. Ou quand ils se sentent accablés par ce qu’ils estiment ne pas faire partie de leur « vraie » carrière d’écrivain.
Je pense que c’est la raison pour laquelle il est si difficile de donner des conseils sur les réseaux sociaux. Ils fonctionnent mieux quand vous les voyez comme un jeu, comme un prolongement naturel de votre travail. Considérez-les comme la partie « marketing » de votre travail et de votre vie, et vos résultats risquent d’être médiocres. Les gens voient bien quand vous êtes là uniquement dans le but d’obtenir quelque chose d’eux. Plus vous essayez de rendre les réseaux sociaux « payants », moins ils le sont. Exiger leur utilisation ou imposer un certain type d’utilisation écrase l’esprit et la direction d’une activité artistique et épanouissante.
Alors que dire aux auteurs pour les aider à mieux utiliser les réseaux sociaux ? Tout d’abord, ne prenez pas tout ça trop au sérieux. Cherchez ce qui vous plaît. Ayez un esprit de questionnements et de découvertes. Suivez une routine quotidienne qui vous convient. Une pratique durable et significative des réseaux sociaux n’est pas si différente de la « vraie » écriture.