Ces derniers temps, vous vous êtes peut-être demandé : pourquoi écrire un roman quand le monde brûle ?
C’est une question qui semble légitime. On ne passe pas des heures dans des univers sortis de notre imagination quand un ouragan s’abat sur notre ville. On n’a pas de conversations avec des personnages imaginaires quand des personnes en chair et en os réclament justice dans la rue, sous nos fenêtres. Et on ne passe pas son temps à réfléchir à son intrigue et à ses personnages quand notre maison est en feu.
Mais vers quoi se tourne-t-on en attendant l’ouragan dans l’hôtel d’une ville lointaine ?
Vers quoi se tourne-t-on quand la manifestation est finie, quand on a du mal à donner un sens à ce qu’on vient de voir ?
Vers quoi se tourne-t-on quand on essaie de comprendre comment ramasser les morceaux de notre vie et d’aller de l’avant quand notre maison a brûlé ?
On se tourne vers les histoires.
Voici trois raisons de continuer à écrire, quand on se sent écrasé par ce qui passe dans le monde.
1. Les romans apportent du réconfort
Dans les moments difficiles, les livres ont toujours été mon refuge. Ils ont été là pour moi dans les moments où personne d’autre ne l’était et dans les moments de grande incertitude.
Et je ne suis pas la seule dans ce cas. Les ventes de livres au cours des deux dernières années l’ont montré : dans les moments difficiles, les gens se tournent vers les histoires.
C’est facile de penser que votre histoire n’a de sens que pour vous, parce que vous êtes celui qui l’écrit. Mais les auteurs des romans que vous avez aimés ont eux aussi probablement ressenti ça à un moment ou à un autre.
Continuez à écrire parce que les histoires comptent.
2. Les romans changent le lecteur
Les histoires peuvent nous offrir une échappatoire nécessaire aux pressions et aux défis de ce monde. Mais elles peuvent aussi être une source de courage pour affronter ces pressions et ces défis.
Quand je pense aux livres qui ont eu le plus d’impact sur moi, à ceux qui ont façonné ma façon de penser, d’agir et de voir le monde, je pense à des romans comme Jane Eyre de Charlotte Brontë, Les Dames de Kimoto de Sawako Ariyoshi, Une vie de Maupassant et, plus récemment, Konbini, La Fille de la supérette de Sayaka Murata, Les Délices de Tokyo, de Durian Sukegawa, No-no-yuri d’Aki Shimazaki.
Aux États-Unis, de grandes œuvres comme Beloved de Toni Morrison sont visées par une vague de croisades qui cherchent à bannir des livres.
Quand vous avez l’impression qu’écrire de la fiction est inutile, vu la situation dans le monde, posez-vous cette question : si la fiction n’a pas de pouvoir réel dans le monde, alors de quoi ces gens ont-ils si peur ?
Continuez d’écrire parce que les histoires renferment un grand pouvoir.
3. Les romans changent l’auteur
Dans les moments difficiles et d’incertitude, on voit souvent plus clairement ce qui compte vraiment pour nous. Quand je suis devenue mère et que le temps libre a commencé à se faire rare, j’ai réalisé que je regrettais de n’avoir encore rien publié.
Si écrire et publier un roman est sur votre liste de choses à faire, alors laissez-moi vous dire ceci : c’est l’une des choses les plus significatives que vous ferez dans votre vie.
Je crois fermement au pouvoir de la narration. C’est pour ça que je blogue ici : parce que je crois que les auteurs de fiction doivent revendiquer leur pouvoir de conteurs et l’utiliser pour apporter des changements positifs dans le monde.
En période de maladie, de bouleversements culturels et de menaces réelles, comme la guerre et le changement climatique, je pense que les histoires sont plus importantes que jamais.
Alors, où que vous soyez, si vous vous êtes posé la question Pourquoi écrire quand le monde brûle ?, n’oubliez pas : vos mots sont l’eau qui éteindra l’incendie.
Très beau texte et un vrai appel aux plumes !
Je garde les mots de Margaret Atwood « a word after a word after a word is power ».
Merci, Caroline ! Je pensais justement à Margaret Atwood en écrivant cet article car La Servante Écarlate fait partie de ces livres qui ont fait l’objet de censure.