Rocambole : un nouvel effort pour les séries littéraires

Le 27 septembre dernier, Rocambole a officiellement fait son apparition sur l’App Store. C’est une application qui propose de lire des séries littéraires sur smartphone par épisode de 5 minutes. Pour un abonnement de 4,99 € par mois, le lecteur a accès a plus de 50 séries littéraires.

Les séries littéraires, le concept n’est pas nouveau mais de nos jours les auteurs ne peuvent pas en vivre en dehors d’une infrastructure en place pour les soutenir. Presque six mois après le lancement de Rocambole, pensez-vous avoir changé la donne ?

Je pense que le problème est plus profond. Le monde de l’édition est tout d’abord en profonde mutation ce depuis plusieurs années, notamment grâce au web. En effet, la montée des technologies a permis à de nombreuses personnes de partager leur contenu, ce qui est magnifique. Néanmoins, le résultat c’est qu’il y en a maintenant beaucoup plus et le début du web a primé la gratuité des contenus. Aujourd’hui cela doit changer, nous devons offrir du contenu de qualité mais permettre la rémunération des auteurs.
Malheureusement, comme toute entité en mutation, je pense que le chemin est encore long et c’est notre défi de tous les jours. Mais nous sommes fiers d’ajouter notre pierre à l’édifice et participer à ce changement dans le paysage éditorial. Et ainsi encourager la création rémunérée, et modifier l’idée qu’un écrivain ne doit pas gagner d’argent. C’est un métier et les auteurs & les autrices doivent aussi subvenir à leurs besoins.

J’ai déjà lu ici et là que les « vrais » auteurs de séries littéraires ne font pas ça pour l’argent. Autrement dit, de nos jours, les séries littéraires « authentiques » (comme en Asie avec les romans pour smartphone ou comme dans les fanfictions) n’existent que pour le bien d’une communauté plus que pour le revenu. Vu sous cet angle, une approche bien carrée d’entreprise semble tuer l’essence même de la série littéraire. Qu’en pensez-vous ? (Je me fais l’avocat de diable, là.)

Alors nous avons deux références toute à fait différentes. Rocambole est né du roman-feuilleton du XIXe siècle qui paraissait dans les journaux. De grands noms y ont écrit, sous forme d’épisodes notamment pour gagner de l’argent car leurs livres ne rapportaient pas assez.
Et cela a permis deux choses géniales :
• rémunérer décemment les auteurs ;
• et rendre accessible la littérature à tout le monde (car pour rappel à l’époque le livre de poche n’existait pas encore, la littérature était réservée à une élite).
Pour l’anecdote, Rocambole tire son nom du personnage des Drames de Paris écrit par Ponson du Terrail publié dans La Patrie. Ces aventures à rebondissement étaient tellement suivies qu’un nouvel adjectif est rentré dans le vocabulaire français : rocambolesque.
Donc c’est dans cette veine et avec exactement les mêmes valeurs que nous avons créé Rocambole.
Effectivement, si l’on se place sous le prisme asiatique nous sommes peut-être à contre-courant. Néanmoins, quand bien même, si nous prenons l’exemple de YouTube, au début, ceux qui publiaient des vidéos ne s’attendaient pas à être rémunérés et en faire leur métier. Donc question ouverte, peut-être est-ce à la profession de saisir les opportunités et de mettre en valeur les créateurs ?

L’abonnement à Rocambole coûte 4,99 € par mois. J’imagine que ça ne doit pas être facile de rémunérer tout le monde à ce prix. Est-ce que le prix de l’abonnement est voué à augmenter ou y aura-t-il d’autres sources de revenus (j’ai vu que vous refusez la pub, je pense plus à l’impression de compilation par exemple).

En effet, Rocambole vise un effet de masse comme sur presque toutes les entreprises basées sur le web.
Concernant le prix, c’est difficile de répondre à cette question car je n’en ai aucune idée. Pour l’instant c’est ce qui nous semble juste par rapport à la proportion de notre catalogue et pour les lecteurs. Peut-être que cela sera amené à évoluer dans le futur mais pour l’instant c’est difficile de se prononcer.
Bien sûr, nous avons d’autres idées pour rémunérer nos auteurs : comme la vente des droits audiovisuels ou des partenariats avec des maisons d’édition.

J’ai fait quelques recherches sur les séries littéraires et il m’est apparu clairement que les lecteurs de séries ont des profils divers et variés. Certains lisent les séries dès leurs sorties, d’autres attendent que tous les chapitres aient été publiés et d’autres encore réclament une version papier une fois la publication finie. Est-ce que Rocambole vise tous ces profils de lecteurs ou un seul segment ?

Tout à fait, vous savez, pour n’importe quel produit ou service chaque utilisateur ou lecteur à un bagage différent, donc il va utiliser le service de manière unique. Notre défi c’est de prioriser les besoins de tous nos utilisateurs, et leur permettre d’utiliser le service comme ils le veulent.
Nous pouvons pas nous adresser à tout le monde, car s’adresser à tout le monde c’est ne s’adresser à personne. Mais nous pouvons faire converger des segments d’utilisation.

Et enfin beaucoup d’auteurs estiment qu’une série littéraire est un outil marketing (pour se faire remarquer, faire fonctionner le bouche à oreille avant la sortie d’un livre). Mais je ne pense pas que Rocambole ait été lancée dans cette philosophie, si ?

Effectivement non. Bien que ce soit très intéressant, nous voulons promouvoir le genre en lui-même.
Nous aimons son format, court et actuel qui le rend accessible. La littérature en série est un genre à part entière qui possède ses propres codes et contraintes littéraires. C’est pourquoi, nous voulons en être les spécialistes, et offrir à nos lecteurs des séries littéraires de qualité conçues pour la lecture sur écran.


Que pensez-vous des séries littéraires ? En lisez-vous ou êtes-vous prêts à essayer ? Dites-moi ce que vous en pensez en commentaires.

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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Publications: 260

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