Depuis 2020, je mets régulièrement à jour ce tableau informatif sur les principaux chemins de publication. Il est disponible en téléchargement PDF, en plus du texte intégral ci-dessous.
L’une des plus grandes questions de la part des auteurs aujourd’hui : devrais-je publier de manière traditionnelle ou en autoédition ?
C’est de plus en plus compliqué de répondre à cette question, car :
- L’édition traditionnelle et l’autoédition se sont diversifiées, avec des modèles en constante évolution et des contrats divers.
- Ce n’est pas soit l’une soit l’autre ; vous pouvez faire les deux. De nombreux auteurs à succès décident du chemin le plus approprié en fonction de leurs objectifs et de leur niveau de carrière.
Ainsi, il n’y a pas un seul chemin ou service qui soit le bon pour tout le monde tout le temps ; vous devriez prendre le temps de comprendre le milieu éditorial et de prendre une décision en fonction de vos objectifs professionnels à long terme, ainsi que des qualités de votre travail. Votre choix devrait également être guidé par votre personnalité (avez-vous l’esprit entrepreneurial ?) et votre expérience en tant qu’auteur (savez-vous ce que vous faites ?).
Mon tableau divise le domaine en édition traditionnelle (avec à-valoir), petites structures, édition à compte d’auteur, autoédition et publication sociale.
- Édition traditionnelle (les grands groupes et petites maisons). La principale caractéristique de l’édition traditionnelle, c’est la réception d’un paiement d’un éditeur sous forme d’à-valoir. Qu’il s’agisse d’une maison d’édition d’un grand groupe ou d’une structure plus modeste, l’éditeur traditionnel assume tous les risques financiers et investit généralement dans un tirage. L’auteur peut ne toucher aucun autre revenu en dehors de l’à-valoir. Cependant, les auteurs n’ont pas à rembourser l’avance ; c’est le risque que prend l’éditeur.
- Petites structures. C’est la catégorie la plus ouverte à l’interprétation ; pour les besoins de ce tableau, je définis les petites structures comme des éditeurs qui prennent moins de risques financiers parce qu’ils ne versent pas d’à-valoir et évitent les impressions. Les auteurs doivent être prudents quand ils signent avec de petites maisons d’édition ; certaines entreprises familiales offrent peu d’avantages par rapport à l’autoédition, surtout en ce qui concerne la distribution et la force de vente. Réfléchissez également bien avant de signer un contrat sans à-valoir ou uniquement numérique ; vous ne recevrez peut-être pas le même soutien et investissement de l’éditeur en matière de marketing et de distribution. Moins l’éditeur accepte de risques financiers, plus votre contrat devrait être flexible. Et idéalement, il devrait également offrir des taux de rémunération plus élevés.
- Édition à compte d’auteur. C’est là que vous payez pour publier. Les coûts varient considérablement (des centaines, parfois des milliers d’euros). Il y a un risque de payer trop cher pour des services basiques ou dont vous n’avez pas besoin. Il est primordial d’étudier de près ces entreprises avant d’investir. Beaucoup d’arnaques.
- Autoédition. Je définis ça comme l’édition par soi-même, où vous embauchez les professionnels avec qui vous souhaitez travailler. Voici un article approfondi sur l’autoédition.
- Publication sociale. Les efforts sociaux seront toujours un moyen important pour les auteurs de construire un lectorat et d’attirer l’attention, et il n’est pas nécessaire de publier et de distribuer un livre pour dire que vous êtes un auteur actif. Ces formes sociales de publications sont également de plus en plus monétisées, comme sur Patreon. J’ai également inclus ici les plateformes de sérialisation, certaines ayant une composante sociale ou communautaire, comme Wattpad.
Ce tableau a ses limites
Il s’adresse principalement à ce qu’on appelle l’édition « commerciale », c’est-à-dire l’édition destinée au grand public : le genre de livres que les librairies vendent ou qu’une personne moyenne pourrait acheter. Il existe d’autres secteurs de l’édition, tels que l’édition scolaire, universitaire et professionnelle, qui n’entrent pas dans le cadre de ce tableau.
Vous n’avez pas besoin d’autorisation pour utiliser ce tableau
Vous pouvez télécharger, imprimer et partager ce tableau comme bon vous semble ; aucune autorisation n’est requise. J’ai collé ci-dessous le texte intégral du tableau.
Les 4 grands groupes (édition traditionnelle)
Qui sont-ils ?
- Editis, Hachette, Madrigall, Média participations. Ce sont les 4 plus grands groupes d’éditions. Chacun regroupe plusieurs maisons d’édition.
Comment paient-ils ?
- Les gros éditeurs assument tous les risques financiers et versent une avance à l’auteur (l’à-valoir). Les droits d’auteur sont payés lorsque leur montant dépasse celui de l’à-valoir. Les auteurs ne paient pas pour publier, mais peuvent avoir besoin d’investir dans le marketing et la promotion.
Comment vendent-ils ?
- Le service commercial de l’éditeur est en contact avec les librairies et autres points de vente. La plupart des livres sont vendus des mois en avance et envoyés aux librairies pour être en vente le jour J. Presque tous les livres font l’objet d’un tirage. L’éditeur peut avoir recours à l’impression à la demande quand le stock est bas ou quand la demande baisse.
Avec qui travaillent-ils ?
- Les auteurs dont le travail plaît au grand public et mérite d’être distribué à l’échelle nationale dans les librairies et autres points de vente.
- Les auteurs de renom ou dont le seul nom est une marque.
- Les auteurs de fiction populaire, fiction féminine, Young Adult et autres fictions commerciales.
- Les auteurs de non-fiction avec une plateforme significative (visible auprès du lectorat).
Les avantages pour l’auteur
- L’éditeur cherche à obtenir tous les droits secondaires et accords de licence possibles.
- La distribution en librairie et autres points de vente (grande surface spécialisée, hypermarché) est presque toujours assurée.
- Meilleures chances d’obtenir une couverture médiatique et des critiques littéraires.
Comment les approcher ?
- En envoyant vous-même votre manuscrit ou en passant par un agent littéraire. Vérifiez les conditions de soumission sur leurs sites.
Que faut-il surveiller ?
- Le paiement de l’à-valoir et, si les ventes le permettent, le paiement des droits d’auteur.
- La durée de la cession des droits d’auteur.
- L’auteur ne contrôle ni le titre ni le design de la couverture.
- L’auteur s’étonne parfois du manque ou de l’absence de soutien marketing. Voici quelques questions à poser à votre éditeur avant de signer un contrat.
Autres maisons d’édition traditionnelles
Qui sont-elles ?
- Elles ne font pas partie des grands groupes d’édition, mais fonctionnent de façon similaire.
- Quelques exemples : 6 Pieds sous terre, Actes Sud, L’Atalante, Au diable vauvert, les éditions des Busclats, éditions du Chat Noir, L’École des loisirs, Odile Jacob, Presses universitaires de Rennes. Ces maisons d’édition sont parfois appelées « éditeurs indépendants » (à ne pas confondre avec les auteurs indépendants qui s’autoéditent).
Comment paient-elles ?
- Comme les maisons des grands groupes d’édition.
Comment vendent-elles ?
- Comme les grands groupes d’édition. Elles dépendent généralement des sociétés de distribution de ces derniers. Prenez le temps de vous renseigner sur ce point. Presque tous les livres font l’objet d’un tirage.
Avec qui travaillent-elles ?
- Les auteurs grand public, mais aussi ceux qui sont sur un marché de niche.
- Les petites structures et les presses universitaires accueillent volontiers les travaux littéraires, la poésie, les nouvelles, et autres catégories qui ne se vendent généralement pas assez bien pour les quatre grands groupes.
- Les auteurs de renom ou dont le seul nom est une marque.
- Les auteurs de fiction populaire/commerciale.
- Les auteurs de non-fiction de tous genres.
Les avantages pour l’auteur
- Les mêmes que ceux des grands groupes.
Comment les approcher ?
- De la même façon que pour les maisons d’édition des grands groupes.
Que faut-il surveiller ?
- Les petites maisons offrent des avances plus modestes, mais le contrat peut être plus flexible.
- Les presses universitaires peuvent se concentrer sur les bibliothèques, les écoles et les marchés académiques.
Les petites structures
Qui sont-elles ?
- Cette catégorie est la plus difficile à définir parce que l’appellation « petite maison d’édition » signifie différentes choses pour différentes personnes. Dans ce tableau, le terme désigne les maisons d’édition qui évitent de payer une avance et d’investir dans des tirages. Elles prennent ainsi moins de risques financiers que les maisons d’édition traditionnelles.
Comment paient-elles ?
- L’auteur ne reçoit pas d’avance ou une avance symbolique (moins de 500 euros). Les taux de rémunération peuvent être identiques à ceux d’un éditeur traditionnel ou plus avantageux puisque la maison d’édition prend moins de risques.
Comment vendent-elles ?
- Elles vendent sur Amazon ou sur leurs sites web. Elles font de leur mieux pour vendre directement au lecteur, mais se reposent aussi beaucoup sur les efforts marketing de l’auteur.
Avec qui travaillent-elles ?
- Tous types d’auteurs. Elles sont souvent favorables aux travaux moins commerciaux.
Les avantages pour l’auteur
- Parfois une relation plus personnalisée et plus collaborative avec l’éditeur.
- Avec celles qui sont bien établies : le travail éditorial, la conception et le soutien marketing sont équivalents à ceux d’une grande maison.
Comment les approcher ?
- En envoyant votre manuscrit. Vérifiez sur leurs sites les conditions de soumission.
Que faut-il surveiller ?
- Le travail peut-être de piètre qualité.
- Ne vous attendez pas à une distribution en librairie si la maison d’édition fait de l’impression à la demande. (Renseignez-vous.)
- Certaines maisons comptent sur les auteurs pour les ventes ou blâment les auteurs en cas de mauvaises ventes.
- Ne laissez pas la maison accaparer tous les droits ; gardez vos droits secondaires.
- Voyez comment évaluer les petites maisons d’édition.
Maisons d’édition à compte d’auteur
Qui sont-elles ?
- Ce sont des entreprises qui demandent à l’auteur de payer ou de procéder à une levée de fonds pour être publié (en général, on parle de milliers d’euros).
- Exemples de maisons d’édition à compte d’auteur : les éditions Amalthée, Anovi, Edilivre, L’Harmattan.
Comment paient-elles ?
- L’auteur paie la publication de son livre en échange du soutien de la maison d’édition. Les coûts varient.
- Les auteurs touchent en moyenne 10 à 30% de droits d’auteur. Une part plus importante qu’en édition traditionnelle, mais pour un revenu en général moins intéressant qu’en autoédition.
- Malgré les promesses de certaines maisons, les livres ne se trouveront pas chez les libraires qui ne traitent qu’avec les maisons d’édition traditionnelle.
- Chaque maison a son propre modèle économique et ses prix. Faites attention à ce que le contrat soit toujours clair et les coûts bien expliqués. Ces maisons vivent de ce que paient les auteurs, pas des ventes de livres.
Comment vendent-elles ?
- La plupart ne vendent pas du tout. La vente est à la charge de l’auteur. Certaines maisons offrent des forfaits marketing, aident au lancement du livre ou proposent des opportunités promotionnelles. Elles peuvent distribuer votre livre, mais il est rare que les livres se retrouvent en librairie sans un investissement très important de la part de l’auteur puisque c’est lui qui paie le tirage.
Les avantages pour l’auteur
- Publier un livre sans attendre et sans avoir à chercher des prestataires professionnels. Idéal si l’auteur a plus d’argent que de temps, mais pas un modèle d’affaires viable pour une longue carrière.
- Certaines maisons sont gérées par d’anciens professionnels de l’édition traditionnelle et offrent des services de qualité, mais c’est rare.
Que faut-il surveiller ?
- Certaines maisons d’édition tentent de mettre en place des arnaques en faisant passer leurs contrats pour des contrats à compte d’éditeur.
- Évitez les maisons qui profitent de l’inexpérience de l’auteur et qui utilisent des techniques de vente agressives pour soutirer un maximum d’argent.
- Exemple de contrat à éviter : le contrat conditionné à l’achat d’un certain nombre d’exemplaires de son propre livre, au prix fort.
Autoédition
Qu’est-ce que c’est ?
- L’auteur gère tout le processus de publication et engage les bonnes personnes pour éditer, concevoir, publier et distribuer. Il garde un contrôle total dans les décisions artistiques et commerciales.
Les plateformes par lesquelles passer
- Les sites marchands d’ebooks offrent un accès direct aux auteurs (Amazon KDP, Kobo) ou les auteurs peuvent faire appel à un distributeur d’ebooks (Lightning Source, Cantook).
- L’impression à la demande rend possibles la vente et la distribution de livres physiques à moindre coût via les sites marchands. Les plateformes les plus populaires : Amazon KDP, BoD ou Librinova. Les prix varient d’une plateforme à l’autre, mais avec des fichiers PDF prêts à imprimer, il n’en coûte rien ou presque pour commencer.
- Si les auteurs ont confiance en leurs ventes, ils peuvent travailler avec un imprimeur, investir dans un tirage, gérer leurs stocks, les commandes, les envois, etc.
Comment ça paie ?
- L’auteur fixe le prix de son travail et est rémunéré en fonction de ce prix par la plateforme sur laquelle il s’autopublie.
- La plupart des détaillants paient environ 70% du prix de vente de l’ebook si le prix se situe dans la fourchette fixée (entre 2,99 et 9,99 euros sur Amazon). La rémunération peut tomber jusqu’à 35% si le prix est en dehors de cette fourchette.
- Amazon KDP paie 60% du prix catalogue pour la vente d’un livre broché ; sont ensuite déduits les coûts d’impression.
Que faut-il surveiller ?
- Les auteurs peuvent ne pas investir suffisamment d’argent ou de temps pour produire un livre de qualité et en faire la promotion.
- Ils peuvent ne pas avoir l’expérience nécessaire pour savoir comment produire un livre de qualité.
- Il est difficile d’obtenir l’attention des médias ou de vendre en librairie, à moins d’être connu.
Quand préférer l’autoédition à l’édition à compte d’auteur ?
- Vous avez l’intention de publier plusieurs livres et d’en vivre sur le long terme.
- Vous vous investissez dans le marketing, la promotion, la construction d’une plateforme et le développement d’une audience pour vos livres sur le long terme.
Publication sociale
Qu’est-ce que c’est ?
- Vous écrivez, publiez votre travail sur une plateforme publique ou semi-publique, directement aux lecteurs.
- Vous gérez votre publication et la poursuivez selon vos envies, et presque toujours sur une base non exclusive.
- Vous recevez des retours de vos lecteurs et développez votre audience, mais engendrez rarement des ventes ou un revenu.
Les avantages pour l’auteur
- Permet à l’auteur de développer un lectorat tout en apprenant à écrire.
- Les auteurs populaires sur ces plateformes communautaires peuvent se voir proposer un contrat par une maison d’édition traditionnelle.
- De nombreuses plateformes populaires incluent des méthodes de monétisation, telles que les pourboires/dons, le partage des revenus publicitaires, et des options de contenu premium pour les lecteurs qui paient.
Les principales catégories
- Publication en feuilleton : les lecteurs lisent par chapitres et donnent des retours qui peuvent aider les auteurs à s’améliorer. Permet d’établir une communauté de fans et/ou d’avoir une connexion directe avec les lecteurs. La publication en feuilleton peut servir d’outil marketing pour d’autres œuvres déjà achevées. Exemples : Wattpad, L’Atelier des Auteurs, Webtoon.
- Fanfiction : vos histoires sont basées sur l’univers et les personnages d’un autre auteur. Il peut être difficile de monétiser la fanfiction, car cela peut constituer une violation du droit d’auteur. Exemples : Fanfiction.net, Archive Of Our Own, Wattpad.
- Réseaux sociaux, newsletters et blogs : tous types d’auteurs utilisent des plateformes populaires pour partager leurs œuvres et établir un lectorat. Exemples : Substack, Instagram, TikTok, YouTube.
- Patronage : les lecteurs paient régulièrement pour avoir accès à votre contenu. Parmi les plateformes populaires, on retrouve Ko-Fi, Patreon et Substack.
Cas particuliers
Amazon Publishing
Amazon Publishing publie de la fiction grand public en français depuis 2015, et leur catalogue compte une centaine d’ouvrages d’auteurs français et étrangers. Les titres d’Amazon sont principalement vendus sur Amazon ou lus via Kindle Unlimited.
Maisons d’édition numériques
Il existe des maisons d’édition qui, indépendamment de leur taille, ne font que du numérique. Elles n’offrent pas ou peu d’avances et ne font pas de distribution. Parfois, il y a peu de différences avec l’autoédition.