J’ai récemment lu un article (payant) sur la « communauté discursive ». Cette expression n’est pas courante dans la vie de tous les jours. Mais nous faisons tous partie d’au moins une communauté discursive. Par exemple, si vous faites partie d’un orchestre, il y a certains termes que vous et vos collègues comprenez et que le public ne comprend pas. Ça implique aussi une variété de stéréotypes et de croyances. (Par exemple, dans les orchestres que le chef d’orchestre ne doit jamais regarder les trombones. Si vous voulez savoir pourquoi, demandez à votre moteur de recherche préféré).
Dès qu’on s’implique dans un loisir ou une profession, un certain langage et des connaissances communes entrent en jeu, qu’on soit cycliste, matelassier ou amateur de bière artisanale.
Et il en va de même pour les auteurs.
On dit souvent aux auteurs de lire d’autres titres appartenant à leur genre littéraire. Car en lisant, on apprend à mieux reconnaître un texte bien écrit. (En supposant que ce qu’on lit reflète la qualité qu’on cherche à émuler.) Et en lisant, vous pouvez savoir :
- ce qui a déjà été fait
- ce qui n’a pas encore été fait
- quelles sont les attentes du lectorat et de la communauté que vous espérez rejoindre.
Mais il y a aussi un autre avantage.
Quand vous cherchez une maison d’édition, ces connaissances deviennent un atout pour vous distinguer au moment de présenter votre travail. Les éditeurs sauront immédiatement si vous n’avez rien lu, car vous ne parlerez pas le même langage. Vous ne démontrerez pas les mêmes connaissances que quelqu’un qui a de l’expérience dans un discours particulier (ou un genre, si vous préférez). Lire et connaître d’autres auteurs dans votre communauté vous permet de savoir comment votre travail s’inscrit dans le paysage. Ça vous permet également d’éviter d’utiliser les mêmes schémas, peut-être ennuyeux, que l’éditeur a déjà vus. Vous comprenez alors ce que veulent dire les éditeurs quand il disent rechercher une certaine fraîcheur, mais dans leur ligne éditoriale.
L’auteur qui lit depuis des années dans son genre littéraire peut facilement faire référence à d’autres œuvres quand il discute avec un éditeur. Il :
- peut déterminer en quoi son style est similaire ou différent de celui des autres auteurs.
- sait en quoi son travail se démarque et en quoi il reste conventionnel.
- peut discuter des livres de son domaine, de ce qu’il aime et n’aime pas dans les tendances actuelles.
C’est ce que signifie l’appartenance à une communauté discursive. Elle permet d’entamer une conversation avec une personne qu’on n’a jamais rencontrée, mais avec qui on a des points communs et un même langage pour discuter d’un livre. C’est la raison pour laquelle les personnes qui ne font pas partie de la communauté se font remarquer. Difficile pour elles de cacher qu’elles ne sont pas ou peu au courant de ce qui est publié et fait l’objet de discussions dans la communauté.
Si vous êtes insatisfait de la progression de votre carrière ou du rythme de vos publications, vous pouvez compenser une partie de cette déception. Apprenez tout ce que vous pouvez sur le genre littéraire et la communauté que vous souhaitez rejoindre. Ça vous aidera à avoir des conversations plus approfondies avec d’autres auteurs et professionnels plus expérimentés que vous. Mais aussi à démontrer le sérieux de vos intentions. Vous n’êtes pas là pour juste vendre un livre, vous souhaitez rejoindre une communauté pour de longues années.