Vend-on vraiment des livres sur les réseaux sociaux ?

On conseille souvent aux auteurs débutants qui s’apprêtent à signer un contrat d’édition et/ou à sortir un livre de créer un compte Twitter, une page Facebook ou [insérer le nom d’un réseau social ici]. Pourquoi ? Pour promouvoir leurs livres, bien sûr.

Ça soulève de suite un problème. Si l’auteur n’est pas déjà actif sur les réseaux sociaux de sa propre initiative, il s’y met dans l’état d’esprit de promouvoir son livre. Et il peut n’avoir aucune idée de ce que ça implique au-delà de demander aux gens d’aimer sa page et de le suivre.

Personne n’aime faire sa pub sur les réseaux sociaux. Et les gens n’aiment pas non plus qu’on leur agite de la pub sous le nez. Ça empoisonne tout le monde.

Là, vous allez me dire : OK, ça on le sait, dis-nous quelque chose de nouveau plutôt.

Et pourtant les auteurs continuent d’utiliser les réseaux sociaux pour implorer les gens de leur donner de l’attention, d’acheter leurs livres ou de les suivre. Malheureusement, demander de l’attention sur les réseaux sociaux est la meilleure façon de ne pas en recevoir. Sauf de la part de ceux qui vous adorent déjà ou se sentent obligés de vous soutenir.

Voici une meilleure alternative à la mendicité. Quand vous développez une campagne promotionnelle pour un nouveau livre, la première chose que vous devriez faire est de lister toutes les personnes qui achèteront votre livre sans que vous ayez à leur demander et qui parleront de vous autour d’elles.

Ce sont ceux à qui vous allez envoyer un message personnalisé. Ceux qui vous donnent déjà toute leur attention. Ce sont vos relations les plus précieuses, des relations que vous chérissez certainement. Demandez-leur de vous aider dans la mesure du possible pendant votre campagne promotionnelle, en fonction de leurs points forts ou de leurs réseaux.

Ne prenez pas l’habitude de lancer un appel général pour demander à des inconnus leur aide et leur attention. Gardez ce genre de messages pour ce que veulent savoir ces inconnus. (Par exemple : « Mon e-book est en promo jusqu’à mercredi. ») Après avoir fait votre annonce, retournez à vos messages habituels. Vidéos de chats, astuces de jardinage ou photos de bières… Bref, ce que vous avez l’habitude de poster. C’est la raison pour laquelle les gens aiment vous avoir dans leur fil d’actualité ou timeline.

Ce que je dis là ne doit pas vous empêcher de contacter des influenceurs qui n’ont peut-être jamais entendu parler de vous. Ça fait aussi partie du jeu. Mais encore une fois, vous devriez envoyer un message personnalisé si vous souhaitez un peu de leur temps ou leur énergie en retour. Leur attention vous est précieuse ; pour eux, c’est celle de leur audience qui compte. Vous devez leur montrer que vous êtes digne de leur attention dans votre message.

Donc je viens d’exposer rapidement deux façons de communiquer efficacement :

1. Les messages personnalisés aux personnes de votre entourage qui achèteront votre livre sans que vous ayez à le demander.
2. Les messages personnalisés aux influenceurs qui ont une audience que vous souhaiteriez toucher.

Est-ce que ça veut dire que les auteurs ne devraient jamais promouvoir leurs livres sur les réseaux sociaux ? Non. Mais en général, il devrait y avoir une stratégie bien spécifique ou une bonne raison pour poster un message de « vente agressive » sur vos réseaux sociaux. Ça peut être pour annoncer une nouvelle (le livre est en vente dès aujourd’hui !) ou une offre spéciale par exemple.

Les réseaux sociaux sont surtout une affaire de « vente discrète » quand on parle d’auteurs et de livres. Mon expérience me fait dire que le meilleur marketing possible se concentre sur la construction et la solidification des relations des points 1 et 2. C’est ce qui aura un vrai impact lors de la sortie d’un livre. Il est plus facile d’approcher quelqu’un avec qui on a une relation amicale ou quelqu’un avec qui on interagit depuis des mois ou des années que de parfaits inconnus. C’est particulièrement vrai pour les auteurs qui ne peuvent pas se rendre aux événements littéraires et qui donc ne peuvent pas construire ces relations IRL. Pour eux, les réseaux sociaux sont précieux. Ils sont aussi particulièrement utiles pour les introvertis qui eux aussi pourrait avoir du mal à construire des relations IRL.

Donc oui, vous pouvez vous servir des réseaux sociaux pour promouvoir votre livre mais essayez de ne pas être racoleur. À la place, évertuez-vous à aider les autres. Par exemple, j’ai tweeté récemment ma crainte de devoir sortir de chez moi en cette période trouble. Quelques uns de mes contacts a pris le temps de me répondre pour partager mes craintes et me rassurer. Est-ce que je me souviendrai de ces personnes ? Bien sûr. Est-ce qu’elles espèrent me demander une faveur en retour ? Sûrement que non mais si elles le font, nous avons les bases d’une belle relation d’entraide. Je me souviens aussi des personnes qui commentent régulièrement mes articles ou celles qui écrivent intelligemment sur des sujets qui m’intéressent. Je me souviens des personnes qui discutent avec moi sur Twitter. Et cetera. Les réseaux sociaux vous aident à construire des relations basées sur la confiance et l’entraide.

Ça ne veut pas dire que vous et moi devons obtenir quelque chose de nos relations pour que ça vaille la peine de passer du temps sur les réseaux sociaux. Mais voici une bonne question à se poser si vous vous attendez à en tirer quelque chose ou quand vous allez demander de l’attention ou des faveurs dans cet espace public : respectez-vous le temps et l’attention des gens ?

Je serais heureuse de lire vos avis dans les commentaires.

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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2 commentaires

  1. Bonjour Coralie,

    D’abord juste une petite remarque : il est difficile d’écrire sur cet espace commentaire car les caractères apparaissent en gris très clair sur fond blanc.

    Ensuite une question que je pose souvent aux femmes qui écrivent : où est passé le joli mot « romancière » ? On ne le lit plus sous aucune « plume » actuelle. De même que sont devenus les « heures de discussions animées » qui ont été remplacées par le presque commercial « temps d’échange ». Faut-il lancer des « alertes disparition » de ces mots ? ?

    Mais trêve d’ironie : votre blog est très intéressant. Il pose avec franchise des questions qui semblent terre à terre, mais sont d’importance pour qui se lance dans l’écriture, l’auto-édition, ou veut atteindre le nirvana inaccessible de l’édition traditionnelle.

    Je reviendrai vous lire dès que la vie quotidienne me « bouffera » moins de temps

    • Merci d’avoir pris la peine de laisser un commentaire malgré ce problème d’affichage, Ana Maria ! On me l’a déjà fait remarquer et je laisse honteusement traîner par manque de temps.
      Sinon, j’aime beaucoup le mot « romancière » moi aussi. Peut-être que la prochaine fois que vous passerez par là, j’aurai changé « auteur » pour « romancière » ?
      Au plaisir de vous revoir quand vous en aurez le temps !

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