Les chemins-clés de la publication en 2021

L’année dernière, j’ai eu envie de créer un tableau sur les chemins-clés de la publication et de le mettre régulièrement à jour. Le tableau est téléchargeable en PDF et vous trouverez le texte ci-dessous.

Une des plus grandes questions que se posent les auteurs aujourd’hui : devrais-je publier en maison d’édition ou en auto-édition ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre parce que :

  1. Il y a maintenant une variété de maisons d’édition et de plateformes d’auto-édition, des modèles qui évoluent et divers contrats.
  2. Vous ne trouverez pas de définition universelle qui mette tout le monde d’accord sur ce que sont l’édition traditionnelle et l’auto-édition.
  3. Ce n’est pas un choix à faire entre l’une ou l’autre. Vous pouvez passer par les deux. Beaucoup d’auteurs décident du meilleur chemin à prendre en fonction de leurs objectifs et de leurs carrières.

Il n’y a donc pas de chemin ou de service qui soit bon pour tout le monde, tout le temps. Vous devriez prendre le temps d’observer le paysage avant de vous décider en fonction de vos objectifs de carrière sur le long-terme et des qualités propres à votre travail. Votre choix devrait également être guidé par votre propre personnalité (êtes-vous du genre entrepreneur ?) et votre expérience d’auteur (avez-vous la moindre idée de ce dans quoi vous vous lancez ?).

Mon tableau est divisé entre l’édition traditionnelle (là où, en général, les auteurs touchent une avance), les petites maisons d’édition, l’édition à compte d’auteur, l’auto-édition et les publications sociales.

1. L’édition traditionnelle (les grandes et petites structures). J’y mets toutes les maisons d’édition qui versent une avance financière à l’auteur. Que ce soit Galligrasseuil ou une petite structure, l’édition traditionnelle assume tous les risques financiers et imprime ses livres à grand ou petit tirage. L’auteur peut ne pas avoir d’autre revenu que l’à-valoir s’il vend peu de livres. Mais il n’a pas à le rembourser : c’est un risque que prend l’éditeur.

2. Les petites maisons d’édition. Cette catégorie est celle dont l’interprétation varie le plus chez les auteurs. Pour mon tableau, je les définis ainsi : ce sont les éditeurs qui prennent moins de risques financiers en versant pas ou peu d’avance et en évitant les tirages. Les auteurs doivent être prudents quand ils signent avec une petite maison d’édition. Certaines n’offrent pas plus d’avantages que l’auto-édition, particulièrement au niveau des ventes et de la distribution. Réfléchissez bien avant de signer un contrat qui implique aucune avance ou une édition numérique uniquement (qui peuvent aussi être proposés dans l’édition traditionnelle). Vous pourriez ne pas recevoir de soutien ou d’investissement de la part de l’éditeur dans le marketing et la distribution. Moins l’éditeur prend de risques financiers, plus votre contrat doit être flexible (et idéalement, le taux de rémunération devrait être plus élevé).

3. L’édition à compte d’auteur. Vous payez pour être publié et signer un contrat avec une maison d’édition ou un prestataire de services. Il existait une appellation anglaise pour ce mode d’édition : « vanity publishing ». La démarche serait motivée d’abord et avant tout par la vanité de l’auteur. Mais je n’aime pas ce terme. Les coûts varient grandement (les prix vont de quatre à cinq chiffres). Vous risquez de payer bien trop cher pour des services basiques ou dont vous n’avez pas besoin. Si vous pouvez vous permettre ce genre de dépenses, alors engagez un éditeur freelance, cela vaut mieux.

4. L’autoédition. Voici ma définition : vous publiez votre travail, vous êtes votre propre maison d’édition et engagez les personnes nécessaires pour vous aider. Voici tous mes articles sur l’autoédition.

5. Publication sociale. Les efforts sociaux seront toujours un moyen important et significatif pour un auteur qui construit son lectorat et cherche à gagner de l’attention. Il n’est pas nécessaire de publier et de distribuer un livre pour dire que vous êtes un auteur actif. Ces formes sociales de publication sont de plus en plus souvent monétisées comme dans le cas de Patreon.

N’hésitez pas à télécharger et à partager ce tableau si vous le souhaitez. Aucune permission n’est requise. Vous trouverez ci-dessous le texte du tableau.


Les 4 grands groupes (édition traditionnelle)

Qui sont-ils ?
  • Editis, Hachette, Madrigall, Média participations. Ce sont les 4 plus grands groupes d’éditions. Chacun regroupe plusieurs maisons d’édition.
Comment paient-ils ?
  • Les gros éditeurs assument tous les risques financiers et versent une avance à l’auteur (l’à-valoir). Les droits d’auteur sont payés lorsque leur montant dépasse celui de l’à-valoir. Les auteurs ne paient pas pour publier mais peuvent avoir besoin d’investir dans le marketing et la promotion.
Comment vendent-ils ?
  • Le service commercial de l’éditeur est en contact avec les librairies et autres points de ventes. La plupart des livres sont vendus des mois en avance et envoyés aux librairies pour être en vente le jour J. Presque tous les livres font l’objet d’un tirage. L’éditeur peut avoir recours à l’impression à la demande quand le stock est bas ou quand la demande baisse.
Avec qui travaillent-ils ?
  • Les auteurs qui plaisent au grand public, qui méritent de se trouver sur les étagères de toutes les librairies du pays et autres points de vente.
  • Les auteurs ayant un statut de célébrité ou dont le seul nom est une marque.
  • Les auteurs de fiction, New Romance, Young Adult et autres fictions commerciales.
  • Les auteurs de non-fiction avec une plateforme significative (visible auprès du lectorat).
Les avantages pour l’auteur
  • L’éditeur cherche à obtenir tous les droits secondaires et accords de licence possibles.
  • La distribution en librairie et autres points de vente (grande surface spécialisée, hypermarché) est (presque) toujours assurée.
  • Meilleures chances d’obtenir une couverture médiatique et des chroniques.
Comment les approcher ?
  • En envoyant vous-même votre manuscrit ou en passant par un agent littéraire. Vérifiez sur leurs sites, les conditions de soumission.
Que faut-il surveiller ?
  • Le paiement de l’à-valoir et si les ventes le permettent, le paiement des droits d’auteur.
  • La durée de la cession des droits d’auteur.
  • L’auteur ne contrôle ni le titre ni le design de la couverture.
  • L’auteur peut être insatisfait du soutien en marketing ou surpris par le manque de soutien d’une façon générale.

Les autres maisons d’édition traditionnelles

Qui sont-elles ?
  • Elles ne font pas partie des grands groupes d’édition mais fonctionnent de façon similaire. Quelques exemples : Actes Sud, l’Archipel, L’Atalante, Au diable vauvert, Bragelonne, les éditions des Busclats, éditions du Chat Noir, L’École des loisirs, Odile Jacob, Presses universitaires de Rennes.

Comment paient-elles ?

  • Comme les maisons des grands groupes d’édition. L’auteur reçoit une avance sur les droits d’auteur.
Comment vendent-elles ?
  • Comme les grands groupes d’édition. Elles dépendent généralement des sociétés de distribution de ces derniers. Prenez le temps de vous renseigner sur ce point. Presque tous les livres font l’objet d’un tirage.
Avec qui travaillent-elles ?
  • Les auteurs grand public mais aussi ceux qui sont sur un marché de niche.
  • Les auteurs ayant un statut de célébrité ou dont le seul nom est une marque.
  • Les auteurs de fiction, New Romance, Young Adult et autres fictions commerciales.
  • Les auteurs de non-fiction indépendamment de leurs plateformes.
Les avantages pour l’auteur
  • Les mêmes que ceux des grands groupes.
  • Parfois les acquisitions peuvent être motivées par des missions ou idéaux.
Comment les approcher
  • De la même façon que pour les maisons d’édition des grands groupes.
Que faut-il surveiller ?
  • Les petites maisons offrent des avances plus modestes mais le contrat peut être plus flexible.

Les petites structures

Qui sont-elles ?
  • Cette catégorie est la plus difficile à définir parce que l’appellation « petite maison d’édition » signifie différentes choses pour différentes personnes. Dans ce tableau, le terme désigne les maisons d’édition qui évitent de payer une avance et d’investir dans des tirages. Elles prennent ainsi moins de risques financiers que les maisons d’éditions traditionnelles.
Comment paient-elles ?
  • L’auteur ne reçoit pas d’avance ou une avance symbolique (moins de 500 euros). Les taux de rémunération peuvent être identiques à ceux d’un éditeur traditionnel ou plus avantageux puisque la maison d’édition court moins de risques.
Comment vendent-elles ?
  • Elles vendent sur Amazon ou sur leurs sites web. Elles font de leur mieux pour vendre directement au lecteur mais se reposent aussi beaucoup sur les efforts marketing de l’auteur.
Avec qui travaillent-elles ?
  • Tous types d’auteurs.
Les avantages pour l’auteur
  • Parfois une relation plus personnalisée et plus en collaboration avec l’éditeur.
  • Avec celles qui sont bien établies : un soutien éditorial, en design et en marketing équivalent à celle d’une grande maison d’édition.
Comment les approcher
  • En envoyant votre manuscrit. Vérifiez sur leurs sites les conditions de soumission.
Que faut-il surveiller ?
  • La diversité des acteurs et le changement du paysage éditorial qui font que les contrats diffèrent énormément.
  • Ne vous attendez pas à une distribution en librairie si la maison d’édition fait de l’impression à la demande.
  • Sans tirage, les chances d’obtenir une couverture médiatique sont faibles.
  • Évaluez attentivement les capacités d’une petite maison d’entreprise avant de vous engager. Protégez vos droits si vous assumez une grande partie des risques et des efforts.

Les maisons d’édition à compte d’auteur

Qui sont-elles ?
  • Ce sont des entreprises qui demandent à l’auteur de payer ou de procéder à une levée de fonds pour être publié (en général on parle de milliers d’euros). Exemples : les éditions Amalthée, Anovi, Edilivre, L’Harmattan.
Comment paient-elles ?
  • L’auteur paie la publication de son livre en échange de leur assistance. Les coûts varient.
  • Les auteurs touchent en moyenne 10 à 30% de droits d’auteur. Une part plus importante qu’en édition traditionnelle mais pour un revenu en général moins intéressant qu’en autoédition.
  • Malgré les promesses de certaines maisons, les livres ne se trouveront pas chez les libraires qui ne traitent qu’avec les maisons d’édition traditionnelle.
  • Chaque maison a son propre modèle économique et ses prix. Faites attention à ce que le contrat soit toujours clair et les coûts bien expliqués. Ces maisons vivent de ce que paient les auteurs pas des ventes de livres.
Comment vendent-elles ?
  • La plupart ne vend rien du tout. C’est à l’auteur de vendre. Certaines offrent un forfait marketing, aident au lancement du livre ou proposent des opportunités promotionnelles. Elles peuvent distribuer votre livre mais n’iront pas en vanter les mérites auprès des points de vente.
Les avantages pour l’auteur
  • Publier un livre sans attendre et sans avoir à chercher des prestataires professionnels. Idéal si l’auteur a plus d’argent que de temps mais pas un modèle d’affaires viable pour une longue carrière.
  • Certaines maisons sont gérées par d’anciens professionnels de l’édition traditionnelle et offrent des services de qualité mais c’est rare.
Que faut-il surveiller ?
  • Évitez les maisons qui profitent de l’inexpérience de l’auteur et qui essaient de soutirer un maximum d’argent.

L’autoédition

Qu’est-ce que c’est ?
  • L’auteur gère tout le processus de publication et engage les bonnes personnes pour éditer, designer, publier et distribuer. Il garde un contrôle total dans les décisions artistiques et commerciales.
Les plateformes par lesquelles passer
  • Les sites marchands d’e-books offrent un accès direct aux auteurs (Amazon KDP, Apple Books, Kobo).
  • L’impression à la demande rend possible la vente et la distribution de livres physiques à moindre coût via les sites marchands. Les plateformes les plus populaires : Amazon KDP, Books on Demand, Lulu ou Librinova. Les prix varient d’une plateforme à l’autre.
  • Si les auteurs ont confiance en leurs ventes, ils peuvent travailler avec un imprimeur, investir dans un tirage, gérer leurs stocks, les envois, etc.
Comment ça paie ?
  • L’auteur fixe le prix de son travail et est rémunéré en fonction de ce prix par la plateforme sur laquelle il s’autopublie.
  • Sur Amazon, la rémunération atteint 70% du prix de vente de l’e-book (s’il est vendu entre 2,99 et 9,99 euros) et 35% si le prix est en dehors de cette fourchette.
  • Amazon KDP paie 60% du prix catalogue pour la vente d’un livre broché ; sont ensuite déduits les coûts d’impression.
Ce qu’il faut surveiller
  • Les auteurs peuvent ne pas investir suffisamment d’argent ou de temps pour produire un livre de qualité et en faire la promotion.
  • Ils peuvent ne pas avoir l’expérience nécessaire pour savoir comment produire un livre de qualité.
  • Il est difficile d’obtenir l’attention des médias ou de vendre en librairie.
Quand préférer l’autoédition à l’édition à compte d’auteur ?
  • Vous avez l’intention de publier plusieurs livres et d’en vivre sur le long terme.
  • Vous vous investissez dans le marketing, la promotion, la construction d’une plateforme et le développement d’une audience pour vos livres sur le long terme.

La publication sociale

Qu’est-ce c’est ?
  • Vous écrivez, publiez et distribuez votre travail sur une plateforme publique ou semi-publique, directement aux lecteurs.
  • Vous gérez votre publication et la poursuivez selon vos envies.
  • Vous recevez des retours de vos lecteurs et développez votre audience mais engendrez rarement des ventes ou un revenu.
Les avantages pour l’auteur
  • Vous permet de développer un lectorat tout en apprenant à écrire.
  • Les auteurs populaires sur ces plateformes communautaires peuvent se voir proposer un contrat par une maison d’édition traditionnelle.
Les catégories principales
  • Publication en feuilleton : les lecteurs lisent par chapitres et donnent des retours qui peuvent aider les auteurs à s’améliorer. Permet d’établir une communauté de fans et/ou d’avoir un connexion directe avec les lecteurs. La publication en feuilleton peut servir d’outil marketing pour d’autres œuvres déjà achevées. Exemples : Wattpad, Scribay, Fyctia.
  • Fanfiction : similaire à la publication en feuilleton mais ici les histoires sont basées sur l’univers et les personnages d’un autre auteur. Il est donc difficile de monétiser les fanfictions pour des raisons évidentes de droits d’auteur. Exemples : Fanfiction.net, Archive Of Our Own, Wattpad.
  • Blogs et réseaux sociaux : les auteurs, néophytes ou chevronnés, utilisent leurs blogs et/ou leurs réseaux sociaux pour partager leurs histoires et se construire un lectorat. Exemples : Instagram (instapoets), Tumblr, Facebook (dans des groupes), Twitter, YouTube.
  • Patronage : similaire à la publication en feuilleton mais vos patrons paient sur une base régulière pour avoir accès à votre contenu. Plateformes populaires : Patreon, Ko-fi, Substack.

Cas spéciaux

Amazon Publishing

Amazon Publishing publie de la fiction grand public en français depuis 2015, et leur catalogue compte une centaine d’ouvrages d’auteurs français et étrangers, principalement en Romance, Policier et Thriller, Littérature fantastique et Fiction féminine. Leurs livres sont disponibles au format digital et papier et peuvent être achetés uniquement sur Amazon.fr. Les libraires n’en voudraient pas de toute façon.

Maisons d’édition numériques

Il existe des maisons d’édition qui ne font que du numérique. Elles n’offrent pas d’avances et pas de livres physiques. Parfois il y a peu de différences avec l’auto-édition.


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Les chemins-clés de la publication en 2020

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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