Comment réagissez-vous aux critiques sur votre travail ?

Les auteurs qui reçoivent des critiques, constructives ou non, ne les oublient presque jamais. J’ai déjà eu l’occasion de parler de critiques qu’on reçoit parfois d’auteurs ou lecteurs inexpérimentés dans cet article. Mais qu’en est-il quand la critique vient d’un professionnel expérimenté ?

Imaginons que le professionnel en question est prudent, et qu’il peut offrir des commentaires utiles et sans mauvaise foi, bref qu’il s’agit d’une évaluation précise et juste des forces et des faiblesses de votre travail, au moins du point de vue du marché.

Les auteurs, s’ils font confiance au professionnel, réagissent généralement de quelques manières clés. Rechercher la façon dont vous réagissez peut vous aider à comprendre si vous tirez le meilleur parti des commentaires qu’on vous fait ou si vous sabotez involontairement vos progrès.

1. Vous défendez votre travail.

C’est la réaction type de l’auteur inexpérimenté, qui se hérisse et cherche à défendre son travail ou à excuser ses faiblesses.

Mais il existe des moyens plus subtils de défendre son travail sans avoir l’air d’être sur la défensive. L’auteur peut faire valoir qu’il essaie d’aller à l’encontre des règles ou de briser le moule de ce qui se fait habituellement. Son travail est plus éclairé, car il ne suit pas aveuglément les traces de toutes les autres œuvres médiocres, ou parce qu’il pense être l’exception à la règle.

L’auteur peut aussi citer d’autres avis positifs qu’il a reçus. « Mon groupe d’écriture adore mon travail » est une défense courante. Ou encore : « J’ai travaillé avec un autre éditeur ».

Il est tout à fait normal de penser à toutes les raisons pour lesquelles les critiques peuvent être erronées. (Et c’est une bonne chose, car toutes les critiques ne sont pas utiles.) Mais vous devez également prendre en compte les éléments qui prouvent qu’elles peuvent être justifiées.

2. Vous vous empressez d’apporter des modifications.

Certains auteurs font exactement le contraire de défendre leur travail : ils cherchent immédiatement un moyen de résoudre le problème. Et ils essaient de le faire dans les 24 heures qui suivent. Ça peut être aussi problématique que d’ignorer les critiques, car ça entraîne des changements cosmétiques qui n’affectent pas vraiment la qualité du travail.

C’est la raison pour laquelle il existe tant de prologues dans les manuscrits non publiés. À un moment donné, le premier chapitre de l’auteur a été critiqué. La solution : ajouter un prologue ! Mais les solutions faciles ou rapides ont tendance à avoir un taux d’échec élevé.

J’ai fait ce genre d’erreur. Fin 2019, j’ai été contactée par une maison d’édition en vue de publier Le Jardin secret de Marie. Mais il y avait plusieurs choses à corriger dans le manuscrit. À ce moment-là, j’étais enceinte de 6 ou 7 mois. J’ai voulu à tout prix corriger le manuscrit avant d’accoucher et je me suis dépêchée. Résultat : la nouvelle version était pire que la première. Fin de l’aventure.

Un retour d’information de qualité peut conduire à une révision à grande échelle. De tels changements peuvent rarement être effectués du jour au lendemain ni en une semaine ou un mois. Si vous tirez sur un fil de votre histoire, ou si vous réexaminez quelque chose d’aussi simple que votre première page, vous vous retrouvez soudain avec une réécriture sur les bras. Mais certains auteurs n’ont ni la patience ni les tripes pour ça.

3. Vous demandez un deuxième avis.

Ce n’est pas une mauvaise idée, à condition que vous ayez le temps et les ressources (le budget et/ou les relations) nécessaires. Mais ça peut faire peser sur d’autres personnes (qui ne sont peut-être pas appropriées) la responsabilité de trouver la meilleure façon de faire avancer votre travail. Sachez reconnaître les situations dans lesquelles vous sollicitez un deuxième avis parce que vous avez besoin de plus de clarté ou de dialogue (car il est toujours utile de discuter de ces questions), et celles dans lesquelles vous essayez de faire en sorte que quelqu’un d’autre prenne les décisions difficiles à votre place. Évitez de rapporter votre deuxième (ou troisième…) avis à la première personne qui vous en a donné. Elle n’est probablement pas intéressée par une discussion ou par la défense de sa position ; en fin de compte, c’est vous qui décidez de ce qui est le mieux pour votre travail.

4. Vous laissez reposer les commentaires pendant quelque temps.

J’ai parfois entendu des auteurs dire que quand ils reçoivent des critiques qui les fâchent ou les contrariaient, ils les mettent immédiatement de côté et n’en tiennent pas compte. Puis, après une semaine ou deux, ils y reviennent et constatent que la plupart des commentaires étaient justifiés.

Que vous réagissiez au feedback avec sérénité ou avec colère, il est toujours sage de les mettre de côté pendant quelques jours avant de prendre des décisions importantes à son sujet, ou même d’y répondre. Donnez-vous le temps de digérer et de laisser les émotions se dissiper. Vous aurez ainsi le recul nécessaire pour prendre la meilleure décision pour votre travail.

5. Vous abandonnez ou passez à autre chose.

Si la critique est décourageante ou accablante, on a parfois envie de la fuir. Et fuir peut signifier abandonner le projet, temporairement ou définitivement.

Des choses bien pires peuvent se produire. Il arrive qu’on ne soit pas prêt à terminer les projets commencés et qu’on doive y revenir à un autre moment. Il n’y a pas de honte à ça.

6. Vous posez des questions.

Pour chaque critique reçue, qu’elle soit positive ou négative, il y a eu un million de choix qui ont été faits pour y arriver. Certaines choses n’ont pas été dites, certains sujets n’ont pas été développés. Mais ils pourraient l’être. Il suffit de demander, en particulier quand vous pensez : « Bon sang, j’aimerais en savoir plus sur ce sujet ».

Après un feedback décourageant, un bon suivi consiste toujours à demander : qu’est-ce que je fais de bien et sur quoi je peux m’appuyer ? Les auteurs s’appuient sur leurs points forts, et c’est important de savoir quelles parties de votre travail méritent d’être conservées.

Dites-moi dans les commentaires : quelles sont vos stratégies pour améliorer votre travail à l’aide des critiques ?

Coralie Raphael
Coralie Raphael

Je parle beaucoup d'auto-édition et essaie d'aider les auteurs à comprendre dans quoi ils mettent les pieds. Parfois j'écris aussi des livres.
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