Laissez certaines choses de côté. C’est mieux.

Quand j’étais au collège, j’ai voulu écrire mon premier roman. J’ai acheté un cahier et écrit sur la couverture, Les aventures de Coco. Sur la première page, j’ai écrit « Chapitre 1. »

Et j’ai donc commencé à décrire comment Coco était arrivée à la vie. C’était très important pour moi d’expliquer le comment et le pourquoi de son existence. Ça a bien pris une page.

Puis j’ai commencé à réfléchir à toutes les autres questions que soulevait son existence. Comment faisait-elle pour acheter sa nourriture ? D’où venait son argent ? Et ses pouvoirs magiques ? Encore un ou deux chapitres pour ça.

J’étais obsédée par l’idée d’expliquer le plus logiquement et le plus clairement possible les tenants et aboutissants de mon personnage et de régler toutes les questions de son quotidien pour que le lecteur de mon roman ne soit pas perdu.

C’était assez ennuyeux à écrire. Si ennuyeux que j’ai fini par m’arrêter au chapitre 6 ou 7. Je suis incapable de me souvenir du conflit de l’histoire. J’étais bien trop concentrée à mettre mon histoire en place.

J’étais alors trop jeune pour le savoir mais ce que j’écrivais là était du vrai travail de préparation (le passé du personnage, les détails de l’environnement, la mise en place d’un univers). C’était des choses que j’avais besoin de connaître pour pouvoir écrire l’histoire du roman mais pas quelque chose à intégrer dès les premiers chapitres.

Ce que j’ai fait avec Les aventures de Coco, c’est ce qu’ont tendance à faire les auteurs quand ils s’attaquent à leurs premiers manuscrits : je dois montrer comment le monde en est arrivé là. J’ai besoin d’expliquer pourquoi ce personnage est ainsi aujourd’hui. Je dois montrer à quoi ressemble la vie quotidienne. J’ai besoin de… ZZzzz.

C’est pas grave de laisser des choses de côté. Vous le devez même parce que si vous ne le faites pas, vous n’obtiendrez jamais l’histoire que vous voulez raconter. Vous pouvez disséminer des explications au cours de l’intrigue et certaines peuvent servir à créer de la tension. Par exemple : « Pourquoi Jean est si nerveux quand il est près de Lucie ? Quand saura-t-on ce qui s’est passé entre eux ? »

Ou pensez-y de cette façon. Quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, que lui dites-vous à votre sujet ? Qu’a-t-il besoin de savoir immédiatement ? Et qu’est-ce qui peut attendre ? Vous n’avez pas toute la journée pour vous présenter, n’est-ce pas ? Beaucoup de choses peuvent être résumées pour laisser le soin à la personne d’en face d’imaginer le reste. Et c’est mieux pour commencer.

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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