À certains moments de la vie d’un auteur, engager un éditeur est une très bonne idée : avant de cliquer sur « publier » un livre autoédité ou quand vous rompez avec quelqu’un par mail et que vous voulez que les choses se passent bien.
… Je plaisante. Vous n’avez pas besoin de rédiger vos mails de rupture avec autant de soin. (D’ailleurs, pourquoi rompre par mail ? Par SMS, c’est vraiment plus facile).
Mais s’il est agréable de pouvoir s’offrir un travail éditorial, ça ne signifie pas que vous devriez y recourir chaque fois que vous avez besoin de faire briller un texte. Une telle approche revient à gaspiller de l’argent et à perdre l’occasion de mettre en pratique vos compétences. Pourtant, vous seriez surpris de voir combien de personnes le font et combien d’autres le conseillent.
Il existe de nombreuses bonnes raisons de faire appel à un éditeur, mais il y a aussi des arguments valables pour attendre plus tard, voire pour ne pas y avoir recours. Même si un travail éditorial semble être une bonne idée, voici quelques exemples de situations où il est préférable de ne pas dépenser d’argent et de faire cavalier seul.
Quand la situation ne l’exige pas
Identifier les situations qui ne nécessitent pas un travail éditorial et qui conduiront très probablement à un gaspillage d’argent peut être plus difficile que ce que vous pensez. Voici quelques-unes des situations les plus courantes :
- Quand vous terminez le premier jet d’un livre et que vous avez vraiment besoin de le retravailler vous-même.
- Quand vous souhaitez mettre de l’ordre dans un roman ou un ouvrage de non-fiction pour vos bêta-lecteurs.
- Chaque fois que vous publiez un article sur le blog de quelqu’un d’autre.
- Quand c’est juste pour l’école ou le travail. (Oui, en Amérique du Nord les gens paient d’autres personnes pour retravailler leur texte dans ce contexte.)
- Quand vous venez de terminer un ouvrage et que vous ne l’avez pas relu vous-même plusieurs fois.
- Quand vous faites appel à un éditeur uniquement pour paraître sophistiqué, impressionner un agent littéraire ou donner un coup de pouce supplémentaire à votre travail. En général, ça ne sert pas à grand-chose si le travail ne peut pas se suffire à lui-même.
Et puis, les éditeurs « professionnels » n’améliorent pas toujours votre travail. Peut-être engagez-vous un ami qui fait ça gratuitement (c’est souvent signe d’amateurisme), quelqu’un d’un site de services freelances à bas prix ou un éditeur autoproclamé et sans formation adéquate. Ces personnes, bien que généralement bien intentionnées, vont souvent nuire à votre travail. Dans de telles situations, faites-vous confiance et gardez votre argent.
Quand votre travail n’est pas près d’être achevé
Chaque fois que vous soumettez un texte susceptible d’être modifié en profondeur, ne payez pas pour un travail d’édition. L’exception à cette règle est le manuscrit. S’il est retenu, il sera certainement retravaillé, probablement au point d’être méconnaissable. Néanmoins, c’est essentiel de faire bonne impression dans cette situation et la dépense est justifiée.
Quand vous n’avez pas encore laissé votre travail respirer
Ce n’est pas au moment où vous terminez la rédaction d’un roman que vous devez l’envoyer à un éditeur. Vous êtes fatigué, trop attaché à votre prose, votre objectivité est compromise.
En d’autres termes, votre travail n’est probablement pas aussi bon que vous le pensez. Si vous payez un éditeur maintenant, vous gaspillez de l’argent, car vous n’êtes probablement pas encore à mi-chemin. Ne commettez pas l’erreur de soumettre votre travail dès qu’il est terminé ; patientez.
Ne commettez pas non plus l’erreur d’attendre un certain temps avant de vous y replonger. Un regard neuf n’est pas garanti après la période de repos souvent recommandée de deux semaines, et il n’est pas nécessaire d’attendre aussi longtemps pour qu’il le soit. En fait, je préfère effectuer plusieurs séries de révisions à quelques jours d’intervalle. Pour moi, attendre trop longtemps diminue considérablement l’intérêt que je porte à un article. Si j’attends trop, un article que j’avais vraiment, vraiment hâte de publier peut devenir aussi intéressant que de brosser les dents de mes enfants. Cette passion perdue nous coûte, à nous auteurs, encore plus cher qu’une révision professionnelle, alors quand vous vous sentez prêt et enthousiaste, remettez-vous au travail.
Quand vous pouvez le faire vous-même
Encore une fois, ça peut sembler évident… nous sommes tous de supers auteurs, n’est-ce pas ? Nous savons quand nous avons besoin de l’aide d’un professionnel, sinon nous n’en utiliserions pas. Pas vrai ? Pas vrai ?!
En réalité, de nombreux auteurs, en particulier les débutants, ne sont pas sûrs de leurs compétences et veulent être rassurés par un « vrai » éditeur. En général, ce n’est pas nécessaire. Par exemple, vous êtes capable de vérifier seul les éléments suivants :
- Répétitions : peu importe à quel point vous trouvez cool un nouveau mot, ne l’utilisez pas plus d’une fois. Tout ce qui est inhabituel se remarque, surtout si vous l’utilisez à maintes reprises.
- Les mots que vous comprenez « à peu près » : si vous n’êtes pas sûr à 100 % de connaître le sens d’un mot, vous pouvez soit le chercher dans le dictionnaire, soit le remplacer.
- Les mots qui fatiguent le lecteur : même s’ils sont appropriés, ils peuvent être épuisants. Le concept d’intergouvernementalisation peut être exprimé en sept mots, n’hésitez pas à le faire.
- Insérez des mots techniques que vous n’avez pas expliqués : si vous devez utiliser du jargon, assurez-vous que votre lecteur sait ce dont vous parlez… même un lectorat très instruit et spécialisé peut rapidement se perdre avec trop de discussions techniques.
Vous êtes tout à fait capable d’analyser votre travail pour y déceler des tics verbaux. Par exemple, je suis terriblement, horriblement, prévisiblement encline à surutiliser les adverbes. Si vous en trouvez beaucoup, il peut être prudent de les revoir. En avez-vous vraiment besoin ?
Il en va de même pour les suggestions telles que « utilisez des adjectifs plus précis ». Vous pouvez facilement le faire vous-même : « Délicat » peut être plus descriptif que « fin ». « Fascinant » peut être mieux que « attirant ».
Et au lieu de payer quelqu’un, passez du temps à améliorer vos compétences d’édition. Apprenez tous les petits trucs qui améliorent la lisibilité et l’impact de vos écrits.
Mais … sachez quand payer un bon éditeur
Cela dit, un éditeur est, à terme, nécessaire pour les livres destinés à être publiés. Ça signifie que vous devriez engager un éditeur pour votre manuscrit avant de l’autopublier. Quand le moment est décisif, faites appel à des professionnels et ne lésinez pas sur les moyens. Votre travail n’en sera que meilleur ; raison de plus pour garder votre argent en vue du moment opportun.
En attendant, ne craignez pas la bête de la révision. Plus vous améliorerez vos compétences en matière de révision, plus vous aurez confiance en vous et plus votre compte en banque se portera bien.
Oh, et n’hésitez pas à m’envoyer vos mails de rupture pour que je les retravaille pour vous. Je fais ça gratuitement. 😏