Proposition pour une édition participative

Nous autres auteurs aspirants prenons du plaisir à vilipender Le Système. Mais le problème n’est pas vraiment les maisons d’édition (enfin…) ni les éditeurs qui y travaillent (quoique…) ni les lettres de refus qui ne nous sont d’aucune aide. Le problème, c’est notre nombre. C’est que nous avons tous quelque chose à dire, une histoire à raconter. Même s’il n’y avait que les meilleurs (comme moi ?), il n’y a tout simplement pas assez de maisons d’édition ou d’agents littéraires pour s’occuper de tout ce monde. L’édition traditionnelle est le barrage entre le magnifique lac d’auteurs et le vaste océan de lecteurs.

Mais avec l’avènement de vraies opportunités dans le monde de l’autoédition, ce barrage est sur le point de céder. Quand il aura cédé pour de bon, un déluge de livres déferlera dans l’océan de lecteurs. Pour continuer dans la métaphore, nous aurons les bars, les saumons et les truites de base (y compris ceux qui étaient bloqués par le barrage avant) mais nous aurons aussi le poisson-chat (y a des gens qui aiment ça), la langouste (idem), les mollusques (no comment), les larves, quelques branches (hein ?) et des roches.

Sans oublier la boue : une fois qu’il aura cédé, le barrage va apporter plein de boue. Ça va freiner notre pêche pendant quelques temps. Si vous ne savez pas faire la différence entre un bar et une roche, vous risquez de finir affamé. Donc la question est comment enlever la boue et attirer les bons poissons vers le haut, là où ils seront faciles à pêcher ?

La réponse est : l’édition participative.

On retourne à notre métaphore ? Non ? OK, on laisse tomber la métaphore. La réalité est elle-même assez métaphorique comme ça.

Notez que je n’y connais rien en pêche mais j’ai joué à Stardew Valley.

À ce jour, il n’y a pas de succès plus éblouissant, de meilleur exemple en matière de site participatif que Wikipédia. C’est l’origine du modèle participatif. La connaissance emmagasinée y est impressionnante. On y trouve même une belle définition de production participative.

Alors comment ça fonctionnerait l’édition participative ?

  • On aimerait que soit ouvert et transparent.
  • Que ce soit financièrement indépendant.
  • Que ce soit le plus inclusif possible. Il y aurait des outils disponibles permettant aux centaines de sites d’édition/d’écriture/de lecture existants de devenir affiliés avec la possibilité de prendre part à l’activité.

Il y aurait trois objectifs à ce site :

1. Publier et vendre des livres de grande qualité.
2. Créer un site d’évaluations et de classement.
3. Permettre aux gens qui participent de recevoir une petite contrepartie financière.

Ce site offrirait la possibilité d’adhérer et de devenir membre à ceux qui le voudraient. Chaque membre pourrait avoir la possibilité de participer à un projet d’édition dans un ou plusieurs rôles. Tous ces rôles n’auraient qu’un seul et même but : amener une histoire à être publiée. Chaque personne impliquée dans un projet recevrait un revenu tiré de la vente du livre. Ces rôles et les pourcentages de revenu qui leur seraient attribués pourraient ressembler à ça :

  • auteur : 65%
  • site : 15% (pour le faire tourner, promotion des livres, impression des livres)
  • chroniqueur/contributeur : jusqu’à 20% (s’entendre au préalable, si l’auteur veut partager son pourcentage avec le chroniqueur, libre à lui)
  • éditeur : jusqu’à 20% (s’entendre au préalable, si l’auteur veut partager son pourcentage avec le chroniqueur, libre à lui)

Chaque membre s’enregistrerait pour le ou les rôles qu’il souhaiterait tenir. L’auteur monterait une équipe avec tous les rôles nécessaires à la publication du livre. Chaque membre de l’équipe gagnerait des points de réputation en fonction des ventes du livre et des notes données par les autres membres de l’équipe.

Au fur et à mesure des projets et des rôles tenus, la réputation augmenterait ou diminuerait. Cela signifierait que quelqu’un pourrait avoir une bonne réputation en tant que chroniqueur mais une mauvaise réputation en tant qu’éditeur. Plus la réputation serait bonne et plus la personne serait demandée. Avec le temps, les gens devraient s’améliorer et le prix du livre serait fixé en fonction de la réputation des membres de l’équipe qui auraient travaillé dessus.

Une fonctionnalité vitale du site serait de rendre les livres faciles à trouver. Les gens devraient pouvoir chercher par auteurs, éditeurs, critiques, chroniqueurs, classements, genres, ventes et mots-clés.

Évidemment, le diable est dans les détails mais un site de ce genre pourrait aider à améliorer la qualité des livres autoédités. Ça permettrait également à toute personne passionnée de se faire un peu d’argent. Et je crois le système juste. On fait céder le barrage, on enlève la boue et les bons poissons sont facilement repérables.

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ça vaut la peine d’essayer ? Y voyez-vous des failles ? On en discute dans les commentaires ?

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
En savoir plus.

Articles: 262

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *