Que vaut le temps passé sur les réseaux sociaux ?

Un auteur m’a récemment demandé si ça valait la peine d’être actif sur plus de deux ou trois réseaux sociaux. Jusqu’où faut-il étendre sa présence sur le net (ou peut-on être moins présent) ?

J’interprète cette question ainsi : quand est-ce qu’on y passe assez de temps ? Et comment faire en sorte que mes efforts en valent la peine ?

Pour répondre à ces questions, il faut du recul. Et observer comment et pourquoi les auteurs utilisent les réseaux sociaux. Je vais me focaliser ici sur les trois principales raisons.

  1. Nouer des relations dans la communauté.
  2. Faire la promotion d’un livre (ou d’un produit ou service).
  3. Soigner ses relations avec les lecteurs.

Raison 1 : nouer des relations dans la communauté.

Ce genre d’activité est inquantifiable mais c’est aussi celle par laquelle commence tout auteur (sauf si vous êtes une célébrité).

Quand vous apprenez à utiliser un réseau social, il y a une période d’échauffement pendant laquelle vous faites connaissance avec la communauté, intégrez son vocabulaire et son étiquette. Beaucoup de gens commencent par se connecter avec les personnes qu’ils connaissent déjà hors ligne avant d’aller vers des inconnus.

Quel est le but de cette activité ?

Pourquoi nous socialisons ? Pour passer du bon temps, apprendre et rester informé, chercher des encouragements et du soutien.

Jusqu’où est-ce utile ? C’est comme demander quand est-ce qu’on a trop de relations ou de followers. Si ça commence à vous prendre trop de temps et trop d’énergie pour faire d’autres choses plus importantes (comme écrire), c’est qu’il est temps de revoir votre organisation.

Je ne recommande pas d’analyser votre utilisation des réseaux sociaux quand vous cherchez à nouer des relations. Pas avec des chiffres en tout cas. Mais ça peut être utile de vous demander comment vous vous sentez lors de cette activité. Énergique ou épuisé ? Positif ou anxieux ? Valorisé ou envieux ?

Si vous ressentez plus d’émotions négatives que positives, il est peut-être temps de vous mettre en retrait des réseaux qui causent ces émotions ou de tous les réseaux jusqu’à ce que vous ayez identifié la source de votre mal-être.

Raison 2 : promouvoir activement un livre.

Vous ne pourrez promouvoir votre livre avec succès sur les réseaux sociaux que si vous êtes déjà passés par le point 1. Personne n’aime voir un étranger débarquer dans une pièce pour vendre son livre à la criée. C’est mal vu et l’étranger est vite ostracisé.

Mais soyons honnêtes. Beaucoup d’auteurs ont lu qu’ils doivent être sur les réseaux sociaux pour préparer le lancement de leurs livres alors qu’ils ne voient aucun intérêt à les utiliser en dehors du marketing et de la promotion. Que ces auteurs se sentent obligés ou qu’ils voient ça comme un fardeau est un des plus grands échecs de la communauté de l’édition/autoédition. Mais je vais laisser ça de côté et plutôt expliquer comment gérer ce point avec authenticité sans prendre les gens à rebrousse-poil.

Les réseaux sociaux sont merveilleux pour se faire connaître dans une communauté. Pour expliquer qui vous êtes et ce que vous représentez. Avec le temps, vous deviendrez de plus en plus visible et identifiable, parce que vous serez régulièrement présent pour passer des messages cohérents. Du moins on l’espère. C’est en général après avoir développé cette reconnaissance et cette confiance que vous pouvez mener une campagne réussie. Et amener la communauté à acheter votre livre.

Pour ceux qui n’ont pas encore ces relations ou cette confiance, voici une solution : demandez à vos amis qui eux ont des relations et la confiance des gens de vous aider à faire passer le mot à votre place.

Si vous avez une base solide, alors mettez au point une campagne bien définie, avec des dates de début et de fin bien arrêtées pour chaque réseau social. Pensez-la de façon à pouvoir mesurer si ça fonctionne ou pas. Par exemple, il est facile de savoir combien de gens ont cliqué sur vos liens sur Twitter, combien vous ont retweeté, combien ont aimé. Facebook vous montre le nombre de likes et de partages. Avec le temps, ces simples données peuvent vous en apprendre beaucoup sur ce qui fait réagir les gens. Vous pouvez alors ajuster et améliorer vos messages.

Peu importe l’étape où vous en êtes, vous devriez mesurer le trafic des réseaux sociaux vers votre site. Surtout lors d’une campagne marketing. Est-ce qu’ils représentent un gros pourcentage (ou un pourcentage significatif) ? Si vous ne le savez pas, alors vous avez là une lacune qui vous empêche de répondre à cette question : comment faire pour que le temps passé sur les réseaux sociaux en vaille la peine ?

Je pars ici du principe qu’un site d’auteur est la plus importante des présences en ligne. C’est là que vos lecteurs les plus précieux (ceux qui s’intéressent à vous) se rendent. Si vous voyez beaucoup de lecteurs arriver sur votre site via un réseau social et que les chiffres de référencement augmentent mois après mois ou année après année, alors le temps que vous passez sur ce réseau en vaut la peine.

Que faire si vous constatez que l’efficacité de votre activité sur les réseaux sociaux diminue ? Si le trafic dans son ensemble grossit alors peut-être que vous pouvez vous permettre de ne rien faire. Mais s’il diminue, vous devriez changer la fréquence ou le contenu des messages que vous postez (envoyer plus de messages visuels, par exemple) ; concentrer vos efforts sur d’autres réseaux sociaux ; travailler sur de nouveaux contenus. Tout dépend de la raison de cette baisse d’efficacité. Et parfois, vous ne pouvez pas contrôler cette baisse (comme quand Facebook change ses algorithmes) ce qui signifie qu’il est peut-être temps de concentrer vos efforts ailleurs.

Raison 3 : soigner sa relation avec les lecteurs.

Pour les auteurs publiés (peu importe le chemin de publication emprunté), les réseaux sociaux sont un moyen important pour rester en contact avec leurs audiences et de soigner leurs relations avec les lecteurs tout au long de leurs carrières.

On conseille parfois aux auteurs de s’inscrire sur les réseaux sociaux avant même de publier un livre pour développer leur audience. C’est un conseil sensé pour les auteurs de non-fiction qui ont besoin de visibilité et de crédibilité dans leurs domaines. Pour les auteurs de fiction, c’est peut-être moins pertinent. Comment pouvez-vous construire un lectorat autour d’un livre qui n’a pas encore été rendu public. Vous pouvez nouer des relations et faire partie d’une communauté mais vous ne développez pas forcément un lectorat. Un lectorat potentiel peut-être. Mais il y a une grande différence entre les deux. Les auteurs n’en ont pas toujours conscience et ça peut créer une grosse frustration et des déclarations du genre : « Les réseaux sociaux, ça sert à rien. »

Mais revenons au défi principal du point 3. C’est là qu’arrivent les difficultés, quand les auteurs doivent équilibrer leur temps entre l’écriture et l’interaction avec leurs audiences. Vous avez beaucoup à gagner à prendre soin de cette relation avec vos lecteurs. Ils peuvent même vous dire ce qu’ils aimeraient lire de vous par la suite. Mais chaque auteur doit former la stratégie avec laquelle il se sent bien et qu’il peut mener à son aise.

ll est difficile de donner une formule parce que (à mon avis) tout dépend de votre personnalité, de ce que vous écrivez et d’où vous en êtes dans votre carrière. Vos priorités changeront et votre utilisation des réseaux sociaux aussi. C’est tout à fait normal.

Passons aux choses sérieuses : quand est-ce que le temps passé sur les réseaux sociaux est suffisant ?

Si vous voulez une réponse quantifiable, alors je dirais que c’est suffisant quand le nombre de visites sur votre site ou de vos ventes montre que vous développez ou entretenez bien votre lectorat.

Combien de réseaux sociaux faut-il pour ça ? Un seul est suffisant si vous êtes efficace et habile dans votre façon de l’utiliser. Ou ça peut être cinq si vous préférez diversifier et expérimenter. Il n’y a pas une seule réponse mais pour augmenter la valeur de votre activité, observez votre entonnoir de conversion. Il vous montre comment vous transformez votre engagement sur les réseaux sociaux en de futurs lecteurs. Tout auteur sérieux et désireux de quantifier son activité sur les réseaux sociaux a besoin d’un site. Il lui faut aussi étudier le chemin qu’empruntent les lecteurs pour le trouver et réfléchir à un moyen de les mener à ce chemin avec plus de rapidité et d’efficacité.

Et vous, comment mesurez-vous la valeur de votre activité sur les réseaux sociaux ? Quand décidez-vous que c’est suffisant ?

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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Publications: 260

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